Pourquoi la France ne remet-elle pas en place le système des bouteilles consignées ?

Dans les années 70 et 80, ramener ses bouteilles vides chez l’épicier pour toucher quelques centimes faisait partie du quotidien. Ce système de consigne, à la fois écologique et économique, a peu à peu disparu en France, excepté en Alsace. Pourtant, chez nos voisins allemands ou suisses, il est encore largement en vigueur. Alors pourquoi la France n’y revient elle pas, malgré l’urgence climatique et la nostalgie qu’il suscite ? Des tests régionaux devraient être mis en place à partir de ce mois de mai dans plusieurs régions de France, espérons qu’ils soient probants et aillent dans le sens d’un retour à la consigne.
Une pratique populaire et vertueuse… oubliée
Dans la France d’avant, ramener les bouteilles consignées était un geste banal. Bouteilles de limonade, de bière, de lait ou de vin : elles étaient récupérées, nettoyées, remplies à nouveau. Un cercle vertueux, sans plastique à usage unique ni tri complexe. Mieux : pour les enfants, c’était une façon de gagner quelques francs. 20 centimes par bouteille, parfois plus. De quoi se payer des bonbons, une BD, ou l’entrée du cinéma.
Mais dans les années 90, la consigne s’est effacée. Le plastique, le marketing et la grande distribution ont imposé le jetable. Plus pratique pour les industriels, moins contraignant pour la logistique. Résultat : le réemploi a laissé place au recyclage, bien plus énergivore… quand il est réellement effectué.
En Allemagne, un modèle qui fonctionne
Outre-Rhin, la consigne ne s’est jamais arrêtée. Le Pfand est une institution : 25 centimes d’euro par bouteille plastique ou canette, récupérés via des automates en supermarché. En 2021, 97 % des bouteilles consignées ont été retournées par les consommateurs allemands.
Même en Suisse, le verre consigné connaît un regain. Certaines chaînes de distribution le remettent au goût du jour. Résultat : moins de déchets, moins de CO₂, et un engagement citoyen qui fonctionne.
En France, un retour timide… et freiné
En 2020, le gouvernement a évoqué un retour partiel de la consigne dans le cadre de la loi anti-gaspillage. Plusieurs expérimentations ont vu le jour, notamment dans les cafés, hôtels et restaurants. Certaines marques de limonade ou de bière artisanale ont relancé des bouteilles réutilisables. Des start-ups comme Loop ou Uzaje militent pour une filière nationale du réemploi.
Mais les freins sont nombreux :
• Logistique complexe : collecte, nettoyage, redistribution demandent des infrastructures adaptées.
• Opposition de certains industriels : pour les fabricants de plastique, la consigne menace un modèle économique basé sur l’usage unique.
• Coût initial élevé : créer des chaînes de lavage et d’approvisionnement est un investissement.
• Réticences culturelles : après 30 ans de jetable, certains consommateurs voient la consigne comme un retour en arrière… alors qu’elle est un bond en avant écologique.
Et si c’était le bon moment ?
Pourtant, dans un monde en crise écologique, le bon sens d’hier pourrait être la solution de demain. Le réemploi génère 79 % d’émissions de CO₂ en moins par rapport au recyclage, selon l’ADEME. Il crée des emplois non délocalisables. Il incite à consommer local. Et il éduque à une forme de responsabilité.
Le retour de la consigne, ce n’est pas juste une affaire de nostalgie. C’est une vision. Celle d’une économie circulaire, sobre, où chaque bouteille compte. Alors, la France attend quoi ?
Crédit photo : Pixabay
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Merci pour le coup de projecteur sur notre nouvel ouvrage. Sylvie et Franck.
Bonjour Pierre. Merci pour ces précisions et nous aussi, nous irons en septembre 2026 depuis notre Bretagne ! Kenavo ar…
Bonjour, Permettez moi une petite rectification de votre article. En effet Greg Lynn est PDG de Piaggio Fast Forward, une…