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"Alleluia" de Fabrice Du Welz

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Alleluia 2
Laurent Lucas joue le rôle du séducteur « Michel »

Quand on demande à Fabrice Du Welz, réalisateur, pourquoi il a tourné son nouveau film : « Alleluia » sur pellicule et en format 16mm, « à l’ancienne » en quelque sorte, celui-ci nous répond que « le digital n’arrive pas à la cheville du film », qui est beaucoup plus « organique » et « physique ». Il ajoute que pour travailler en basse lumière, et restituer des zones sombres, transmettre le côté « noir » de son film, rien ne valait la bonne vieille pellicule. Le 16mm a été d’autant préféré au 35mm car le film devait être « poisseux, et proche d’une humanité malade » a indiqué le réalisateur après la projection de son film.

Alleluia 3
Lola Duenas interprète sa maîtresse : « Gloria »

Nous nous sommes rendus hier soir au « Forum des Images » de Paris, afin d’assister en avant-première à la projection de la dernière réalisation du cinéaste belge. Pour être sombre, il l’est ce film, et c’est une belle réussite.
Le synopsis reprend l’histoire vraie d’un couple diabolique ; Martha Beck et Raymond Fernandez, qui entre 1947 et 1949 ont détroussé et assassiné une vingtaine de femmes aux Etats-Unis. La tactique était toujours la même, Raymond séduisait des femmes seules, s’installait avec elles et sa maitresse complice Martha, qu’il présentait alors comme sa sœur, pour les détrousser de leurs biens. Le Don Juan machiavélique couchait le plus souvent avec ses victimes, mais Martha étant amoureuse à l’excès, ne le supportait pas, et tua la première à entrer dans le lit de son amant. Ce meurtre devint habitude, et les autres victimes destinées initialement à n’être que délaissées de leurs deniers passaient tout compte fait, de vie à trépas.

Alleluia 1
Héléna Noguerra : « Solange »

Dans le rôle de Raymond, devenu Michel pour le film ; Laurent Lucas, « un acteur sous-exploité en France » selon Fabrice Du Welz, et qu’on ne voit pas assez. Tout chez lui correspondait au rôle du séducteur assassin, d’ailleurs cela transpire à l’écran tellement l’interprétation est magistrale. Sa maîtresse Martha, devenue Gloria est incroyablement bien jouée par l’actrice espagnole Lola Duenas. Un choix que ne regrette pas le réalisateur, qui s’était initialement dirigé vers Yolande Moreau, à qui il avait promis comme il le dit lui-même « un vrai rôle de salope au cinéma » ! Les choses n’ont pas pu se faire, et finalement le couple Lucas/Duenas fonctionne incroyablement bien dans ce film violent, sensuel et sexuel à la fois.

Alleluia 5
Anne-Marie Loop : « Gabriela »

Une violence qui devient vite pesante, dérangeante même, mettant le spectateur mal à l’aise dès les 20 premières minutes. « Alleluia » est un film dont on ne sort pas indemne, qui magnifie l’amour dans tous ses excès, les plus beaux et les plus dramatiques, avec cet ingrédient que Fabrice Du Welz a su rajouter avec brio ; l’humour. Car Ces assassins amoureux n’en manquent pas au fond, la scène où Michel réplique à une de ses futures victimes en parlant d’un prêtre qui lui réclamait sans cesse de l’argent ; « S’il veut des enveloppes, il n’a qu’a aller à La Poste », est succulente. Celle où avec cette même maîtresse improbable (jouée par Anne-Marie Loop) il lui lèche la langue en lui disant « quoi non » devient également drôle, alors qu’elle devrait prêter à l’effroi. Des temps de respiration qui nous font tenir jusqu’au bout de cette histoire d’amour sublimée par le meurtre.

Alleluia 4
                                   Stéphane Bissot interprète « Madeleine »

L’actrice belge Héléna Noguerra interprète la belle Solange, et sa compatriote Stephane Bissot  joue le rôle de l’amie de Gloria ; Madeleine. C’est elle qui, initialement, conseille à Gloria de passer par les petites annonces pour rencontrer tout compte fait, celui dont elle tombera éperdument amoureuse. Une Stephane Bissot qui me rappelle l’actrice française aux yeux magnifiques ; Marie Dubois, et qu’on espère voir plus souvent au cinéma.

 

Le film sortira dans les semaines à venir en France, aucune date n’a encore été précisée, et fait partie d’une trilogie débutée avec le film « Calvaire » en 2004. Fabrice Du Welz, ce réalisateur talentueux qui « met sa caméra au service des personnages » sortira également un autre film ; « Colt 45 » au mois d’août prochain. Il s’agit d’une histoire policière avec Gérard Lanvin et Joey Starr.

Héléna Noguerra nous parle du film :

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