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Musique

Les Lacs du Connemara de Michel Sardou : la légende d’un hymne populaire français

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Le chanteur français Michel Sardou le 2 juin 2014 lors de la cérémonie des Molières à Paris

Avec 26 albums studio et plus de 100 millions de disques vendus, Michel Sardou demeure l’un des chanteurs les plus emblématiques de la chanson française. Auteur de tubes intergénérationnels tels que La Maladie d’amour, Je vais t’aimer ou Les Ricains, il a marqué plusieurs décennies par ses textes puissants, ses prises de position tranchées et sa voix inimitable. Mais s’il est une chanson qui a traversé le temps pour devenir un véritable phénomène collectif, c’est bien Les Lacs du Connemara, sorti en 1981.

Une naissance presque accidentelle

L’histoire de Les Lacs du Connemara débute de façon inattendue. Lors d’une séance d’enregistrement en 1981, le synthétiseur d’un des musiciens, Jean-Pierre Savelli, tombe en panne et se désaccorde. En appuyant sur les touches, l’artiste obtient alors ce son étrange, presque de cornemuse, qui va inspirer l’introduction mythique du morceau. Cette sonorité, à la fois celtique et majestueuse, donne immédiatement une dimension épique à la chanson, une porte d’entrée vers les grands paysages d’Irlande.

Sardou, séduit par cette ambiance, imagine alors un texte lyrique, écrit en collaboration avec Pierre Delanoë et Jacques Revaux. L’idée : évoquer le Connemara, région sauvage de l’ouest de l’Irlande, symbole d’une nature brute, de traditions fortes et d’un peuple fier. Le morceau mêle ainsi récit historique, émotion romantique et souffle héroïque, le tout sur une orchestration magistrale.

Une épopée musicale hors normes

Longue de plus de six minutes (6 min 37 exactement), Les Lacs du Connemara tranche radicalement avec les formats radio habituels. Pourtant, dès sa sortie sur l’album Les Lacs du Connemara en 1981, la chanson connaît un succès foudroyant.

L’élan des chœurs, les envolées instrumentales et la puissance de la voix de Sardou font mouche. Le public s’empare du refrain, et très vite, le morceau devient un hymne populaire, repris à tue-tête dans les mariages, fêtes de famille, soirées étudiantes et boîtes de nuit. Peu de chansons françaises peuvent se vanter d’une telle postérité festive.

Entre admiration et polémique

Si Les Lacs du Connemara est devenu un symbole de communion et de joie collective, il n’a pas échappé aux controverses. En 2023, la chanteuse Juliette Armanet crée la polémique en qualifiant la chanson de “droite” et de rajouter “c’est vraiment une chanson qui me dégoûte”. Ses propos déclenchent une vague de réactions : indignation d’un côté, soutien de l’autre. Beaucoup rappellent alors que, bien loin d’un message politique, le morceau est avant tout une fresque poétique et musicale célébrant une terre et un peuple, ainsi qu’un succès populaire ancré dans le patrimoine des chansons dites, “de variété”.

Ironie du sort, cette polémique n’a fait que renforcer la popularité du titre, qui connaît depuis un regain d’intérêt auprès des jeunes générations, notamment sur les réseaux sociaux.

Un héritage indestructible

Plus de quarante ans après sa sortie, Les Lacs du Connemara demeure un monument de la chanson française. Peu importe les époques, les opinions ou les styles musicaux : quand retentit son intro reconnaissable entre mille, tout le monde se lève.

Paroles “Les Lacs du Connemara”

Paroliers : Jacques Revaud, Michel Sardou et Pierre Delanoë

Terre brûlée au vent
Des landes de pierres
Autour des lacs, c’est pour les vivants
Un peu d’enfer, le Connemara

Des nuages noirs qui viennent du nord
Colorent la terre, les lacs, les rivières
C’est le décor du Connemara

Au printemps suivant, le ciel irlandais était en paix
Maureen a plongé nue dans un lac du Connemara
Sean Kelly s’est dit “je suis catholique”, Maureen aussi
L’église en granit de Limerick, Maureen a dit “oui”

De Tipperary, Barry-Connelly et de Galway
Ils sont arrivés dans le comté du Connemara
Y avait les Connors, les O’Connolly, les Flaherty du Ring of Kerry
Et de quoi boire trois jours et deux nuits

Là-bas, au Connemara
On sait tout le prix du silence
Là-bas, au Connemara
On dit que la vie, c’est une folie
Et que la folie, ça se danse

Terre brûlée au vent
Des landes de pierres
Autour des lacs, c’est pour les vivants
Un peu d’enfer, le Connemara

Des nuages noirs qui viennent du nord
Colorent la terre, les lacs, les rivières
C’est le décor du Connemara

On y vit encore au temps des Gaëls et de Cromwell
Au rythme des pluies et du soleil
Aux pas des chevaux

On y croit encore aux monstres des lacs
Qu’on voit nager certains soirs d’été
Et replonger pour l’éternité

On y voit encore
Des hommes d’ailleurs venus chercher
Le repos de l’âme et pour le cœur, un goût de meilleur

On y croit encore
Que le jour viendra, il est tout près
Où les Irlandais feront la paix autour de la Croix

Là-bas, au Connemara
On sait tout le prix de la guerre
Là-bas, au Connemara
On n’accepte pas
La paix des Gallois
Ni celle des rois d’Angleterre

DR : Universal Music Publishing Group

Quelques anecdotes à propos de la chanson Les Lacs du Connemara

1. Une intro née d’un accident technique

L’une des plus célèbres anecdotes est celle mentionnée précédemment :

Le clavier du musicien Jean-Pierre Savelli s’est déréglé lors d’une séance d’enregistrement. En appuyant sur les touches, il obtient ce son étrange et nasillard, proche de la cornemuse.
Michel Sardou et le compositeur Jacques Revaux trouvent ce timbre unique et décident de le garder. C’est ainsi que l’introduction mythique du morceau est née, d’un bug technique devenu une signature sonore.

2. Une chanson sur l’Irlande… écrite sans y être allé

Michel Sardou n’avait jamais mis les pieds en Irlande au moment où il a enregistré la chanson ! L’idée d’écrire sur le Connemara vient d’une encyclopédie : son parolier Pierre Delanoë y découvre un article décrivant cette région sauvage et poétique de l’ouest irlandais. Séduits par la musicalité du mot “Connemara” et par les paysages évoqués, ils décident d’en faire le décor d’une fresque lyrique… sans y avoir jamais posé le pied. Sardou ne visitera la région qu’après le succès de la chanson, ému de découvrir les lieux qui avaient tant fait rêver son public.

3. Une durée jugée “impassable” pour la radio

À sa sortie en 1981, la chanson dure 6 minutes et 37 secondes, donc beaucoup trop longue pour les standards radio de l’époque. Certaines stations refusent de la diffuser, estimant qu’elle ne passerait jamais auprès du grand public. Le résultat ? Un succès phénoménal qui leur donnera tort : le titre devient l’un des morceaux les plus emblématiques du répertoire français.

4. Un hymne… des soirées étudiantes et des mariages

Ironie du sort : à sa sortie, Les Lacs du Connemara n’était pas conçu pour être festif. C’est au fil du temps que le morceau a pris une dimension de rituel collectif :

• Dans les écoles de commerce et universités, où il marque souvent la fin de soirée ;
• Dans les mariages et boîtes de nuit, où tout le monde se lève au premier accord.

Les jeunes générations ont transformé une chanson dramatique et historique en un cri de ralliement joyeux.

5. Une chanson difficile à chanter

Michel Sardou lui-même reconnaissait que Les Lacs du Connemara était épuisante à interpréter. Elle exige une grande puissance vocale, notamment dans la montée du refrain et les chœurs finaux. Lors de ses concerts, c’était souvent le morceau de clôture, celui qui faisait vibrer toute la salle, et le chanteur avec.

6. La polémique Juliette Armanet : un “bad buzz” devenu publicité

Comme nous l’évoquions précédemment : en 2023, la chanteuse Juliette Armanet critique la chanson dans une interview, la qualifiant de “chanson de droite” et de “truc immonde”. L’affaire prend une ampleur nationale. Sardou, alors en retraite médiatique, garde le silence, mais le public s’enflamme.

Résultat : les ventes et les écoutes du morceau explosent à nouveau sur les plateformes de streaming, preuve que Les Lacs du Connemara reste un monument indestructible.

7. Un hymne national officieux

En 2018, lors de la Coupe du monde de football, plusieurs vidéos montrent des supporters français chantant Les Lacs du Connemara dans les rues de Moscou ou de Paris. Le morceau devient alors un hymne patriotique officieux, symbole de joie et de rassemblement populaire, dépassant largement la simple chanson française.

Un mythe collectif

Ce morceau, né d’un hasard technique et sublimé par le talent de Michel Sardou et de ses auteurs, continue de fédérer les foules, prouvant qu’une chanson peut dépasser les frontières, les générations et même les polémiques.

“Terre brûlée au vent, des landes de pierres… ”. En quelques mots, Sardou a signé non seulement un tube, mais un mythe collectif, ancré dans la mémoire musicale française.

Crédit photo : Georges Biard© - Michel Sardou le 2 juin 2014 lors de la cérémonie des Molières. Image recadrée. Photo originale ici.
Philippe Pillon

Créateur de MonsieurVintage, Philippe est un passionné de belles mécaniques, de voyages et d’objets qui ont une âme. À travers son regard, chaque moto, voiture ou destination raconte une histoire, dans une quête d’authenticité et d’élégance intemporelle.

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