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Cinéma

Tchéky Karyo nous a quittés à l’âge de 72 ans

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L'acteur Tchéky Karyo en juin 2013 au Festival du Film de Cabourg

L’acteur Tchéky Karyo s’est éteint ce 31 octobre 2025, à l’âge de 72 ans. Figure majeure du cinéma français et international, il laisse derrière lui une filmographie impressionnante et une aura rare, faite de profondeur, de mystère et de sensibilité. Retour sur le parcours d’un comédien habité, qui aura marqué plus de quarante ans de cinéma.

De Constantinople à Paris : les racines d’un artiste

Né Baruh Djaki Karyo le 4 octobre 1953 à Istanbul, dans une famille juive d’origine turque et grecque, le jeune Tchéky arrive très tôt en France, où ses parents s’installent à Paris. Il grandit dans un environnement modeste, entre plusieurs cultures et plusieurs langues, ce qui nourrira plus tard sa richesse intérieure et sa sensibilité d’acteur.

Adolescent, il se destine d’abord à une voie classique, il étudie la comptabilité, avant de découvrir le théâtre. Très vite, la scène devient pour lui une évidence, un espace de liberté absolue.

Formé au Théâtre Cyrano, il rejoint ensuite la compagnie Daniel Sorano, puis le Théâtre National de Strasbourg, où il affine sa diction, son corps et son regard. C’est là que naît le comédien à la fois puissant et nuancé que le public découvrira bientôt à l’écran.

Des planches au grand écran : les débuts prometteurs

Les années 1980 marquent ses premiers pas au cinéma. En 1982, il se fait remarquer dans La Balance de Bob Swaim, où il interprète un policier tourmenté. Sa performance lui vaut une nomination au César du Meilleur espoir masculin, et assoit d’emblée sa réputation d’acteur intense, capable de faire vivre ses personnages au-delà du texte.

La même année, il tourne dans Le Retour de Martin Guerre, aux côtés de Gérard Depardieu, avant d’enchaîner les rôles dans Les Nuits de la pleine lune d’Éric Rohmer et L’Ours de Jean-Jacques Annaud.

Sur scène comme à l’écran, Karyo impose son regard profond, sa voix éraillée et cette intensité qui deviendra sa signature. L’époque est aux gueules, et la sienne fascine.

L’envol : de Nikita à Hollywood

C’est en 1990 que Tchéky Karyo entre définitivement dans la légende, grâce à Luc Besson qui lui confie le rôle de Bob, l’agent-mentor dans Nikita. Face à Anne Parillaud, il incarne la rigueur, la douleur contenue, la loyauté ambiguë, autant de traits qu’il explorera souvent par la suite. Le succès du film le propulse sur la scène internationale.

Hollywood lui ouvre alors ses portes : il joue le méchant Fouchet dans Bad Boys (1995) face à Will Smith et Martin Lawrence, puis le ministre russe Mishkin dans GoldenEye la même année. Son visage devient familier du public américain, sans qu’il ne perde jamais son ancrage français.

Mais Tchéky Karyo ne se résume pas à ses rôles de “méchant européen”. Derrière les cicatrices et les silences, il insuffle une humanité bouleversante. Sa carrière alterne alors blockbusters et films d’auteur, grands rôles et seconds plans, toujours avec la même intensité.

Un acteur, un musicien, un poète

Homme de scène, de cinéma et de musique, Karyo était aussi un auteur-compositeur-interprète. En 2006, il sort son premier album Ce lien qui nous unit, suivi de Credo en 2013, révélant une autre facette de sa personnalité : celle d’un homme introspectif, habité par la poésie et la mélancolie.

Dans les années 2010, il séduit une nouvelle génération grâce à la série britannique The Missing, puis son spin-off Baptiste, où il incarne un détective usé mais profondément humain. Ces rôles télévisuels rappellent combien Karyo savait allier force et fragilité, sans jamais céder au cynisme.

Un comédien habité, fidèle à lui-même

Tchéky Karyo appartenait à cette race rare d’acteurs entiers, qui ne trichent jamais. Toujours habité, toujours sincère, il portait ses personnages comme on porte une blessure. Ses origines, son parcours, sa vie intérieure donnaient à chacun de ses rôles une dimension presque spirituelle.

Il aimait dire que son enfance douloureuse l’avait rendu plus réceptif aux fêlures humaines. C’est peut-être pour cela qu’il incarnait si bien les hommes en marge, les figures silencieuses, les êtres cabossés mais dignes.

Ce qu’il laisse derrière lui

Tchéky Karyo laisse une œuvre dense :

• Plus de 80 films et séries, de La Balance à Nikita, de Bad Boys à Baptiste
• Une présence scénique et vocale unique
• Et surtout, une trace indélébile dans le cœur du public, en France comme à l’étranger

Il laisse aussi un exemple : celui d’un acteur libre, exigeant, curieux, qui n’a jamais cherché à plaire mais à être juste.

Héritage d’un homme debout

À l’heure où le cinéma tend parfois à lisser les émotions, Tchéky Karyo rappelait qu’un acteur, c’est avant tout un être humain. Sa disparition laisse un vide, mais aussi un héritage : celui du jeu incarné, viscéral, sincère.

Un acteur qui regardait le monde droit dans les yeux, et dont les siens, aujourd’hui fermés, continueront de briller sur nos écrans.

Crédit photo : Georges Biard© – Tchéky Karyo en juin 2013 au Festival du Film de Cabourg.

Philippe Pillon

Créateur de MonsieurVintage, Philippe est un passionné de belles mécaniques, de voyages et d’objets qui ont une âme. À travers son regard, chaque moto, voiture ou destination raconte une histoire, dans une quête d’authenticité et d’élégance intemporelle.

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