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Entre vintage et actualité : rencontre avec l'actrice Stephane Bissot

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De retour d’un tournage au Maroc avec Vincent Lindon et Louise Bourgoin, l’actrice belge Stephane Bissot a pris le temps de répondre aux questions de Monsieur Vintage. Assis autour d’une table de « La Maroquinerie », dans le 20e arrondissement parisien, nous avons été éblouis par la pétillance de la femme, la passion de l’actrice et la joie de vivre d’une comédienne épanouie et heureuse, qui nous a fait partager son amour du cinéma. Marie Dubois par le regard, Andréa Ferréol dans la générosité, l’attitude, le sourire et le côté théâtral, Stephane Bissot dégage un charisme surprenant et attirant. « Madeleine » dans le dernier film de Fabrice Du Welz : « Alleluia » (sur les écrans à la rentrée), l’actrice s’est dévoilée pour Monsieur Vintage.
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Sergi Lopez, Julie Lopez-Curval, Bastien Bouillon, Ana Girardot, Stephane Bissot. Photo Bernard Brun©

Est-ce que le fait que Fabrice Du Welz ait tourné son film « Alleluia » sur pellicule 16 mm, « à l’ancienne », a influencé votre choix pour le rôle ?

Non pas directement, Fabrice pour moi est un réalisateur incroyable, il sait vraiment ce qu’il cherche, il est tout le temps dans sa vérité et ultra-consciencieux à tous les niveaux, tant au point de vue de l’image, que de l’histoire, sa construction ou le casting et le choix des partenaires. C’est quelqu’un de très juste, et très cohérent. Par conséquent, quand il m’a proposé de jouer Madeleine, un rôle plus important et consistant au scénario et tournage qu’il ne l’est dans le film, pour des raisons de narration, c’est évident que c’était oui. Je savais que ce film serait en pellicule (Fabrice Du Welz tourne essentiellement en pellicule NDLR), et j’adore tourner avec ce grain-là, plus émotionnel et plus sensuel. C’est un peu l’enfer pour le montage lorsque l’on tourne en numérique puisqu’on se retrouve avec des heures de rush, et le choix de couper doit se faire, ça rend la tâche moins compliquée sur pellicule. C’est une marque de « grands » que de travailler avec ce matériau-là.

Comment êtes-vous arrivée sur le rôle Stephane ? C’est Fabrice Du Welz qui vous a appelée ou vous êtes passé par un casting classique ?

Avec Fabrice on se connaît depuis des années. On s’est revu à l’avant-première d’un film à Bruxelles, je suis supporter du standard (club de foot de la ville de Liège : Stephane Bissot est la fille du footballeur Claude Bissot, avant-centre au Sporting de Charleroi dans les années 60) produit par la même boîte de prod’ de Fabrice : « La partie » qui organisait la soirée.
Fabrice m’a dit « Steph je travaille sur un projet de film et je suis en train de faire un casting, tu es libre ? ». Du coup je suis allé faire un essai. Il fallait savoir danser suavement puisqu’une scène d’ouverture du film se passait dans une boîte un peu chaude, dans laquelle je devais danser en ouverture. Une scène qui devait être lyrique et poisseuse à la fois, mais qui n’apparaît pas dans le film. Un drôle de « petit quart d’heure », déroutant, fascinant et plein de désir.

Stephane, aujourd’hui, pour vous, est-ce qu’il existe un film auquel il manque une suite ?

Moi je pense qu’au mot « FIN », un film est terminé. Je pars du principe que lorsqu’un réalisateur a décidé que c’était le final, ça s’arrête là. J’aime rester avec les questions que le film me pose, je n’ai pas forcément envie de continuer, c’est aussi la raison pour laquelle je n’aime pas les séries.
Bien sûr il y a des personnages que j’ai envie de retrouver. Chez David Lynch ça m’arrive souvent, ou des classiques comme Bourvil/De Funès, d’ailleurs certains réalisateurs l’ont bien compris et ont repris certains duos comme ça.

Au visionnage du film (au Forum des Images), j’ai été surpris par sa dureté. Un long métrage qui peut mettre mal à l’aise, lourd et très sombre. Ce n’est pas difficile de jouer dans un film aussi noir ?

Pour moi le film n’est pas lourd. Pour moi lourd c’est quand j’m’emmerde, le film n’est pas lourd parce qu’au moment où je pige que Gloria va vivre un enfer, ça devient plus un « running-gag », de l’humour très noir. Dans la première scène du film où je l’oblige en quelque sorte à rencontrer un homme, c’est déjà un peu comique. Ce qu’il y a de magnifique, c’est que le film explore les côtés les plus terribles que la passion peut engendrer. Qu’on ait le droit de « lâcher les fauves » au cinéma et être un peu à contre-courant des tendances actuelles, je trouve ça plutôt bien. Ce n’est pas un film moral, mais un film qui raconte les pulsions, l’émotion. Fabrice jongle bien avec le regard des personnages, et il met bien en exergue les troubles, failles et manques cachés des gens. La vie est bien plus folle que le film, et Fabrice le retransmet bien, jusqu’au mystique.

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Stephane Bissot et Sergi Lopez au Festival du Film de Cabourg 2014. Photo Bernard Brun©

Quel est pour vous le meilleur remake que vous aillez vu ?

Je ne vais rien dire de très malin parce que je n’ai aucun remake qui me vienne à l’esprit. Les diaboliques je n’avais pas aimé par exemple, je ne suis pas fan de remake ou de Biopic.

Y a-t-il un film que vous aimeriez refaire, si vous étiez réalisatrice ?

Non pas particulièrement.

Un rôle que vous auriez aimé tenir ? Ingrid Bergman dans « Casablanca » par exemple ?

Ça c’est un rôle extraordinaire, c’est comique que vous parliez de cette comédienne parce que la seule biographie que j’ai lue, c’est celle d’Ingrid Bergman ! J’adorais ce mélange de naturel, de sincérité et d’authenticité au milieu d’Hollywood. Quelque chose que j’aurais aimé faire c’est jouer dans un « green porno » d’Isabella Rossellini (rires).

Quel rôle avez-vous dans le film « Prêt à tout » avec Max Boublil, Aïssa Maïga et Patrick Timsit (réalisé par Nicolas Cuche) ?

Je suis une copine d’Aïssa, c’est une histoire d’amour entre Max et Aïssa, je tiens le rôle de la bonne copine. C’est l’histoire d’un gars qui a un poil dans la main quand il est étudiant, il devient riche et veut conquérir l’amour d’une fille qu’il a connue quelques années auparavant. Je suis la copine rigolote.

Existe-t-il un film pour vous, qui pourrait être le porte-drapeau du vintage ?

Si je pars du principe que le vintage est un millésime, quelque chose d’authentique, je dirais «Grease » avec Olivia Newton John et John Travolta. Parce que j’aime la danse, ou alors le film « Moonrise Kingdom » avec Bruce Willis et Edward Norton, réalisé par Wes Anderson, cette histoire de 2 gamins amoureux qui s’enfuient pour vivre leur amour. Je dirais plus ce film-là.

Quelle est votre actualité ?

Je viens de tourner un film au Maroc avec Vincent Lindon et Louise Bourgoin, je ne peux pas en dire grand-chose pour le moment parce qu’il n’est pas sorti, il a été réalisé par Joachim Lafosse et s’appelle « Les chevaliers blancs ». C’est la première fois que j’avais l’impression de me retrouver dans un western tourné par des français, avec des décors magnifiques. Le désert marocain peut se prêter à tout, et c’est ça qui est magique. Un décor qui permet beaucoup de choses.

Des projets ?

Oui bien sûr, je suis en train de tourner  dans « Engrenages », la série. Une réalisation intéressante, la cinquième saison. Je suis une grande fan de Woody Allen, et des films bourrés de vitalité. Je joue également le rôle de « Christiane » dans le prochain film de Julie Lopez-Curval : « Le beau monde« , avec Ana Girardot, Bastien Bouillon et Baptiste Lecaplain. Le film sortira en France le 13 août prochain.

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Marie Dubois par le regard. Photo : Michel Leroy©

Faire du camping façon rétro ça vous tente ?

Avec la tente et tout ? Camping sauvage en mobil-home j’adore ça, je l’ai déjà fait plusieurs fois, mais sortir la tente avec les piquets et tout non, je pense que j’ai passé l’âge (rires).

Y a-t-il un objet de votre enfance que vous aimeriez retrouver ?

Oui mais je l’ai toujours, je le garde précieusement : un petit cinéma, des lunettes dans lesquelles on voyait défiler des images, j’avais « Casimir » qui était génial, Blanche-neige, Gédéon, il est rouge et j’adorais cet objet. Il y a un volume, du relief et on est plongé dedans. Je conserve les objets de mon enfance, ma mère a gardé énormément de choses dans le grenier de ma grand-mère, et je prévois d’en donner à mes enfants si j’en ai un jour. Le jeu « piège » avec les billes à faire tomber dans les trous, j’aimais bien ça, les vieux ‘Trivial Poursuite » aussi.

Quel est pour vous l’acteur le plus vintage ?

J’ai envie de dire Sean Connery, parce qu’il traverse les époques et a marqué la pellicule d’un style bien à lui.

Qu’est-ce qui pour vous représente le plus le vintage ?

Les vieilles 2cv décapotables, la Renault 4 aussi est très vintage, en rouge ! Mais cette question est limitative, beaucoup d’objets sont vintage, certains papiers peints, le velours des fauteuils par exemple … La maison de ma grand-mère est très vintage, je la retape en ce moment et j’y retrouve beaucoup de choses vintage.

Quel est votre fantasme vintage ?

J’aimerais que les voitures redeviennent ce qu’elles étaient, avec des formes, une gueule. Au cinéma, je trouve qu’on ne doit absolument pas renoncer à la pellicule, et que les salles de cinéma devraient posséder 2 projecteurs, dont un pour pellicules. Un autre fantasme serait de retrouver les charmants pompistes qu’on avait à une époque, dans les stations-service, ils nous faisaient le niveau d’huile et apportaient un vrai service qui n’existe plus.

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Stephane Bissot et Lola Duenas – Photo : Kris Dewitte©

Une couleur ?

Le bleu

Une musique ?

La musique de Bach.

Une chanson ?

L’orage de Georges Brassens.

Un film ?

Il y en a plein. « L’important c’est d’aimer » de Zulawski avec Romy Schneider. Sinon, rien à voir mais « La Boum », dans un autre registre (rires) et « Spartacus », je rêverais de jouer dans un Péplum !

Une fleur ?

La violette !

Stephane, quel premier grand rôle aimeriez-vous tenir ?

Evidemment une femme complexe, j’aimerais tourner avec Michael Haneke. S’il y a des parcours d’actrices qui me passionnent c’est celui de Cate Blanchett par exemple ;  jouer l’héroïne journaliste qui infiltre l’IRA, j’adore ce genre de rôle, Kate Winslet aussi. Pour moi Romy Schneider est la plus grande, elle est fantastique, c’est la quintessence du jeu, cette femme est dans le vrai en permanence, d’une beauté inouïe et en même temps elle ne ressemble à personne.

Interview réalisée par Philippe Pillon et Claude Petrolesi.

Un extrait de la série belge « Melting Pot Café » dans laquelle Stephane tient le rôle principal : Mme Astrid, aux côtés de Tsilla Chelton (photo d’entrée sur la vidéo : Michel Leroy©)

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