Cinéma
Un été avec Tarantino : ARTE déclenche le compte à rebours sanglant dès le 22 juin
À partir du 22 juin 2025, ARTE met à l’honneur l’un des réalisateurs les plus emblématiques de sa génération : Quentin Tarantino. Durant plusieurs semaines, la chaîne franco-allemande proposera un cycle exceptionnel composé de six de ses films cultes, accompagnés de deux documentaires inédits. L’un sera consacré à l’homme derrière la caméra, et l’autre à celle qui a su incarner, avec une intensité rare, certains de ses personnages les plus marquants : Uma Thurman. Un rendez-vous immanquable pour les cinéphiles, les amoureux du 7e art… et les fans de dialogues ciselés et de références vintage.
- JACKIE BROWN – 22 JUIN 2025 À 21H00
- Quentin Tarantino – The Bloody Genius – 22 JUIN 2025 À 23H30 1h37mn VOSTF
- Haut en couleur
- KILL BILL VOLUME 1 – 23 JUIN 2025 À 23H10
- Uma Thurman – L’émancipation d’une guerrière – 23 JUIN 2025 À 0H55 51mn VF
- KILL BILL VOLUME 2 – 30 JUIN 2025 À 20H55
- RESERVOIR DOGS – 22 JUIN AU 21 SEPTEMBRE 2025 SUR ARTE TV
- BOULEVARD DE LA MORT – 22 JUIN AU 21 SEPTEMBRE 2025 SUR ARTE TV
- PLANETE TERREUR – 22 JUIN AU 21 SEPTEMBRE 2025 SUR ARTE TV
- Filmographie chronologique (solo) de Quentin Tarantino
- Classement par recettes mondiales (box-office)
Quentin Tarantino : l’enfant terrible devenu maître du cinéma
Avant de devenir une figure incontournable du cinéma mondial, Quentin Tarantino a grandi à Los Angeles, élevé par une mère cinéphile qui l’initie très tôt aux classiques hollywoodiens, aux séries B, aux westerns spaghettis et aux films d’arts martiaux. Le jeune Quentin n’a jamais étudié le cinéma dans une école : il l’a appris seul, par passion et obsession, à travers des milliers d’heures de visionnages. C’est dans un vidéoclub de Manhattan Beach, le Video Archives, que tout commence. Employé modèle et passionné, Tarantino y forge sa cinéphilie encyclopédique et développe un sens aigu du montage, du rythme et des dialogues. C’est aussi là qu’il se lie d’amitié avec Roger Avary, avec qui il coécrira plus tard Pulp Fiction.
Un coup d’éclat nommé Reservoir Dogs
En 1992, Tarantino explose avec Reservoir Dogs, un huis clos brutal et stylisé autour d’un braquage qui tourne mal. Tourné avec un petit budget mais une maîtrise saisissante, le film impose d’emblée une signature : violence graphique, structure non linéaire, dialogues cultes et bande-son rétro. Il devient immédiatement un film-culte.
Le phénomène Pulp Fiction
Deux ans plus tard, Pulp Fiction confirme le génie de Tarantino, qui a véritablement le cinéma dans le sang. Palme d’or à Cannes en 1994, le film tisse un puzzle narratif vertigineux, entre humour noir, philosophie pop et hommage aux pulps et au cinéma de genre. John Travolta y renaît, Samuel L. Jackson explose, et Uma Thurman devient une icône.
Un style reconnaissable entre mille
Tarantino puise son inspiration dans les recoins les plus inattendus du cinéma mondial : films de kung-fu, giallo italiens, westerns de série Z, films de blaxploitation… Il digère tout, pour mieux créer des œuvres à la fois référentielles et profondément personnelles. Sa caméra adore les travellings lents, les gros plans de pieds, les ellipses narratives et les explosions de violence stylisées. Ses dialogues, ciselés comme des morceaux de stand-up, sont devenus sa marque de fabrique.
Une filmographie courte mais dense
En tout, Quentin Tarantino s’est juré de ne réaliser que 10 films. Ce vœu, maintes fois commenté, s’apparente à une manière de contrôler sa légende. Après Pulp Fiction, il enchaîne avec Jackie Brown, Kill Bill (Vol. 1 et 2), Death Proof, Inglourious Basterds, Django Unchained, The Hateful Eight et Once Upon a Time… in Hollywood. Chacun explore un genre précis, tout en injectant ce ton si particulier qui fait la “patte Tarantino”.
Une empreinte indélébile
Tarantino aura su imposer une esthétique, une vision et une liberté artistique que peu de cinéastes ont su conserver aussi longtemps. Il a influencé une génération entière de réalisateurs, redéfini les codes du dialogue au cinéma, et remis en lumière des pans entiers de la culture populaire oubliée. S’il tient sa promesse de s’arrêter après dix longs-métrages, le cinéma perdra une voix singulière — mais il ne perdra jamais son empreinte.
CYCLE TARANTINO SUR ARTE – LE PROGRAMME
JACKIE BROWN – 22 JUIN 2025 À 21H00
Acculée, Jackie Brown tente de doubler les flics comme le truand qui l’emploie. L’excellent et hilarant hommage de Tarantino aux films de la Blaxploitation, avec une Pam Grier irrésistible.
Convoyeuse de fonds pour arrondir ses fins de mois, Jackie Brown, officiellement hôtesse de l’air, se fait prendre en flagrant délit par deux policiers. Ceux-ci la relâchent, à condition qu’elle coopère et fasse tomber Ordell, le truand pour lequel elle travaille. Mais celui-ci ne plaisante pas et risque de la tuer avant qu’elle ait fini de se mettre à table. Jackie décide alors de jouer un tour audacieux aux uns comme aux autres, et de toucher le jackpot lors du prochain convoi.
Éblouissant come-back
Près de trente ans après, cet hommage à la Blaxploitation garde sa saveur épicée. En contrepoint de l’éblouissant come-back de Pam Grier (Jackie Brown), l’ex-“Panthère noire de Harlem”, et de Samuel L. Jackson, excellent en psychopathe impérial, le tandem bancal formé par Bridget Fonda et Robert De Niro n’a rien perdu de son comique. Comme dans Pulp Fiction, les personnages continuent à clouer le bec de leurs contradicteurs avec leur flingue, mais le film adopte un rythme plus planant qui, loin d’affaiblir l’intrigue, lui confère une langoureuse souveraineté, renforcée par une BO somptueuse et des dialogues ciselés.
JACKIE BROWN
Film de Quentin Tarantino (États-Unis, 1997, 2h28mn, VF/VOSTF) – Scénario : Quentin Tarantino, d’après le roman d’Elmore Leonard – Avec : Pam Grier, Samuel L. Jackson, Robert Forster, Bridget Fonda, Michael Keaton, Robert De Niro, Michael Bowen, Chris Tucker – Production : Lawrence Bender Productions, Miramax Films, A Band Apart.
Ours d’argent du meilleur acteur (Samuel L. Jackson), Berlinale 1998
L’avis de Monsieur Vintage : JACKIE BROWN est incontestablement le meilleur film de Tarantino. Pourquoi ? Pour sa bande son fabuleuse d’une part, véritable pépite de Soul, le personnage tenu par De Niro d’autre part et la présence de Pam Grier, icône Blaxploitation par excellence.

Pam Grier (Jackie Brown) dans “Jackie Brown” (1997) de Quentin Tarantino. Icône de la “Blaxploitation”. Crédit photo : A Band Apart© – All Rights Reserved.

Robert De Niro (Louis Gara) et Samuel L. Jackson (Ordell Robbie) dans “Jackie Brown” (1997) de Quentin Tarantino. Crédit photo : A Band Apart© – All Rights Reserved.
Quentin Tarantino – The Bloody Genius – 22 JUIN 2025 À 23H30
1h37mn
VOSTF
Plongée dans presque trente ans de carrière du maître iconoclaste Quentin Tarantino, bad boy d’Hollywood autant adulé que controversé.
“Les films sont ma religion et Dieu, mon mécène.” À 62 ans, Quentin Tarantino figure parmi les cinéastes les plus influents de sa génération. Amateur compulsif de la Blaxploitation, de films hongkongais et de cinéma populaire, cet autodidacte s’est bâti une culture cinéphilique en vendant des cassettes VHS dans un vidéoclub de Californie. En 1992, grâce à son cachet de sosie d’Elvis dans une série télévisée, il réalise son premier film, le très noir Reservoir Dogs. Avec ce huis clos ultraviolent à l’humour décapant, aussitôt sélectionné à Cannes, Quentin Tarantino commence à forger sa légende comme à imposer ses fameuses bandes originales devenues sa signature. Deux ans plus tard, il rafle la Palme d’or avec Pulp Fiction et son iconique scène de danse entre Uma Thurman et John Travolta. Dans Jackie Brown et Kill Bill, ce touche-à-tout combine son amour des films de genre et sa fascination pour les fortes figures féminines. Sur les tournages, le bad boy d’Hollywood, pétri de pop culture, met un point d’honneur à réaliser les cascades sans trucages, à l’image des courses-poursuites déjantées de Boulevard de la mort, l’échec commercial de sa carrière. Cet iconoclaste n’hésite pas à tuer Hitler dans Inglourious Basterds ou à (ab)user du “N word” dans Django Unchained – il sera accusé de racisme. Citant ses maîtres pour mieux les revisiter, il ressuscite le format 70 mm dans Les 8 salopards ou égratigne Bruce Lee dans Once Upon a Time… in Hollywood, fresque nostalgique du Los Angeles de son enfance. Un goût pour la provocation qui lui vaut d’être autant acclamé que contesté.

“The Bloody Genious” : un reportage passionnant sur le génie sanglant d’Hollywood. Crédit : Koch Films©
Haut en couleur
Sur un rythme survolté et un graphisme haut en couleur – clin d’œil à l’esthétique “tarantinienne”, ce documentaire passe en revue l’éclectique et flamboyante filmographie du cinéaste star. Grâce à un riche fonds d’archives et aux témoignages de personnalités du cinéma – Michael Madsen, Samuel L. Jackson, Uma Thurman ou encore Christoph Waltz, la réalisatrice Tara Wood éclaire le travail de ce minutieux (et sportif !) directeur d’acteur, livrant au passage de savoureuses anecdotes. On (re)découvre ainsi comment Tarantino a préféré tuer lui-même Diane Kruger dans Inglourious Basterds ou encore la formidable maladresse de Leonardo DiCaprio à l’origine d’une des scènes les plus mémorables de Django Unchained. Le portrait nourri d’un maître qui a imprimé sa marque et son style au cinéma mondial.
Documentaire de Tara Wood (États-Unis, 2019, 1h37mn) – Production : Wood Entertainment.
KILL BILL VOLUME 1 – 23 JUIN 2025 À 23H10
Relecture au féminin des films de sabre et de kung-fu, le quatrième opus de Quentin Tarantino est un éblouissant festival de références cinéphiliques, avec une Uma Thurman magistrale en guerrière vengeresse.
Ex-tueuse à gages, une jeune femme enceinte, qui s’apprête à se marier, est massacrée avec les autres membres de la noce dans une chapelle perdue au cœur du Texas. Plongée dans le coma durant quatre ans, celle dont on ignore le nom se réveille soudainement. Meurtrie par la perte de son enfant, elle n’aura de cesse d’assouvir sa vengeance envers les auteurs de la tuerie, qui s’avéreront être ses anciens complices du gang du Détachement international des vipères assassines, dirigé par le mystérieux Bill. O-Ren Ishii, devenue reine du crime organisé à Tokyo, et Vernita Green, reconvertie en paisible mère au foyer californienne, figurent en premières places sur la liste de la Mariée, laquelle répond aussi au surnom de Black Mamba, un serpent des plus dangereux.
La samouraï
Scindé en deux parties sur décision des producteurs de Miramax inquiets de sa longueur, le quatrième long métrage de Quentin Tarantino est devenu un diptyque. Revisitant les codes virils du film d’action selon un point de vue résolument féminin, le premier volet rend un hommage aussi foisonnant que passionné aux films d’arts martiaux hongkongais (wu xia pian) et de sabre japonais (chanbara) ainsi qu’au cinéma d’exploitation des seventies qui ont bercé la jeunesse du plus cinéphage des réalisateurs américains. De l’iconique costume jaune porté par Bruce Lee dans son dernier film au personnage de Hattori Hanzo déjà joué par Sonny Chiba dans une série télé nipponne de 1980, en passant par la présence de l’actrice (Chiaki Kuriyama) de Battle Royale de Fukasaku ou par la liste de noms de La mariée était en noir de Truffaut, les citations sont légion. Aussi ludique que violent, visuellement splendide dans son alternance de séquences animées, en ombres chinoises, en split screen ou en noir et blanc, Kill Bill vol. 1 s’achève sur un combat d’anthologie magnifiquement chorégraphié, qui allie virtuosité, humour et hémoglobine. Porté par une bande-son mémorable, le récit à la narration éclatée fait la part belle à ses actrices, de l’impériale Lucy Liu à la glaciale Daryl Hannah. Quant à Uma Thurman, sidérante en impitoyable samouraï blonde, laconique et solitaire, elle est tout simplement inoubliable.
KILL BILL VOLUME 1
Film de Quentin Tarantino (États-Unis, 2003, 1h46mn, VF/VOSTF) – Scénario : Quentin Tarantino – Avec : Uma Thurman, Lucy Liu, Daryl Hannah, Sonny Chiba, Vivica A. Fox, David Carradine, Julie Dreyfus, Chiaki Kuriyama, Michael Madsen – Production : Miramax Films, A Band Apart, Shaw Brothers, Super Cool ManChu.
L’avis de Monsieur Vintage : KILL BILL volume 1 est troisième de notre classement derrière le fabuleux PULP FICTION. Pour son esthétisme d’une part, sa scène de combat incroyable dans le restaurant japonais, le fait d’assumer totalement une passion pour le cinéma asiatique et notamment coréen, sans oublier la vengeance, rarement aussi bien mise en scène au cinéma.

Uma Thurman (La Mariée) et Lucy Liu (O-Ren Ishii) dans “Kill Bill Vol.1” (2003) de Quentin Tarantino. Crédit photo : Lions Gate Films INC©. All Rights Reserved.

Uma Thurman dans la fameuse scène du massacre dans le restaurant japonais de KILL BILL VOLUME 1. Crédit photo : Lions Gate Films INC©. All Rights Reserved.

Vivica A. Fox (Vernita Green), Daryl Hannah (Elle Driver), Michael Madsen (Budd) et Lucy Liu (O-Ren Ishii) dans “Kill Bill Vol.1” (2003) de Quentin Tarantino. Crédit photo : Lions Gate Films INC©. All Rights Reserved.
Uma Thurman – L’émancipation d’une guerrière – 23 JUIN 2025 À 0H55
51mn
VF
Révélée dans des rôles de fausse ingénue, Uma Thurman s’est vue immortalisée en icône du cinéma indépendant, puis en étendard de la revanche des femmes. Retour sur son parcours de guerrière, pas exempt de blessures.
Terry Gilliam parlait d’elle comme d’un “cygne venu d’ailleurs“. Elle, dans ses jeunes années, se voyait plutôt comme une girafe. Une grande gigue blonde de 1 mètre 83, qui ne savait pas très bien quoi faire de son corps. Devenue mannequin à 15 ans après une enfance paisible dans un milieu intellectuel bohème, elle s’est très tôt sentie capturée par le regard des hommes. Une expérience qu’elle va vivre plusieurs fois dans sa carrière, avec plus ou moins de violence : à ses débuts, lorsqu’on ne lui propose que des rôles fondés sur son sex-appeal, après avoir éclot dans Les aventures du baron de Münchausen et Les liaisons dangereuses, où elle campait de jeunes ingénues à la sensualité prête à déborder. Plus tard, devant la caméra de Quentin Tarantino, qui en a fait une égérie du cinéma indépendant (Pulp Fiction), puis un emblème de la revanche des femmes (Kill Bill), suscitant en elle une reconnaissance mêlée de gêne, tant le tournage du second opus aura été éprouvant. Enfin, en tant que victime d’agression sexuelle de la part du producteur Harvey Weinstein, à qui elle est parvenue à tenir tête.

Uma Thurman – L’émancipation d’une guerrière. Crédit photo : © United Archives/kpa Publicity Stills
Colère contenue
De tout cela, Uma Thurman a témoigné. Après coup, car pour parler, elle attendait que la colère si longtemps contenue baisse en intensité. C’est de cette femme-là, forte, digne, mais blessée, que ce documentaire brosse le portrait, faisant entendre en voix off des extraits de ses prises de parole parues dans les journaux ces dernières années. Son amie réalisatrice Mira Nair et la critique Violet Lucca témoignent de sa force de caractère et montrent à quel point sa voix a été (est encore) inspirante pour d’autres comédiennes. D’autres témoins, comme Andrzej Sekula, le chef opérateur des premiers films de Quentin Tarantino, et la costumière Catherine Thomas, se souviennent d’elle au travail, rappelant combien certains de ses personnages ont marqué l’inconscient collectif.
Documentaire de Lukas Hoffmann (Allemagne, 2024, 52mn) – Production : Broadview TV, en association avec ZDF/ARTE.
KILL BILL VOLUME 2 – 30 JUIN 2025 À 20H55
La suite de l’épopée vengeresse de la Mariée (Uma Thurman), dans un second volet où l’univers du western croise celui du kung-fu, entre humour sanglant et citations cinéphiles.
Une chapelle isolée du Texas se dessine, immaculée, dans le noir et blanc élégant qui ouvre ce second volet. S’y déroule la répétition d’une cérémonie nuptiale. La future mariée, enceinte et accablée de chaleur, s’en extirpe et se glisse au-dehors, au son des notes d’une flûte traversière. Bill, son mentor et amant dans une vie passée, chef d’un gang de tueurs à gages, l’a retrouvée. Quelques années plus tard, la jeune femme entreprend de traquer les auteurs du massacre de la chapelle et de se venger. Précédée de sa réputation, Beatrix va devoir affronter Bud, videur d’une boîte de nuit minable, qui se montre redoutablement sadique, puis sa rivale, la cynique et borgne Elle Driver, maniant aussi bien le sabre japonais que l’usage du poison. Avant d’atteindre son objectif ultime : tuer Bill.
Kung-fu master
Présenté au Festival de Cannes juste avant sa sortie en France en mai 2004, ce deuxième volet de Kill Bill emprunte un rythme plus lent que le précédent et accorde davantage de place aux dialogues et à l’humanité des personnages, tout en conservant l’humour décalé et l’ironie typiques de Quentin Tarantino. Placé sous le patronage hybride des westerns-spaghettis de Sergio Leone ou Sergio Corbucci et des films d’arts martiaux hongkongais tels que La 36e chambre de Shaolin (1978) dont l’acteur star Gordon Liu interprète d’ailleurs ici l’intraitable maître Pai Mei, cette suite se révèle tout aussi riche en clins d’œil cinéphiles, à commencer par le choix du comédien qui incarne l’énigmatique Bill, l’épatant David Carradine, héros de la célèbre série des années 1970 Kung Fu. Si le personnage d’Uma Thurman se montre plus sauvage que jamais en combattante acharnée, le film retrace aussi l’évolution de sa relation à Bill et son émancipation. Elle passe du statut d’enfant et d’élève (en témoigne son patronyme, Kiddo, qui se traduit par “mon petit”, ou encore son attitude juvénile et admirative face à Bill dans les flash-back) à celui de mère et d’égale dans la dernière et longue séquence où son instinct maternel la verra triompher du père/maître/tortionnaire. Car Kill Bill se veut aussi, derrière la déclaration d’amour fou au cinéma, une ode à la figure maternelle de la part d’un réalisateur élevé par une mère célibataire admirée. Mais près d’une décennie et demie après la sortie du film, Uma Thurman mit un bémol à ce discours émancipateur, en révélant avoir subi un grave accident lors du tournage, causé par l’obstination de Quentin Tarantino à lui faire exécuter une cascade en voiture qu’elle refusait. Un drame longtemps dissimulé à la demande de la production et notamment d’Harvey Weinstein. Le cinéaste a confié par la suite que cet épisode était “l’un des plus grands regrets de [sa] vie”.
KILL BILL VOLUME 2
Film de Quentin Tarantino (États-Unis, 2004, 2h12mn, VF/VOSTF) – Scénario : Quentin Tarantino – Avec : Uma Thurman, David Carradine, Daryl Hannah, Michael Madsen, Gordon Liu – Production : Miramax Films, A Band Apart, Super Cool ManChu.
L’avis de Monsieur Vintage : KILL BILL VOLUME 2 s’inscrit dans une suite logique et cohérente du premier opus. On a aimé l’ouverture du film en noir & blanc, très esthétique et vintage à la fois. Certaines scènes sont devenues cultes, comme celle du massacre à l’église, ou la scène de bagarre dans le mobil home du frangin de Bill, sans oublier le passage assez long du pèlerinage chez Pai Mei, amusant et rafraichissant, au fond, même si la pauvre Mamba s’en prend plein la trogne. Nous le classons 4ème dans la filmographie Tarantino.

Uma Thurman (La mariée) dans “Kill Bill – volume 2” de Quentin Tarantino. Crédit photo : Lions Gate Films Inc© – All Rights Reserved.

Quentin Tarantino ou le don de faire revenir des acteurs cultes devant la caméra (John Travolta, Palm Grier). Ici, David Carradine (Bill) dans “Kill Bill – volume 2” de Quentin Tarantino. Crédit photo : Lions Gate Films Inc© – All Rights Reserved.
RESERVOIR DOGS – 22 JUIN AU 21 SEPTEMBRE 2025 SUR ARTE TV
Six malfrats sont chargés de braquer une bijouterie, mais le casse tourne mal. Les survivants règlent leurs comptes, convaincus qu’ils ont été dénoncés. Le premier film, sanglant et déjanté, de Tarantino, qui annonce toutes ses œuvres à venir.
Joe Cabot embauche six truands affublés de surnoms de couleur pour commettre un braquage. Mais le coup échoue suite à un guet-apens de la police. L’un des braqueurs, Mr. Orange, est grièvement blessé, tandis que deux autres ont péri dans l’attaque. Mr. White emmène l’éclopé à l’entrepôt où ils doivent se partager le butin. Bientôt rejoints par Mr. Pink, qui a réussi à emporter des diamants, les survivants s’interrogent : qui a prévenu la police ? L’un d’eux les a-t-il trahis ? Pourquoi Mr. Blonde a-t-il ouvert le feu comme un fou ?
Polar réinventé
Dès le début, le style Tarantino est à l’œuvre. Pour préparer leur casse, les gangsters dissertent de longues minutes sur “Like a Virgin” de Madonna et s’écharpent sur le fait de donner ou non un pourboire à la serveuse. Loin des clichés du polar, le cinéaste américain réinvente le genre avec ses propres références. Dialogues ciselés, culture populaire omniprésente, acteurs charismatiques, tout y est. Tarantino affirme aussi déjà son appétence à filmer la violence extrême, qui jalonnera chacun de ses films, avec la fameuse scène de l’oreille, accompagnée par la magnifique bande-son de la radio fictive très seventies K-Billy. Dans ce premier long métrage déjanté, le réalisateur fait du huis clos son décor principal avant de le dynamiter à coups de flash-back qui déroutent le spectateur, parfois en avance sur les personnages, parfois pris à contre-pied. Dans la peau de ces truands que l’on n’arrive pas à détester, Tim Roth, parfait dans sa lente agonie, et Harvey Keitel, en vieux malfrat qui se découvre une conscience, se distinguent. Brillant, drôle et percutant, Reservoir Dogs, une révélation à sa sortie, se regarde avec toujours autant de bonheur.
RESERVOIR DOGS
Film de Quentin Tarantino (États-Unis, 1992, 1h33mn, VF/VOSTF) – Scénario : Quentin Tarantino – Avec : Harvey Keitel, Tim Roth, Michael Madsen, Chris Penn, Lawrence Tierney, Steve Buscemi, Quentin Tarantino – Production : Dog Eat Dog Productions Inc., Live Entertainment.
L’avis de Monsieur Vintage : premier film de Tarantino, RESERVOIR DOGS n’en comporte pas moins tous les codes qui feront du réalisateur sanglant ce qu’il allait devenir. Une tension palpable tout au long du film, une balance au milieu, une violence qui monte et un huis clos irrespirable, sans oublier la scène culte où Michael Madsen se met à entamer quelques pas de danse. RESERVOIR DOGS est 5ème dans notre classement, sur les 10 films de Tarantino.

Michael Madsen (M. Blonde), Harvey Keitel (M. White/Larry), Steve Buscemi (M. Pink) et Tim Roth (M. Orange) dans “Reservoir Dogs” de Quentin Tarantino (1992). Crédit photo : Dog Eat Dog Productions Inc© – All Rights Reserved.

Michael Madsen (M. Blonde), Harvey Keitel (M. White/Larry) et Steve Buscemi (M. Pink) dans “Reservoir Dogs” de Quentin Tarantino (1992). Crédit photo : Dog Eat Dog Productions Inc© – All Rights Reserved.
BOULEVARD DE LA MORT – 22 JUIN AU 21 SEPTEMBRE 2025 SUR ARTE TV
Un cascadeur serial killer (Kurt Russell) pourchasse des jeunes femmes délurées au volant de son bolide. Entre amour inconditionnel et savoureuse dérision, un pastiche jubilatoire du cinéma d’exploitation des seventies par le maestro Quentin Tarantino. Mike, un cascadeur balafré, cueille des jeunes femmes à la sortie des bars pour les tuer d’une étrange manière : avec une Chevrolet indestructible, qui protège du danger uniquement son conducteur. À Austin, après avoir explosé la tête d’une de ses victimes sur le tableau de bord, Mike prend en chasse trois copines, Arlene, Shanna et la DJ “Jungle” Julia, star d’une radio locale, avant de provoquer une collision mortelle avec leur véhicule. Quatorze mois plus tard, le psychopathe, désormais dans le Tennessee et au volant d’une Dodge, se lance à la poursuite de Lee, Abernathy, Kim et Zoë, qui toutes travaillent dans le cinéma, dont l’une comme cascadeuse. Mais les filles résistent au choc et traquent à leur tour leur agresseur…
Girl power
Pour son sixième long métrage, passablement boudé par les spectateurs, entre les succès de Kill Bill et d’Inglourious Basterds, Quentin Tarantino pousse à son paroxysme l’hommage au cinéma bis qui traverse sa flamboyante filmographie. Pellicule granuleuse et jaunie, zooms et coupes abruptes, bande-son entaillée… : s’il parsème son récit de marqueurs de modernité (dont un téléphone portable et sa sonnerie empruntée à la BO de… Kill Bill), le réalisateur fait revivre avec un soin maniaque l’esprit libertaire et l’esthétique sauvage des productions seventies qu’il affectionne tant, du slasher (qui met en scène des tueurs en série à l’arme ou au faciès atypiques) au film de course-poursuite (à commencer par Point limite zéro de Richard C. Sarafian, référence du genre plusieurs fois citée). Mais si ce pastiche fétichiste subjugue autant, c’est aussi parce que le cinéaste y appose sa touche personnelle, laissant libre cours à son humour décalé, à son formalisme renversant et à son goût immodéré pour la musique et les dialogues. Face au redoutable meurtrier (le génial Kurt Russell), Tarantino fait défiler une bande de supernanas libérées, dans les actes comme dans leur torrent de paroles, qui s’offriront une vengeance délectable en forme d’apothéose sanglante.
BOULEVARD DE LA MORT
(Death Proof) Film de Quentin Tarantino (États-Unis, 2007, 1h49mn, VF/VOSTF) – Scénario : Quentin Tarantino – Avec : Kurt Russell, Rosario Dawson, Rose McGowan, Sydney Tamiia Poitier, Zoë Bell, Quentin Tarantino – Production : A Band Apart, Dimension Films, Troublemaker Studios, Rodriguez International Pictures, The Weinstein Company.
L’avis de Monsieur Vintage : Boulevard de la mort est un film décevant, qui contient trop de dialogues entre filles autour de nombreux shots. La scène de poursuite est fabuleuse et sauve l’honneur, mais c’est pour nous le moins bon des Tarantino.

Mary Elizabeth Winstead (Lee) dans “Boulevard de la mort” de Quentin Tarantino (2007). Crédit photo : Lions Gate Films Inc© – All Rights Reserved.

Sydney Tamiia Poitier (Jungle Julia) dans “Boulevard de la mort” de Quentin Tarantino (2007). Crédit photo : Lions Gate Films Inc© – All Rights Reserved.

Un autre acteur que Tarantino a fait revenir sur le devant de la scène avec John Travolta, Palm Grier et David Carradine : Kurt Russel. Ici, Kurt Russell (Mike le cascadeur) dans “Boulevard de la mort” de Quentin Tarantino (2007). Crédit photo : Lions Gate Films Inc© – All Rights Reserved.

Clin d’oeil au cinéma Français et à Brigitte Bardot : l’affiche N&B au mur. Une fois de plus, Tarantino sublime les pieds féminins, sa passion. Ici, Sydney Tamiia Poitier (Jungle Julia) dans “Boulevard de la mort” de Quentin Tarantino (2007). Crédit photo : Lions Gate Films Inc© – All Rights Reserved.
PLANETE TERREUR – 22 JUIN AU 21 SEPTEMBRE 2025 SUR ARTE TV
Touchés par un gaz toxique échappé d’une base militaire, les habitants d’une ville texane se transforment en zombies assoiffés de sang. Avec la complicité de Quentin Tarantino, une farce jouissive et régressive, ivre des excès de l’imagination débordante de Robert Rodriguez.
Dans une base militaire du Texas, un affrontement entre les soldats du lieutenant Muldoon et des trafiquants de gaz toxique tourne au désastre : l’agent biochimique s’échappe dans l’air et se répand dans la région. L’impact sur les habitants des environs est immédiat. La go-go danseuse Cherry se fait arracher une jambe par des cannibales, tandis qu’un couple de médecins, William et Dakota Block, voit déferler à l’hôpital des patients aux plaies purulentes. Très vite, les malades deviennent des zombies agressifs. Ceux qui ne sont pas infectés s’organisent pour entrer en résistance…
“Tex Avery” gore
Dans ce film-fête foraine, chaque attraction, tournant à plein régime, ne propose qu’un seul thème : le jeu de massacre. Ne reculant devant aucune outrance et exultant à l’avance des hauts-le-cœur qu’il va provoquer chez ses spectateurs, Robert Rodriguez fait de la surenchère un art, témoignant, à sa manière, d’un certain sens du raffinement. Le Texan saute à pieds joints dans toutes les flaques sanguinolentes que sa créativité compulsive lui permet de creuser sous les pieds traînants d’une cible idéale : les zombies, stock inépuisable de ressources (post)humaines. Rarement aura-t-on vu un tel feu d’artifices (au pluriel) de tripes, boyaux et furoncles suppurants. Rarement, aussi, aura-t-on autant ri, car Planète Terreur est avant tout une petite boutique des horreurs, conçue en hommage fendard aux séries B et Z. Aux États-Unis, il est d’ailleurs sorti sous la forme d’un diptyque, complété par Boulevard de la mort de Quentin Tarantino, lequel incarne un violeur châtié sous la caméra de son complice. Au final, ce qui suinte, coule et dégouline de ce “Tex Avery” gore, c’est d’abord un amour immodéré, et sans concession, du cinéma.
PLANETE TERROR
(Planet Terror) Film de Robert Rodriguez (États-Unis, 2007, 1h41mn, VF/VOSTF) – Scénario : Robert Rodriguez – Avec : Rose McGowan, Freddy Rodríguez, Marley Shelton, Josh Brolin, Jeff Fahey, Michael Biehn, Naveen Andrews, Bruce Willis, Quentin Tarantino – Production : Dimension Films, The Weinstein Company, A Band Apart, Troublemaker Studios, Rodriguez International Pictures.
L’avis de Monsieur Vintage : attention, ce film n’est pas réalisé par Tarantino, qui y tient seulement un petit rôle. C’est son pote de plateaux Robert Rodriguez qui est derrière la caméra, pour ce long-métrage à visionner comme une BD gore qui fait sourire et se laisse facilement regarder.

Rose McGowan (Cherry Darling/ Palomita) et Freddy Rodriguez (El Wray) dans “Planète Terreur” de Robert Rodriguez (2007). Crédit photo : Lions Gate Films Inc© – All Rights Reserved.

Bruce Willis (Lieutenant Muldoon) dans “Planète Terreur” de Robert Rodriguez (2007). Crédit photo : Lions Gate Films Inc© – All Rights Reserved.
Tarantino : 10 films, pas un de plus
Depuis ses débuts, le réalisateur Quentin Tarantino a annoncé qu’il arrêterait sa carrière de réalisateur, après 10 films. Nous y sommes. L’occasion de reprendre sa filmographie de façon chronologique, puis au travers d’un classement en partant du long-métrage qui a le mieux marché en salles, à celui qui a rapporté le moins de recettes.
Filmographie chronologique (solo) de Quentin Tarantino
1. Reservoir Dogs, 1992
2. Pulp Fiction, 1994
3. Jackie Brown, 1997
4. Kill Bill: Volume 1, 2003
5. Kill Bill: Volume 2, 2004
6. Death Proof, 2007
7. Inglourious Basterds, 2009
8. Django Unchained, 2012
9. The Hateful Eight, 2015
10.Once Upon a Time in Hollywood, 2019
Classement par recettes mondiales (box-office)
(Sources : Box Office Mojo, The Numbers, chiffres arrondis)
Rang Titre Recette mondiale estimée
1 Django Unchained (2012) ≈ 426 M$
2 Once Upon a Time in Hollywood (2019) ≈ 377 M$
3 Inglourious Basterds (2009) ≈ 321 M$
4 Pulp Fiction (1994) ≈ 213 M$
5 Kill Bill: Volume 1 (2003) ≈ 180 M$
6 The Hateful Eight (2015) ≈ 156 M$
7 Kill Bill: Volume 2 (2004) ≈ 152 M$
8 Jackie Brown (1997) ≈ 74 M$
9 Death Proof (2007) ≈ 31 M$ (Grindhouse total)
10 Reservoir Dogs (1992) ≈ 2,8 M$
Remarques :
• Reservoir Dogs est devenu culte après sa sortie mais fut un semi-échec commercial initial.
• Death Proof faisait partie du diptyque Grindhouse (avec Planet Terror de Robert Rodriguez), qui a globalement échoué au box-office.
• Les films post-Kill Bill sont globalement tous des succès critiques et commerciaux.

Créateur de MonsieurVintage, Philippe est un passionné de belles mécaniques, de voyages et d’objets qui ont une âme. À travers son regard, chaque moto, voiture ou destination raconte une histoire, dans une quête d’authenticité et d’élégance intemporelle.
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Faut pas s'aimer pour rouler avec une moto sois disante française mash.. la gt surtout : à mourir de rire..…
Merci pour cet article captivant sur le vintage, une belle plongée dans l'histoire des objets rétro.
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