Facel Vega FV : comment cette GT française est devenue une icône
En 2025, la Facel Vega FV fête ses 70 ans. L’occasion idéale de revenir sur cette GT française aussi rare que fascinante, première pierre d’une aventure aussi brillante que brève, puisque la marque Facel Vega ne vivra qu’une décennie, de 1954 à 1964. Cet anniversaire est l’occasion de vous proposer un panorama complet sur cette enseigne française fabuleuse et son premier modèle : histoire de la marque, genèse de la FV, caractéristiques, variantes, accueil du public et fiche technique détaillée.
- Une marque française née pour incarner le grand tourisme de luxe
- Genèse de la Facel Vega FV (1954–1955)
- Style et conception : le prestige à la française, avec un accent américain
- Les évolutions du modèle : FV, FV1, puis FV2, FV2B, FV3, FV3B, FV4
- Accueil, image et clientèle
- Fiche technique synthétique – Facel Vega FV / FV1 (1955)
- Une décennie de gloire, puis la chute (1954–1964)
- 70 ans plus tard : ce que représente la Facel Vega FV
- Les prix de l’occasion d’une Facel Vega
Une marque française née pour incarner le grand tourisme de luxe
Des avions aux GT de prestige
Facel, avant d’être un constructeur automobile, est d’abord un industriel de la métallurgie. FACEL signifie Forges et Ateliers de Construction d’Eure-et-Loir. La société naît en 1939, à l’initiative de Bronzavia, pour fabriquer des pièces pour l’aéronautique militaire.
Après-guerre, sous l’impulsion de Jean Daninos, ingénieur de talent, Facel se réoriente vers la carrosserie haut de gamme : coupés et cabriolets pour Simca, Ford SAF, Panhard, Delahaye… Des autos produites en petites séries, destinées à une clientèle fortunée et à des marques qui veulent un habillage plus prestigieux pour leurs châssis.
Mais le marché évolue rapidement : l’auto-porteur se généralise, les châssis séparés disparaissent, et les carrossiers indépendants perdent progressivement leurs clients. Pour survivre, Facel n’a plus qu’une option : produire ses propres voitures. À partir de 1953, l’entreprise décide donc de devenir constructeur à part entière, avec ses propres modèles, tout en s’appuyant sur des moteurs achetés à l’étranger.
La naissance du nom Facel Vega
Le projet de « grande routière » de luxe est lancé au début des années 1950. Jean Daninos veut une GT rapide, confortable, pouvant transporter quatre personnes à très haute vitesse, dans le plus grand raffinement, l’équivalent français d’une Bristol, d’une Aston Martin ou d’une Lancia Aurelia.
En 1951, Daninos fait dessiner et construire un prototype. Le châssis et la carrosserie sont maison, mais pour le moteur, impossible de trouver en France un V8 puissant et fiable. Facel se tourne alors vers Chrysler, qui accepte de livrer ses blocs V8 DeSoto Hemi à la petite firme française.
Le prototype est prêt en octobre 1952, parcourt environ 130 000 km d’essais et part même aux États-Unis chez Chrysler pour être affiné. En janvier 1953, Facel décide officiellement de produire cette voiture sous son propre nom. Reste à lui trouver un « prénom ». Jean Daninos demande conseil à son frère, l’écrivain Pierre Daninos, qui propose « Vega », du nom de l’une des étoiles les plus brillantes de la constellation de la Lyre.
La marque sera donc : Véga, construite par Facel, avant que l’ensemble ne devienne, par usage et par nécessité marketing, Facel Vega.

Facel Vega FV1 de 1955. Crédit photo : Rex Gray©
Genèse de la Facel Vega FV (1954–1955)
Présentation à la presse et au Salon de Paris
Après plusieurs prototypes, la nouvelle Véga de série est présentée à la presse le 29 juillet 1954 dans l’usine de Colombes, près de Paris. Facel distribue à cette occasion un dossier technique détaillé et positionne clairement la voiture comme une GT de très haut niveau, destinée à une « clientèle internationale » en quête d’une sportive confortable, utilisable aussi bien en ville que sur autoroute, à grande vitesse.
Quelques mois plus tard, la voiture est dévoilée au Salon de Paris 1954, où elle attire tous les regards. Le prix annoncé donne le ton : 2 873 000 francs de l’époque, quand une Renault 4CV en vaut environ 458 000. On est clairement dans le très haut de gamme, sur un marché de niche réservé à une élite.
La première voiture est présentée à l’administration des Mines le 4 février 1955, sous la marque « Véga », type FV. C’est cette date de 1955 que l’on retient généralement comme l’année de naissance commerciale de la Facel Vega FV.
Style et conception : le prestige à la française, avec un accent américain
Une ligne de coupé 2+2 Grand Tourisme
La Facel Vega FV est une GT 2+2, à deux portes, avec de véritables places arrière, pas juste un dépannage. Elle reprend l’esprit des grandes carrosseries d’avant-guerre, tout en intégrant des influences très marquées par le style américain du début des années 1950 : ailes légèrement suggérées, capot long, poupe marquée, début de nageoires arrière (fins), calandre imposante.
Le dessin, signé Jean Daninos lui-même, s’inspire des coupés Simca/Ford Comète que Facel avait déjà carrossés, mais en plus grand, plus massif, plus statutaire.
Châssis et architecture
Techniquement, la FV repose sur :
• Un châssis tubulaire conçu pour supporter la puissance élevée du V8 Chrysler.
• Un moteur à l’avant, propulsion.
• Suspension avant à ressorts hélicoïdaux et doubles triangles (double wishbone), solution moderne et efficace pour l’époque.
• Pont arrière rigide à ressorts à lames.
Les roues sont des roues à rayons fournies par Robergel, ce qui renforce visuellement le côté « grand tourisme chic ».
Un habitacle d’aviation de luxe
À l’intérieur, Facel joue la carte du luxe à la française :
• Cuir omniprésent, notamment sur les premiers tableaux de bord de FV et FV1, entièrement gainés.
• Compteurs ronds style aviation, en batterie devant le conducteur.
• Console centrale couvrant la boîte de vitesses, une disposition encore rare au milieu des années 1950.
À partir de la FV2 (toujours très proche techniquement de la FV), Facel inaugure son fameux tableau de bord façon ronce de noyer, en réalité une simple tôle peinte à la main imitant le bois précieux avec un réalisme bluffant. Ce trompe-l’œil deviendra une signature visuelle de la marque.

Facel Vega Excellence de 1961. Crédit photo : Mr Choppers©
Mécanique : le V8 américain au service du Grand Tourisme français
Le moteur de la première FV (février 1955)
La FV « tout court », produite en très petite série début 1955, reçoit un V8 DeSoto Hemi Firedome (famille Chrysler) de 4 528 cm³ environ, pour environ 170–180 ch SAE (les sources varient légèrement). Ce moteur à chambres de combustion hémisphériques (Hemi) est moderne, très coupleux, et largement éprouvé sur les modèles américains, ce qui garantit une fiabilité que les blocs français ne peuvent pas offrir à cette époque pour une telle puissance.
Passage à la FV1 (mars 1955)
Très vite, Facel fait évoluer le modèle en FV1 :
• Cylindrée portée à 4,8 L (4 770 cm³).
• Toujours un V8 Hemi DeSoto, avec 185 ch en version carburateur 2 corps et 200 ch en version 4 corps.
• La voiture est rallongée de 12 cm pour offrir plus d’aisance aux places arrière.
C’est cette FV1 qui constitue vraiment le « gros » du millésime 1955, la FV étant quasi-confidentielle.
Boîtes de vitesses
La FV et la FV1 peuvent recevoir :
• Soit une boîte automatique Powerflite à 2 rapports, fournie par Chrysler.
• Soit une boîte manuelle Pont-à-Mousson à 4 vitesses, très appréciée des amateurs de conduite sportive.
Performances
Selon le rapport de pont et le type de moteur, la Facel Vega FV/FV1 atteint des vitesses maximales de l’ordre de 170 à près de 190 km/h, ce qui, au milieu des années 1950, la place dans le club très fermé des GT réellement rapides, capables de croiser à haute vitesse sur autoroute ou autobahn.
Les évolutions du modèle : FV, FV1, puis FV2, FV2B, FV3, FV3B, FV4
Quand on parle de Facel Vega, il est impossible de ne pas mentionner rapidement la suite, tant les différentes itérations sont étroitement liées. D’après les données de l’Amicale Facel Vega, on a :
• FV
o V8 Hemi DeSoto Firedome S19 – 4,528 cm³ – 170 ch
o Date d’homologation : février 1955
o Production : 10 exemplaires
• FV1
o V8 Hemi DeSoto Fireflite S21 – 4,770 cm³ – 185 ou 200 ch
o Homologation : mars 1955
o Production : 33 exemplaires, dont 7 cabriolets
• FV2 (septembre 1955)
o Marque officiellement « Facel Vega »
o Pare-brise panoramique
o V8 Hemi DeSoto 4,8 L – 185 ou 200 ch
o Introduction du tableau de bord façon bois
o Production : 31 exemplaires, dont 1 cabriolet
• FV2B (mars 1956)
o V8 Hemi 5,4 L – jusqu’à 255 ch
o Production : 74 exemplaires
• FV3 / FV3B / FV4 (1956-1958)
o Passage à des V8 Plymouth « Poly » puis à des Chrysler Hemi plus gros (jusqu’à 6,4 L et 375 ch pour la FV4 export).
o Évolution du style avec double optiques superposées, calandre élargie, carrosserie plus longue et plus large.
Au total, les FV/FV1/FV2/FV3 restent des autos extrêmement rares, avec des productions individuelles quasi confidentielles, souvent inférieures à cent exemplaires par version.

Facel Vega Facel 2 (HK2) de 1962. Crédit photo : Rex Gray©
Accueil, image et clientèle
Une vitrine du luxe français
Dès sa présentation, la Véga FV est saluée comme un symbole du retour du luxe automobile français. Les journalistes soulignent :
• La finition remarquable de la carrosserie et de l’habitacle.
• Le confort de marche, au niveau des meilleures GT européennes.
• Les performances élevées, rendues possibles par la greffe du V8 américain.
Le prix, en revanche, la réserve à une clientèle très aisée : la comparaison avec la 4CV illustre à quel point on est dans un autre monde.
Facel Vega devient rapidement, entre 1954 et 1964, « la réponse française à Bristol » : une marque très exclusive, produisant à la main des coupés et berlines de grand tourisme, presque toujours motorisés par des V8 Chrysler.
Une aura mondaine… et tragique
Si ce sont surtout les modèles plus tardifs (HK500, Facel II, Excellence) qui seront adoptés par des célébrités (Frank Sinatra, Ringo Starr, Ava Gardner, François Truffaut, etc.), l’aura de Facel Vega se construit dès la FV : petite série, luxe extrême, performances, et une certaine discrétion aristocratique. Un épisode tragique contribue aussi à la légende : l’écrivain Albert Camus trouve la mort en 1960 dans un accident à bord d’une Facel Vega FV2, conduite par Michel Gallimard.
Fiche technique synthétique – Facel Vega FV / FV1 (1955)
Les données varient légèrement selon les sources et les versions exactes, mais pour donner un portrait global de la FV de 1955 :
Type général
• Marque : Véga (puis Facel Vega)
• Modèle : FV puis FV1
• Année de sortie : 1955 (homologation Mines en février 1955 pour la FV, mars 1955 pour la FV1)
• Catégorie : coupé Grand Tourisme 2+2
Dimensions (ordre de grandeur, proches de la FV2) et poids
• Longueur : 4,57 m
• Largeur : 1,76 m
• Hauteur : 1,38 m
• Empattement : 2,63 m
• Poids : 1 650 kg
Châssis et carrosserie
• Châssis tubulaire acier
• Carrosserie acier (avec certains éléments en aluminium sur des prototypes)
• Suspension avant : triangles superposés, ressorts hélicoïdaux
• Suspension arrière : pont rigide, ressorts à lamesWikipédia+1
• Freins : tambours aux quatre roues
• Direction : à vis et galet (ou équivalent, non assistée)
Moteurs
FV (début 1955) :
• V8 DeSoto Firedome S19
• Cylindrée : 4 528 cm³
• Puissance : 180 ch SAE à 4 400 tr/min
FV1 (à partir de mars 1955) :
• V8 DeSoto Fireflite S21
• Cylindrée : 4 770 cm³
• Puissance : 185 ch (carburateur 2 corps) ou 200 ch (4 corps)
Transmission
• Propulsion
• Boîte manuelle 4 rapports Pont-à-Mousson ou boîte automatique Powerflite 2 rapports.
Performances (FV/FV1)
• Vitesse maximale : 194 km/h suivant moteur, boîte et pont
• 0–100 km/h : de l’ordre de 10–11 s (estimation, selon les données disponibles sur les FVS/HK500 très proches).
Production (1955)
• FV : 10 exemplaires
• FV1 : 33 exemplaires, dont 7 cabriolets
On parle donc d’une voiture quasiment artisanale, avec des chiffres proches d’un atelier de haute couture plutôt que d’un constructeur de grande série.

Facel Vega Facel 2. Crédit photo : pixabay
Une décennie de gloire, puis la chute (1954–1964)
Après les FV, Facel Vega poursuit sa montée en gamme : les FVS, HK500, Excellence et Facel II deviennent des références mondiales du grand tourisme luxueux. Mais la marque commet une erreur stratégique majeure à la fin des années 1950 : le lancement de la Facellia, plus petite GT dotée d’un quatre-cylindres français maison, très fragile. Les casses moteur à répétition ruinent la réputation de la marque et coûtent une fortune en prises en garantie.
Malgré les tentatives de sauvetage (moteur Volvo, puis Austin-Healey pour Facel III et Facel 6), le mal est fait. Facel, qui a toujours perdu de l’argent sur ses voitures, finit par fermer son usine en octobre 1964.
70 ans plus tard : ce que représente la Facel Vega FV
En 2025, la Facel Vega FV a 70 ans. Elle représente :
• Le point de départ d’une aventure unique : celle d’un industriel français qui, en pleine reconstruction d’après-guerre, ose rivaliser avec les plus grands noms du grand tourisme européen.
• Une synthèse réussie entre style français, finition quasi artisanale, et mécanique américaine puissante et fiable.
• Un objet de collection ultra rare : 10 FV et 33 FV1 seulement, dont quelques cabriolets, recherchés par les amateurs les plus pointus.

Facel Vega HK 50de 1960. Crédit photo : Alfvanbeem©
Les prix de l’occasion d’une Facel Vega
Ces 15/20 dernières années, le prix des Facel Vega a littéralement explosé. Pour devenir l’heureux propriétaire d’un modèle de cette marque prestigieuse française, il vous faudra débourser au plus bas 50 000 euros (Facel 3), mais les prix pratiqués sur les autres modèles se situent en moyenne entre 90 000 et 330 000 euros.
Pour beaucoup d’historiens de l’automobile, la FV et ses descendantes HK500 / Facel II incarnent la dernière grande tentative française de s’installer durablement sur le segment des GT de luxe motorisées par de gros moteurs étrangers. Une tentative trop coûteuse pour une petite structure, mais qui a laissé derrière elle des autos à la fois magnifiques, terrifiantes de présence sur la route, et profondément attachantes.
Pour en savoir plus sur la marque et les modèles Facel Vega, rendez-vous sur le site de l’Amicale Facel Vega en cliquant sur ce lien.
Crédit photo de UNE : Facel Vega FV1 de 1955 - crédit : Rex Gray©

Créateur de MonsieurVintage, Philippe est un passionné de belles mécaniques, de voyages et d’objets qui ont une âme. À travers son regard, chaque moto, voiture ou destination raconte une histoire, dans une quête d’authenticité et d’élégance intemporelle.
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