Essai moto vintage : Bmw R nineT Scrambler 1200 cm3, le passé a de l'avenir !

Sortie en mars 2014, la nineT de Bmw initiait une nouvelle gamme rétro chez le constructeur germanique. Aujourd’hui déclinée en 6 versions : Bmw R nineT vendue 16 150 euros, R nineT Pure à 13 000 euros, R nineT Racer à 14 000 euros, R nineT Scrambler à 13 950 euros, R nineT Urban G/S à 13 950 euros et enfin la petite dernière R nineT 5 (prix non communiqué), la nineT est une véritable réussite, tant commerciale qu’esthétique. Incarnation même de l’esprit néo-rétro, la nineT est une véritable moto plaisir, que nous avons essayée en version Scrambler, sortie en septembre 2019.

Droits réservés – crédit photo : Alexis Pillon©

Face à la répression routière entamée par Nicolas Sarkozy (alors ministre de l’Intérieur) et la mise en place des radars automatiques aux quatre coins de l’hexagone (d’ailleurs, on devrait dire aux 6 coins puisque l’hexagone est un polygone à six côtés ndlr) depuis 2003, le comportement des motards a changé.

Fini la poignée constamment dans le coin, la recherche de la performance ultime et les arsouillages impunis. D’ailleurs l’effondrement des ventes de sportives confirme ce phénomène depuis une bonne décennie. Depuis la multiplication des radars et les points de permis de conduire envolés par millions, le motard s’est tourné vers la moto passion, au détriment de la moto vitesse. Une nouvelle tendance renforcée par la mode du néo-rétro et qui a directement bénéficié aux marques qui, historiquement, présentaient déjà des modèles vintage.

C’est le cas des marques Triumph et Moto Guzzi qui non seulement, bénéficiaient d’un capital vintage fort, mais également de modèles disponibles à leurs catalogues.

Aujourd’hui, pas un fabricant de motos ne dispose d’un modèle rétro à son catalogue. Bmw est arrivé sur le créneau avant l’italien Ducati, c’était en mars 2014 avec la sortie de la Bmw R nineT, affichant alors une puissance de 96,5 chevaux. Un modèle vintage au côté duquel s’est récemment jointe la superbe R18. Un an plus tard, c’était au tour de la Scrambler de Ducati. Deux modèles déclinés ensuite jusqu’à créer une véritable gamme à partir d’une machine.

Droits réservés – crédit photo : Alexis Pillon©

110 chevaux de bonheur

Aujourd’hui, la nineT de Bmw affiche 110 chevaux. Nous l’avions déjà essayée en version Pure en juillet 2017, puis en Racer en août 2019. C’est au guidon de la version Scrambler que nous avons décidé de sortir du confinement, pour aller rider dans le Vexin et voir un peu ce que propose cette Scrambler.

La recette du Scrambler

À l’origine, une moto Scrambler est une routière que l’on a transformée pour l’adapter au tout-terrain. La moto est surélevée ou non, les pneus sont remplacés par des gommes à crampons, les jantes sont à rayons (pour une meilleure absorption des chocs sur terrain abimé), la moto est dépouillée à en devenir minimaliste afin de gagner du poids et le pot d’échappement est relevé, afin de le dégager des zones de terre, de boue, d’herbe et d’eau.

Notre nineT d’essai en a donc les caractéristiques, en dehors de la garde au sol identique à ses petites sœurs nineT et ses pneus route. Mais elle possède des jantes à rayon, un double pot Scrambler situé en hauteur à gauche de la selle et elle est dépouillée ce qui lui confère un look vraiment sympa.

Bon vous l’aurez compris, la Bmw nineT Scrambler n’est pas prévue pour débouler à bloc sur les pistes terreuses (en tout cas dans sa configuration actuelle), mais le pari du look Scrambler est bien tenu. D’autant qu’elle arbore une très jolie selle marron en similicuir boudinée du plus bel effet.

Droits réservés – crédit photo : Alexis Pillon©

L’essai route

Une fois en selle, le petit compteur rond à aiguille en rajoute au côté « Old School » de la machine. Minimaliste, il n’en distille pas moins toutes les informations nécessaires au pilote, telles que la vitesse, l’heure, le kilométrage journalier (Trip A et Trip B), kilométrage total, la température extérieure, la date, l’heure, l’échéance d’entretien mécanique, un témoin de réserve carburant, la distance parcourue depuis l’allumage du témoin « réserve » et un témoin d’alarme moteur. En revanche, il n’y a pas de compte-tours ni de jauge à essence.

Position droite et bras tendus. Droits réservés – crédit photo : Alexis Pillon©

Position de conduite

La position de conduite est droite et très confortable. Les bras sont tendus mais restent légèrement fléchis, avec une accessibilité simple à toutes les commandes, exceptée la commande des feux de détresse, placée un poil loin du pouce gauche.
Le selle en similicuir Scrambler est particulièrement réussie et flatte la rétine. Spécialement conçue pour les conducteurs de grande taille, elle permet d’avoir une position assise plus haute, en particulier pour les grands pilotes. Située à 82 cm du sol, celle-ci peut être disponible en position haute à 85 cm ou en position basse à 79 cm.

Un son de Supertrapp

Une fois le démarrage lancé, un son bien sympathique sort du double pot. Bmw l’a travaillé comme il faut, puissant, plutôt aigu tel celui d’un pot supertrapp, voire même pétaradant, mais jamais dérangeant, on a vraiment apprécié le borborygme qui envahit les tunnels à chacun de nos passages souterrains (écoutez notre vidéo ci-dessous).

Droits réservés – crédit photo : Alexis Pillon©

Première pénible

À noter un passage en première plutôt pénible sur cette Scrambler. Le « Clong » typique confirmant le passage du neutre à la première ne se fait pas automatiquement, alors qu’on est bien passé en première, ou alors la vitesse ne s’enclenche simplement pas, ce qui oblige le pilote à refaire la manip. Une gêne qui se produit surtout moteur froid.

Une mobylette avec 110 chevaux

Une fois lancée et les mouvements latéraux inhérents au Flat Twin contenus, la moto se conduit comme une mobylette ou presque. On sent bien le poids placé bas avec le bicylindre horizontal mais ça ne gêne en rien la conduite. Fort de ses 110 chevaux, le moteur de 1 170 cm3 est puissant, dispose d’un bon couple de 116 Nm et permet de rouler à 40 km/h en 6ème sans tousser. Certes ça claque un peu avec un délicieux bruit de sortie de pot quand on remet les gaz, mais le Scrambler est souple et acquiesce sans broncher.

Une finition au top ! Droits réservés – crédit photo : Alexis Pillon©

Finition au top

La finition de la nineT est comme à l’accoutumée, parfaite. Il n’y a rien à redire, tant sur les assemblages, la visserie que la qualité des matériaux. Tout respire la « Deutsche Qualität » à plein nez et c’est rassurant. Le joli guidon en aluminium vient parfaire un ensemble de haute qualité.

À l’attaque !

Le cadre rigide, la partie cycle efficace et l’amortissement parfaitement dosé incitent à l’attaque, d’autant que la nineT Scrambler accepte le « pif-paf » sans aucun problème, faisant montre d’une agilité étonnante. Avaler les virages à son guidon est un véritable régal.

Une selle très vintage. Droits réservés – crédit photo : Alexis Pillon©

Freinage : rien à redire

Le freinage est comme le reste : au top ! Bon à l’arrière, excellent à l’avant, il reste progressif sans être radical. Équipée de l’ABS avant et arrière, la moto stoppe parfaitement en cas de freinage d’urgence, en restant bien en ligne.

Une centrale ? Pour quoi faire ?

Dotée d’une transmission par cardan, la nineT ne nécessite par conséquent pas d’entretien de chaîne, ce qui rend la large béquille latérale suffisante, car elle est dépourvue de béquille centrale.

Sur autoroute, l’absence totale de protection au vent incite à respecter les limitations de vitesse, ce qui n’est pas plus mal. Mais on tient facilement le 130 km/h sans se tordre dans tous les sens même avec un fort vent de face, ou de travers.

Pas de béquille centrale. Pas d’intérêt avec un cardan. Droits réservés – crédit photo : Alexis Pillon©

Consommation

Le nineT Scrambler a avalé une moyenne de 6,5 litres aux 100 km. Nous avions en effet parcouru 214 km avant que le réserve ne s’allume, soit 14,5 litres engloutis sur un total de 17 litres que compte le réservoir. L’autonomie moyenne d’un plein est d’environ 215 km, bon à savoir quand on n’est pas équipé d’une jauge.

Quand on arrive en ville

En ville, malgré un rayon de braquage assez large, la nineT Scrambler est un plaisir. Sa prise en mains rapide, sa nervosité, son agilité, son freinage puissant et son poids plutôt bien réparti en font un compagnon de route très agréable. Elle se faufile sans encombre, en faisant toutefois attention au moteur à plat, qui prend sa place en largeur, il faut donc bien apprécier la largeur du passage à franchir quand vous êtes entre 2 voitures ou autres obstacles.

Sa largeur contenue de 88 cm -rétroviseurs compris) lui permettent de passer partout et de remonter les files du périphérique parisien sans aucun souci.

À noter que le klaxon pourrait être un poil plus viril, le « tut » aigu d’origine étant un peu en contradiction avec le côté « Steve McQueen » de la machine.

En duo

La nineT, comme tous les autres modèles de la gamme, est dépourvue de top-case ou de dosseret. Elle ne possède pas non plus de poignées latérales de maintien, même chose pour l’arrière. C’est au bénéfice du look et ça oblige le passager à s’agripper au pilote en balade à deux. Cela étant, la selle passagère est confortable quoiqu’un peu étroite et la position des jambes reste naturelle.

GALERIE D’IMAGES BMW R nineT SCRAMBLER 1200 CM3 MODELE 2020 (crédit : Alexis Pillon©)

Bilan

La Bmw nineT Scrambler impose au premier regard son côté rétro-Bad boy. Plus qu’une machine lookée, elle présente également une qualité de finition irréprochable, des performances intéressantes et une tenue de route impeccable. Joueuse, elle aime sortir des grands axes pour tortiller son cadre dans les zones les plus sinueuses, rassurant son pilote avec un freinage performant. Aussi agréable à l’attaque qu’en balade tranquille, elle représente la moto idéale pour qui aime les machines néo-rétro à conception bien contemporaine.

À noter que la Scrabbler nineT dispose d’une large gamme d’accessoires Bmw, et qu’avec une grille de phare bien sympa, des plaques latérales, des pneus à crampons, une petite bulle, elle n’en sera que plus vintage et prête pour le coup à affronter les chemins de terre.

Note : 17/20
Les +
Le look
Le moteur
Agilité
Sonorité
Finition
Cardan
Les –
Passage de la première (un peu) difficile
Absence de poignées pour le passager
Pas de jauge à essence

FICHE TECHNIQUE BMW R NINE T SCRAMBLER 1200 CM3

Motorisation
Moteur boxer bicylindre à quatre temps refroidi par air/huile, double arbre à cames en tête et quatre soupapes disposées radialement par cylindre, arbre d’équilibrage central
Alésage x course
101 mm x 73 mm
Cylindrée
1 170 cc
Puissance nominale
81 kW (110 ch.) à 7750 t/min
Couple max.
116 Nm à 6000 t/min
Taux de compression
12,0 : 1
Contrôle du mélange / gestion du moteur
Injection indirecte par système électronique
Performances et consommation
Vitesse maximale
Supérieure à 200 km/h
Consommation pour 100 km selon WMTC
5,3 l
Consommation de notre essai : 6,5 litres / 100 km
Prix du plein : 21,82 euros pour 14,32 litres
Emission de CO2 pour 100 km selon WMTC
123 g/km
Type de carburant
Sans plomb, indice d’octane 95-98 RON (puissance nominale 98 RON)
Équipement électrique
Alternateur
Alternateur triphasé 720 W
Batterie
12 V / 14 Ah, sans entretien
Transmission
Embrayage
Embrayage monodique à sec, à commande hydraulique
Boîte de vitesses
Boîte de vitesses six rapports à commande par crabots, pignons à denture hélicoïdale
Transmission secondaire
Cardan
Suspension et freinage
Cadre
Cadre en trois sections constitué d’une section avant et de deux sections arrière, ensemble moteur-boîte de vitesses portant, cadre de siège passager amovible pour une utilisation en solo
Suspension avant / éléments à ressorts
Fourche télescopique avec diamètre de fourreaux de 43 mm
Suspension arrière / éléments à ressorts
Monobras oscillant en aluminium forgé avec Paralever BMW Motorrad ; jambe à ressort centrale, précharge du ressort réglable (à variation continue) par manette
Course du ressort, avant / arrière
125 mm /140 mm
Empattement
1 522 mm
Chasse
116,1 mm
Angle de tête de fourche
61°
Roues
Jantes en alliage
Jante, avant
3,00 x 19″
Jante, arrière
4,50 x 17″
Pneu, avant
120/70 R 19
Pneu, arrière
170/60 R 17
Freins, avant
Frein à double disque, étriers fixes à quatre pistons, diamètre 320 mm
Freins, arrière
Frein monodisque, diamètre 265 mm, étrier flottant à deux pistons
ABS
BMW Motorrad ABS
Dimensions / poids et consommation
Longueur
2 175 mm
Largeur (rétroviseurs compris)
880 mm
Hauteur (rétroviseurs exclus)
1 330 mm
Hauteur de selle à vide
820 mm (selle haute (EO) : 850 mm ; hauteur de la selle basse (EO) : 790 mm)
Arcade entrejambe pilote, à vide
1830 mm (selle haute (EO) : 1890 mm ; hauteur de la selle basse (EO) : 1775 mm)
Poids à vide en ordre de marche, réservoir plein
220 kg
Poids total admissible
430 kg
Charge utile (avec équipement de série)
210 kg
Capacité utile du réservoir
17 l dont réserve environ 3,5 l
Tarif : 13 950 euros
Équipements de série
• ABS BMW Motora
• Indicateur de vitesse avec affichage numérique :
horloge numérique, afficheur du kilométrage, (doubles) compteurs journaliers compteur de distance automatique ; échéance maintenance avec kilométrage restant ; kilomètres parcourus depuis allumage du témoin réserve de carburant ; voyant d’erreur/gestion moteur ; témoin d’alarme moteur (MIL)
• Roues en fonte d’aluminium avec pneus de route, jantes semi-gloss noires (pneus : avant 120/70 R19, arrière 170/60 R17)
• Plaque de métal du réservoir de carburant peinte de la couleur du véhicule
• Repose-pieds élargis
• Béquille latérale avec coupure d’alimentation
• Système d’échappement fabriqué en acier inoxydable avec volet acoustique et silencieux arrière Akrapovič
• Vitre du clignotant blanc et feu arrière à LED
• Cadre passager amovible pour le pilotage en solo
En option sur notre modèle d’essai : poignées chauffantes à 220 euros

Crédit photo & vidéo : Alexis Pillon©

Philippe Pillon

Fondateur du site MONSIEUR VINTAGE le 14 février 2014, Philippe est issu de la presse écrite automobile : Auto Plus, Sport Auto, Auto Journal, Décision Auto, La Revue Automobile et La Centrale. Il collabore également au magazine EDGAR comme responsable de la rubrique auto/moto.

www.monsieurvintage.com