La cravate : symbole d’élégance en déclin
La cravate, cet accessoire longtemps indissociable de l’élégance masculine, semble aujourd’hui vivre ses dernières heures de gloire. Si elle a incarné pendant des siècles le raffinement, l’autorité et le sérieux professionnel, elle subit depuis quelques années un net recul. En cause : la pandémie de Covid-19, la généralisation du télétravail et l’évolution des codes vestimentaires dans l’entreprise. Retour sur l’histoire d’un symbole vestimentaire qui a perdu de sa superbe.
Des origines militaires à l’icône d’élégance
L’histoire de la cravate remonte au XVIIᵉ siècle. Elle trouve ses racines dans les régiments croates enrôlés dans l’armée française sous Louis XIII, qui portaient autour du cou un foulard noué. Ce “croate” deviendra “cravate” par déformation linguistique. Adoptée rapidement à la cour, elle s’impose comme signe de distinction et de raffinement.
Au fil des siècles, la cravate évolue dans ses formes et ses usages : lavallières au XIXᵉ siècle, cravates fines ou larges au XXᵉ siècle, motifs sobres ou audacieux selon les modes. Mais une constante demeure : elle incarne la respectabilité et le sérieux, notamment dans les milieux professionnels et politiques. Porter la cravate, c’est afficher une posture d’autorité et de raffinement.
Le succès d’un accessoire incontournable
Des décennies durant, la cravate a été obligatoire pour tout homme qui voulait être perçu comme élégant. Dans les bureaux, au tribunal, dans les assemblées ou lors des grandes occasions, elle faisait partie de l’uniforme. Les années 1950 à 1990 représentent sans doute l’âge d’or de la cravate : large dans les années disco, fine chez les yuppies des années 80, elle s’adapte aux modes tout en restant incontournable.
Les grandes maisons de mode masculine (Hermès, Charvet, Lanvin) ont bâti une partie de leur notoriété sur la cravate. Elle constituait aussi un marché florissant pour les grands magasins et les cadeaux de fête des pères.
La rupture : Covid et télétravail
Mais depuis une quinzaine d’années, l’accessoire s’essouffle. L’essor des start-up, le modèle californien de la Silicon Valley et ses dirigeants en jean et t-shirt ont progressivement imposé une image plus décontractée du leadership. Puis le Covid-19 a accéléré le mouvement : en télétravail, les hommes ont troqué costume et cravate contre chemise ouverte, polo ou simple pull.
À la reprise, rares sont ceux qui ont renoué avec le port quotidien de la cravate. Même dans les milieux jadis les plus stricts, comme la finance ou le droit, la cravate est devenue optionnelle. Les codes vestimentaires au travail ont changé : on valorise désormais le confort, l’authenticité, voire une certaine décontraction chic.
L’abandon de la cravate est tel que, même au sein de la prestigieuse École Hôtelière de Lausanne (devenue Hospitality Business School), la réforme vestimentaire mise en place en 2021 a institué l’abandon de la cravate obligatoire.
Les ventes en chute libre
Les chiffres confirment ce déclin. En France comme à l’international, les ventes de cravates ne cessent de reculer. Selon plusieurs études de marché, elles auraient chuté de plus de 50 % entre 2010 et 2023. Les nouvelles générations, peu attachées à ce symbole, privilégient d’autres accessoires (montres, sneakers, pochettes) pour affirmer leur style.
Même les cérémonies autrefois synonymes de cravate obligatoire (mariages, remises de diplômes, événements officiels) voient émerger des alternatives : nœud papillon, col ouvert, ou absence totale de cravate.
Un symbole qui résiste encore ?
Faut-il pour autant enterrer la cravate ? Pas complètement. Elle garde une aura dans certaines sphères : la diplomatie, la politique traditionnelle, certains milieux d’affaires et bien sûr la mode, où elle reste un terrain d’expression pour les créateurs. Elle conserve aussi un côté “vintage chic”, qui séduit les amateurs de style classique.
Mais il est indéniable que son statut a changé. Jadis obligatoire, la cravate est aujourd’hui devenue un choix, une posture stylistique. Porter une cravate en 2025, c’est faire acte d’élégance volontaire, presque une forme de résistance à l’ultra-décontracté.
Crédit photo : pixabay

Créateur de MonsieurVintage, Philippe est un passionné de belles mécaniques, de voyages et d’objets qui ont une âme. À travers son regard, chaque moto, voiture ou destination raconte une histoire, dans une quête d’authenticité et d’élégance intemporelle.
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