Connect with us

Publié , il y a :

le

Auteur :

Le cinéma a toujours été un miroir de son époque. Un art populaire, un rituel social, une sortie à part entière. Mais pour beaucoup, un parfum de nostalgie flotte dès que l’on évoque les salles obscures d’antan. Alors, le cinéma, c’était mieux avant ? Entre charme perdu et prouesses technologiques, retour sur une époque où l’on ne “consommait” pas un film, on le vivait.

Quand aller au cinéma était un événement

Autrefois, aller au cinéma avait des airs de cérémonie. On s’habillait. On se préparait. C’était une sortie rare, presque solennelle, en famille, entre amis ou en couple. Le cinéma ne se réduisait pas à une séance parmi d’autres mais s’inscrivait dans un moment de vie : on prenait son billet, on s’installait, puis on allait au restaurant lorsque les lumières se rallumaient.
Une expérience complète, enveloppante, rituelle.

Les ouvreuses, l’entracte et la magie des salles d’autrefois

Il y avait d’abord les ouvreuses. Ces silhouettes élégantes, lampe torche à la main, qui vous guidaient jusqu’à votre fauteuil dans l’obscurité. Elles vendaient aussi des bonbons, des chocolats glacés, des esquimaux en petit parcours silencieux entre les rangées. Un geste simple, mais un geste humain. Aujourd’hui disparu.

Il y avait aussi l’entracte. Cette pause bienvenue qui permettait de souffler, de commenter les premières minutes, d’aller acheter une glace, de croiser des amis. Un sas entre deux parties du film, un temps social que les multiplexes ont balayé pour maximiser les rotations.

Et puis, il y avait les salles elles-mêmes. Des temples du cinéma, souvent Art déco, aux façades lumineuses, aux néons élégants, aux fauteuils rouges patinés par le temps. Chaque cinéma avait une identité. On se souvient du nom des salles comme on se souvient d’un théâtre ou d’un lieu de concert.

Aujourd’hui, l’uniformisation a aplati ces différences : même architecture, même agencement, même atmosphère standardisée. On se met alors à regretter le cinéma d’antan, que le chanteur/acteur Eddy Mitchell avait intelligemment fait revivre entre 1982 et 1998, avec son émission regrettée “La dernière séance”.

Aujourd’hui : une technologie éblouissante, mais une âme envolée

Soyons honnêtes : l’image n’a jamais été aussi belle. Le contraste, la fluidité, la netteté, la puissance sonore, les écrans géants… Le progrès technique est indiscutable. Les salles IMAX et Dolby Cinema envoient littéralement le spectateur dans un autre monde, sans parler des salles 4DX mises en place par les coréens de CJ 4DPlex. Mais voilà : malgré cette perfection technique, il manque quelque chose : l’âme, la chaleur humaine, le charme, l’architecture, le rituel.

Les ouvreuses ont disparu, les entractes aussi, et avec eux une certaine manière d’habiter la séance. Les immenses complexes ont remplacé les petites salles de quartier où l’on reconnaissait le projectionniste, le programmateur, l’habitué du jeudi soir.

Le cinéma s’est modernisé, mais s’est-il aseptisé ?

L’invasion du téléphone portable : la fin du respect en salle

Le cinéma d’antan souffrait peut-être du bruit du projecteur, mais il n’a jamais connu les smartphones. Aujourd’hui, c’est le fléau absolu. Le projecteur, un bruit qui a disparu au profit de disques durs puisque le cinéma aujourd’hui, est devenu numérique. Stockés dans des data-centers gigantesques, les longs métrages sont aujourd’hui enregistrés sur des disques durs. La fin de l’argentique signifie également la fin du changement de bobines, qui se faisait justement, jadis, pendant l’entracte, notamment sur les films longs.

Écrans qui s’allument, notifications, messages, réseaux sociaux… Et parfois même des appels pris en pleine séance. Sans oublier les discussions, les emballages bruyants ou les jambes qui tapent dans le dossier de devant.

Pour les amoureux du cinéma, c’est une agression permanente qui brise instantanément l’immersion. On n’ose plus faire une remarque, de peur d’un conflit. Là où jadis, le silence s’imposait naturellement, aujourd’hui il faut se battre pour le retrouver.

Salle de cinéma vintage avec une voiture ancienne garée devant dans la rue

Le charme des salles de cinéma d’antan. Crédit photo : pixabay

Le prix des places : un frein supplémentaire

À cela s’ajoute l’envolée du prix des billets. Entre 12 et 18 euros la séance dans certaines villes, sans compter les suppléments 3D, IMAX ou Dolby. Pour une famille, une sortie cinéma peut dépasser les 40 euros. Le cinéma est-il encore un loisir accessible pour tous ? Autrefois, la séance était un plaisir populaire. Aujourd’hui, elle devient presque un luxe.

La désaffection du public jeune : la victoire du streaming

Netflix (en phase de rachat de la Warner), Disney+, Amazon Prime Video, TikTok, YouTube… La concurrence n’est plus la salle d’à côté, mais le canapé. Le jeune public déserte de plus en plus les salles pour la simplicité du streaming : prix bas, confort, catalogue immense, disponibilité immédiate.

Face à ces plateformes, le cinéma doit redoubler d’efforts pour rester attractif. Or le problème n’est pas seulement technologique : il est culturel. La salle n’est plus perçue comme un rite collectif mais comme une option parmi d’autres. Et cela change tout.

Une fréquentation en baisse

Sur les dix premiers mois de l’année 2025, en comparaison de la même période sur 2024, la fréquentation des salles de cinéma a chuté de -15% en France, avec 121,8 millions de spectateurs, selon les chiffres du Centre National du Cinéma et de l’image animée. Une tendance qui va jusqu’à -20% sur les petites salles.

Phénomène nouveau : les punaises de lit

Sans avoir, à notre connaissance, aucun impact direct sur la fréquentation des salles obscures, le phénomène des punaises de lit est venu perturber le confort qu’offraient autrefois les salles de cinéma. Plusieurs enseignes ont connu ce problème, avec le fort développement des voyages à l’international et les punaises rapportées par les voyageurs lors de leurs périples à l’étranger.

Un fait nouveau qui n’a aucun lien avec l’hygiène, mais qui peut pourrir une séance, et votre vie personnelle si vous rapporté ces insectes à la maison. Ainsi, le 7 novembre 2025, lors d’une projection du classique de Ridley Scott : “Alien, le 8ème passager”, à l’occasion d’une master class de Sigourney Weaver à la Cinémathèque de Paris (Paris 12ème), les spectateurs ont été dévoré par des punaises de lit. Une séance plutôt irritante. Depuis, la Cinémathèque a procédé à une désinsectisation complète du lieu.

Alors, c’était mieux avant ?

Difficile de répondre. Techniquement, non. Émotionnellement, humainement, architecturalement… probablement oui. Le cinéma d’aujourd’hui est une prouesse. Le cinéma d’hier était une expérience. L’un éblouit, l’autre enchantait.

Peut-être que le défi des prochaines années sera de réinventer cette magie perdue : remettre de l’humain, du charme, du rituel et du respect dans ces salles qui, malgré tout, restent l’un des derniers lieux où l’on peut vivre une histoire ensemble, dans la même obscurité. N’est-ce pas, Monsieur Eddy ?…

Source image de UNE : IA
Philippe Pillon

Créateur de MonsieurVintage, Philippe est un passionné de belles mécaniques, de voyages et d’objets qui ont une âme. À travers son regard, chaque moto, voiture ou destination raconte une histoire, dans une quête d’authenticité et d’élégance intemporelle.

Ajouter mon commentaire !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *



Tendance
Monsieur Vintage
Résumé de la politique de confidentialité

Ce site utilise des cookies afin que nous puissions vous fournir la meilleure expérience utilisateur possible. Les informations sur les cookies sont stockées dans votre navigateur et remplissent des fonctions telles que vous reconnaître lorsque vous revenez sur notre site Web et aider notre équipe à comprendre les sections du site que vous trouvez les plus intéressantes et utiles.