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Rappelez-vous : Les Dossiers de l’Ecran

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Quand on a comme nous la prétention de parler du vintage, et du lien qu’il opère en permanence avec nos sociétés contemporaines en mal de créativité, et inquiètes de leur avenir, on ne peut ignorer la télévision et l’impact qu’elle a eu sur la mémoire collective. Une émission en particulier a marqué tous les esprits des quinquas et sexagénaires : Les dossiers de l’écran.
Souvenez-vous, vous deviez avoir entre 7 et 15 ans, l’émission était diffusée sur la 2e chaîne : Antenne 2 chaque mardi soir. Le lendemain il n’y avait pas école alors certains parents permettaient à leur progéniture de regarder le début de l’émission. On arrivait en pyjama, allongés sur la moquette du salon ou blottis dans un canapé et on attendait fébrilement le générique de début. Enfin la musique arrivait, inoubliable, terrifiante et anxiogène comme aucune autre. Et puis, il y a avait les parents plus stricts, pour qui visionner les dossiers de l’écran ne fût-ce que le début, était tout à fait hors de question, un enfant ne devait pas regarder ce programme. Alors pour tous ceux qui ont connu ça, et j’en fais partie, rappelez-vous tous les efforts dont nous redoublions pour arriver à se cacher dans l’entrée du salon, et visionner en cachette ce qui, à l’époque, nous terrorisait jusque dans notre lit au moment de se coucher.

Cette musique, terrible, angoissante, avait été sélectionnée par le créateur et producteur de l’émission : Armand Jammot. A l’époque, le budget des dossiers de l’écran était très limité, et il était exclu de composer une musique uniquement pour ce programme du mardi soir. Alors, Armand Jammot décida de faire une sélection de musiques, et il en écouta plusieurs. Vint le tour du concerto « Spirituals for string and orchestra » composé par un pianiste prodige américain ; Morton Gould. Le morceau écouté en particulier s’appelait « Protest », Armand Jammot était immédiatement conquit. Inquiétante, triste et effrayante, la musique avait tous les ingrédients pour marquer les esprits et donner le côté sérieux de l’émission. Cette même bande-son a été reprise par le réalisateur Jean-Pierre Melville en 1969 pour habiller une scène terrible de son film « L’armée des ombres », où des prisonniers français doivent traverser un tunnel sous-terrain sous les tirs des soldats allemands, scène où Lino Ventura refuse de courir.

Le concept était simple : proposer un programme divisé en deux parties, chaque mardi soir. La première partie comprenait la présentation du thème, et la projection d’un film, et la seconde partie était un débat autour du thème du film. L’émission ne devait durer que 4 soirs, personne n’y croyait, elle a tenu presque 25 ans, entre le 6 Avril 1967 et le 6 Août 1991. C’est Guy Darbois, collaborateur d’Armand Jammot qui sélectionnait les films, les thèmes, et gérait le célèbre « SVP 11-11 », numéro qu’il fallait appeler pour poser, en direct, sa question aux invités.
Plusieurs présentateurs se sont succédés : Yves Courrière (1967-1968), Joseph Pasteur (1968-1975), Alain Jérôme (1975-1987), Charles Villeneuve (1987-1988), et Claude Sérillon (1988-1991).
Pourtant, c’est Alain Jérôme qui a le plus marqué les esprits. Peut-être parce qu’il avait cette implication personnelle dans les débats, son charisme naturel et cette capacité à recadrer dès que nécessaire le débat quand celui-ci devenait houleux, et cela arrivait souvent. Alain Jérôme avait cette capacité incroyable à gérer un plateau d’invités, sans pour autant entrer directement en conflit avec les gens. Il déclarait à l’époque :
«Les téléspectateurs n’aiment pas qu’un animateur coupe la parole à un invité. Quand je sentais qu’il serait judicieux de relancer le débat, quitte à interrompre un témoin, je me contentais de regarder un de ses contradicteurs et, d’un signe du menton dans sa direction, il comprenait, comme le font d’instinct les chiens, d’ailleurs, que je lui donnais l’autorisation de sauter sur son adversaire. Je faisais ensuite semblant de regretter cette altercation, mais la polémique était relancée.»

Tournée en direct, l’émission était d’autant plus délicate à gérer pour son animateur. Elle s’est arrêtée en août 1991 (elle était alors devenue mensuelle depuis 1982), dans des conditions un peu particulières. En effet, personne sur le plateau ne savait que ce 880e tournage était le dernier, pas même l’animateur. Il faut savoir qu’à l’époque, Les Dossiers de l’Ecran réunissaient chaque mardi jusqu’à 13 millions de téléspectateurs !

Monsieur Vintage vous propose de réécouter le générique de cette émission vintage, devenue culte :

1 commentaire

1 commentaire

  1. Framboise

    29/04/2021 at 18h01

    Ah oui,moi je me cachais derriere le rideau du salon pour regarder ! Nostalgie quand tu nous tiens…

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