Santé
Chlordécone : la responsabilité de l’État reconnue

Chlordécone : le Sénat reconnaît enfin la responsabilité de l’État dans un scandale sanitaire et environnemental majeur aux Antilles
Jeudi 12 juin 2025, le Sénat français a adopté, en première lecture, la proposition de loi visant à reconnaître la responsabilité de l’État dans l’un des plus graves scandales sanitaires et environnementaux de l’histoire contemporaine des Antilles : l’utilisation du chlordécone. Voté par 318 voix contre 1, ce texte était très attendu par les populations de Guadeloupe et de Martinique, victimes depuis des décennies des effets dévastateurs de ce pesticide toxique.
Un poison dans les bananeraies
Le chlordécone, aussi connu sous le nom de Kepone, est un pesticide organochloré hautement toxique et persistant. Son utilisation s’est étendue de 1972 à 1993 dans les Antilles françaises, principalement pour lutter contre le charançon du bananier, un insecte ravageur. Pourtant, la dangerosité du produit était déjà documentée dès la fin des années 1960, avec des alertes précoces sur ses effets cancérogènes, perturbateurs endocriniens, et son extrême rémanence dans l’environnement.
Malgré ces connaissances, la France a continué d’autoriser son usage dans les bananeraies antillaises, à titre dérogatoire, sous prétexte de l’absence d’alternatives phytosanitaires efficaces. Ce choix politique, motivé par des intérêts agricoles et économiques, aura des conséquences sanitaires et écologiques durables.
Une pollution généralisée et irréversible
Le chlordécone a durablement contaminé les sols, les nappes phréatiques, les rivières, la mer, les produits de la pêche, les élevages, les fruits et légumes. L’ensemble de l’écosystème antillais a été touché, au point que des études estiment que plus de 90 % des Guadeloupéens et des Martiniquais présentent aujourd’hui des traces de chlordécone dans leur organisme.
Les conséquences sanitaires sont alarmantes : une explosion des cas de cancer de la prostate – au point que la Guadeloupe et la Martinique présentent les taux les plus élevés au monde – mais aussi des troubles du développement chez l’enfant exposé in utero, ainsi que des soupçons de lien avec une baisse de fertilité chez les femmes. Les recherches continuent aujourd’hui encore à explorer l’ampleur réelle des dégâts sur la santé publique.

Le chlordécone, aussi connu sous le nom de Kepone, est un pesticide organochloré hautement toxique et persistant, fortement utilisé aux Antilles entre 1972 et 1993. Il était destiné à lutter contre le charançon, un insecte ravageur dans les bananeraies. Crédit photo : Pixabay
Une reconnaissance politique tardive mais essentielle
Avec l’adoption de la proposition de loi portée par la sénatrice Nicole Bonnefoy (commission de l’aménagement du territoire et du développement durable), le Sénat acte enfin la responsabilité de l’État français dans ce désastre. L’article 1er du texte reconnaît solennellement les préjudices subis par les populations et les territoires de Guadeloupe et de Martinique.
Ce texte fixe plusieurs objectifs majeurs :
• La reconnaissance officielle de la responsabilité de l’État dans les dommages sanitaires et environnementaux ;
• La dépollution progressive des sols et des eaux ;
• L’indemnisation des victimes de cette contamination ;
• Le renforcement de la recherche scientifique, notamment en ce qui concerne les pathologies féminines liées à l’exposition à cette molécule.
Les sénateurs ont enrichi la proposition initiale en précisant l’étendue des responsabilités de l’État, en renforçant les objectifs de dépollution et en demandant une attention spécifique à la santé des femmes, longtemps sous-documentée.
Une attente forte des populations
Pour les habitants de Guadeloupe et de Martinique, cette reconnaissance légale est à la fois un soulagement et un premier pas. Depuis plus de vingt ans, les associations, les chercheurs, les militants écologistes et les citoyens réclamaient justice et réparation. Si ce vote ne répare pas les dégâts irréversibles, il ouvre enfin la voie à une véritable prise en charge de la catastrophe par l’État.
Reste désormais à savoir comment seront mises en œuvre les mesures de dépollution, d’indemnisation et de recherche, et surtout, si l’État agira avec la célérité et la rigueur qu’exige ce scandale historique.
Crédit photo : Pixabay

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