Musique
Nicolas Ullmann : interview du "Lord Brett Sinclair" du métal et de la nuit parisienne
INTERVIEW NICOLAS ULLMANN POUR MONSIEUR VINTAGE
Pourquoi appelle t’on le 1er mai la « Fête du travail » ? C’est vrai ça, le jour de la « Fête du travail » tout l’monde glande, flemmasse, ou cuve de la veille. On devrait appeler ça la « Fête de la bulle » ou « Le jour des cossards » non ? Bon, hormis la portée plus sociale de cette journée liée à la célébration de l’obtention des 8 heures de travail quotidiennes, c’est un fait que ce jour tout le monde est censé se la couler douce.
Tout le monde ? Pas tout à fait, un village peuplé d’irréductibles « journaleux », musiciens et hommes de scène résistent encore et toujours à cette sacro-sainte célébration du 1er mai. Preuve en est ; Nicolas Ullmann, homme de la nuit parisienne, vampire des énergies débordantes qui vous fait coucher tôt le matin et lever tard le soir. Nicolas lui, quand il donne une interview, c’est le jour du muguet, et ça déjà c’est Rock’n’roll ! Le ton est donné.
C’est dans son appartement parisien que Nicolas Ullmann nous reçoit. Habillé en noir de bas en haut, il nous ouvre la porte et nous reçoit chaleureusement. Tout de suite, il nous met à l’aise et dans un phrasé rapide nous propose un café ou un thé. On comprend tout de suite que l’homme est un hyperactif. Nous proposons de commencer l’interview, il se prête au jeu tout naturellement et là nous découvrons un être loin du personnage des nuits parisiennes, un homme d’une sensibilité incroyable, il nous précise qu’il est avant tout comédien ! Comme c’est un métier où l’on attend beaucoup et dépend des autres, il s’est pris en main ; il prend des cours de musique, se passionne pour l’art en général…mais sa passion première, c’est le déguisement, la transformation, le changement d’être, être ou ne pas être voilà la question.
Il nous dévoile cette anecdote aux sports d’hiver, quand il était ado où il est arrivé avec une perruque sur la tête, pour avoir les cheveux aussi longs que son ami Cyril Bodin, en vacances avec lui à ce moment. Perruque qu’il n’a jamais quittée pendant son séjour, il rêvait de cheveux longs…mais ses parents les préféraient courts, alors dilemme. Même chose à l’école où il venait déguisé, ce qui ne plaisait pas toujours à ses professeurs. Les tenues vestimentaires le passionnent, il n’est pas rare qu’il prenne plus de deux heures pour choisir les effets qu’il enfilera lors de ses soirées au Bus Palladium, qui sont pour lui comme préparer ses valises pour un voyage. En l’écoutant, on comprend que Nicolas Ullmann aime la comédie, même grinçante quelquefois, il est fan d’émissions américaines de divertissement à sketchs comme le Saturday night live.
Egalement grand fan de Jerry Lewis, particulièrement de « Docteur Jerry et mister love », il voue une passion pour le film « La Vie est belle » de Franck Capra et pour le réalisateur américain Billy Wilder. Sa passion pour le cinéma ne s’arrête pas là, Nicolas nous parle du film « Le tombeur de ces dames », « Le zinzin d’Hollywood » mais nous voilà obligés de couper court court car nous avons devisé sur le sujet bien plus que la limite autorisée par son planning. Je suis sûr qu’on aurait pu prolonger sur Jacques Tati et tant d’autres cinéastes, mais le temps était déjà écoulé.
Autre passion qui le dévore, la musique. Sa culture musicale est sans conteste pharaonique, discuter musique avec Monsieur Ullmann, c’est ouvrir le « Who’s who », il est assurément inépuisable sur le sujet, et là, nous pesons nos mots. Il vous racontera avec une passion débordante le dernier concert d’Alice Cooper, en vous disséquant ses accords de guitare, en passant par celui de Neil Young ou Crosby Still and Nash; c’est un vrai fidèle, capable de prendre l’Eurostar pour Londres afin de revoir un concert de rock qu’il a vu deux jours auparavant à Paris.
Ça c’est pour la musique et j’en passe car nous avons également évoqué le cas James Taylor, celui des Beatles et sa passion pour l’Album « Abbey road »…et bien d’autres. Mais sa nicotine à Nicolas, c’est incontestablement le Hard-Rock !…
Et le vintage dans tout ça ? Et bien c’est clair, l’homme en est non seulement la représentation vivante, mais également l’ambassadeur. D’ailleurs tel le diplomate de la pub, toutes ses soirées sont réussies et pourtant, point de Ferrero chez « Nico », mais du Rock, du grimage, et de la déconne mais attention, structurée la déconne, organisée, préparée au millimètre parce qu’on a à faire à un professionnel, un vrai Show-man à l’américaine.
Le présentateur/musicien/chanteur/comédien nous avoue être nostalgique, mais surtout pas passéiste. La nostalgie sert la mémoire, elle nous permet de coller des images, des objets sur des souvenirs. Lorsque vous pénétrez dans l’appartement de Nicolas Ullmann, la pièce principale est composée du nécessaire ambiant, mais surtout, d’objets cultes et vintages, là, prône une platine déjà chargée d’une galette. Pas très loin sont empilés les disques vinyles, le choix et la variété proposés devraient largement satisfaire n’importe quel disquaire.
À côté du canapé, un coffre ouvert au ciel livre une quantité industrielle de cassettes audio, non pas qu’il vive dans le passé (quoiqu’un peu quand même..) mais les objets le passionnent. L’artiste a encore en sa possession quelques cassettes au format VHS neuves, qu’il n’a encore jamais visionnées. C’est vous dire si l’homme est conservateur.
À la question quel serait votre fantasme vintage, après une brève hésitation, il souhaiterait que la mode des années 50 revienne, vous savez celle qui est synonyme de grâce et d’élégance, le côté glamour, pin-up voluptueuse pour les femmes, Le costume gris en flanelle, en coton, en soie ou en laine porté par Cary Grant, ou un Gregory Peck de « Vacances Romaines ». En quelque sorte l’art du beau de l’époque « New-Look », celle où pour pas cher, on pouvait être chic.
Son avenir : des projets d’écriture et de réalisations de films, qui pourraient très bien le combler, avoir un « Show Ullmann » en TV ne serait pas pour le déplaire, nous non plus d’ailleurs. Mais une grande « Première » attends Nicolas ; il sera en effet l’animateur de la nouvelle émission de radio «ROCKING CHAIR» sur Radio Marais (une radio web sur laquelle vous pouvez vous connecter en cliquant ici) le dimanche 4 mai à partir de 20h. Il a reçu le réalisateur Michel Gondry pour sa deuxième émission dont vous pouvez écouter le podcast en cliquant ici. Nicolas Ullmann est un homme passionné qui étudie énormément la technique et qui révise intensément ses fiches. C’est un vrai professionnel, rien n’est fait au hasard même si quelquefois il avoue quelques improvisations. C’est un transmetteur d‘émotions et d’amour.
Quitter Nicolas Ullmann est compliqué pour ne pas dire difficile, car son affection et son hyperactivité vous « obligent » à écouter et partager sa passion. Quelle élégance, quelle classe, c’est probablement le nouveau Lord Brett Sinclair des nuits parisiennes. Salut l’artiste !
Voici d’autres questions plus « Hard Rock » posées par mon collègue Philippe, spécialiste du genre et auxquelles Nicolas Ullmann a bien voulu répondre :
Quel serait ton fantasme « Vintage » si tu avais la possibilité d’en concrétiser un ?
D’être Alice Cooper, que j’admire beaucoup tant par son talent que par son grimage, et ce qu’il a apporté au rock’n’roll.
Dis-moi le bar « Rosie » où tu te rends souvent pour tes soirées, c’est une référence au « Whole Lotta Rosie d’AC/DC » non ?
Oui oui, c’est tout à fait ça, c’est un clin d’œil à ce grand groupe australien.
Nicolas, quand je te vois je pense à un mix entre un personnage de Tarantino (« Rock’n’roll décalé »), de Jack Black et de Rob Zombie, d’où te vient ce goût du Rock et du grimage ?
Tu sais je suis issu d’une famille plutôt bourgeoise, où il y a des codes, qu’on ne comprend pas forcément lorsqu’on est jeune. Ma façon à moi de m’affirmer était d’écouter du Hard-Rock, des trucs bien violents comme du « Slayer » que je passais à fond dans le salon de mes parents en portant des perruques, avec une guitare autour du cou pour ressembler à mes idoles. Pour te dire à quel point je montais le son, un soir que mes parents étaient absents, j’écoutais du métal avec un copain, et le voisin du dessous est monté, m’a envoyé un coup de boule et je lui ai écrit une lettre d’excuses pour ne pas qu’il se plaigne auprès de mes parents. Avec le recul, je me dis « quel fils de pute ce docteur ! ».
Je grattais aussi un peu partout des guitares imaginaires avec mes médiators, ça ne plaisait pas à mon père, qui disait que ça lui rappelait les hippies de son époque. Il avait un côté « castrateur », tout ça au fond vient d’une forme de rébellion,
Tu sais, j’étais rebelle comme gamin, j’imitais la signature de mes parents sur certains carnets, je m’évadais au travers du cinéma et du Hard Rock. Je n’étais pas spécialement un bon élève, mais j’aimais tellement la musique Hard Rock et surtout l’énergie qu’elle dégageait que je me voyais bien là-dedans ! Maintenant mes parents sont fiers de moi et plutôt contents de ma réussite, dans un domaine que j’aime, c’est plutôt sympa.
Quel est ton meilleur souvenir de concert ?
Il y en a beaucoup. J’ai un bon souvenir par exemple d' »Alice in chains », j’aimais bien leur énergie. Une fois je suis allé à un de leurs concerts, et le chanteur perché dans une toile d’araignée géante faite de cordes a jeté du Whisky sur la foule. Je ne sais pas ce qu’il avait ce Whisky, mais il devait être acide parce qu’il a cramé le bracelet de ma montre (rires), c’était à L’Elysée Montmartre.
Sinon j’aime bien AC/DC également sur scène, Alice Cooper qui pour moi était un peu l’équivalent d’ »Orange Mécanique » au cinéma, il dégageait une forme de violence, de rébellion et d’anticonformisme qui me plaisait bien. Dans un autre registre, Neil Young m’a beaucoup touché, il m’a même fait pleurer lors d’un de ses concerts.J’ai adoré le concert de Roger Waters « The Wall » où le mur explose à l’avant et où tu te prends l’impact de l’explosion en pleine face, un grand moment ! Les décors étaient comme dans le film, un de mes meilleurs souvenirs de concert, Paul Mac McCartney, Prince, Aerosmith, Ennio Morricone, James Brown, Ray Charles, Nina Simone, Robert Plant & Jimmy Page, les Black Crowes, Pink Floyd, Bruce Springteen .. font également partie de mes meilleurs souvenirs sur scène.
J’ai deux boîtes à chaussures remplies des billets de tous les concerts que j’ai vu dans ma vie.
Tu as des tatouages sur le corps Nicolas, qu’est-ce qu’ils signifient ?
Le plus gros, sur le côté gauche de ma poitrine est le cœur de l’affiche américaine de « Wild at Heart » (Sailor et Lula) de David Lynch, sur l’autre, à l’épaule droite et plus petit lui, est une référence à un second film avec Nicolas Cage ; « Arizona Junior ». 2 films que j’aime beaucoup (Nicolas me les montre, joignant le geste à la parole). J’en ai 6 en tout.. pour l’instant !
En mars 2009 ton appartement était ravagé par les flammes. Chacun aurait été désespéré par une telle situation, toi tu as pris le contre-pied en te mettant en scène dans les décombres, les cendres et le charbon ambiant. On t’a vu dînant en tête à tête avec une amie, à poil, en Michael Jackson, en vampire, en rocker piétinant les cendres, une vingtaine de tableaux au total plutôt bien montés. Si demain tu as un dégât des eaux es-tu prêt à te déguiser en Jean Marc Barr pour nous faire un remake du grand bleu ?
Ah oui carrément, le décor était génial y’avait un côté apocalyptique intéressant. Ma copine de l’époque elle, était traumatisée par cet incendie. Un soir, pour animer mon Karaoké, je me suis même grimé avec de la sciure et de la suie de l’incendie sur le visage.
Tu es fan de Cindy Sherman (photographe américaine ndlr), tu fais beaucoup de selfies mais est-ce que tu fais de la photo ?
Oui j’aime beaucoup Cindy Sherman en particulier, et la photo en général. J’aime la spontanéité en photographie, d’ailleurs j’ai commencé très jeune à photographier mes copains et copines d’école, je prenais des tonnes de photos en classe. En fait j’aimerais bien prendre des cours de photographie pour « m’auto-prendre » grimé, une sorte de selfies haut de gamme quoi. Je prends déjà des cours de chant on ne peut pas être partout (Nicolas Ullmann est chanteur, animateur, musicien, et comédien).
Quelle est ton actualité Nicolas ?
Je viens de décrocher un rôle dans la série « Fais pas ci fais pas ça » diffusée sur France 2, je continue mes soirées spécial « Karaoké » au Bus Palladium (avec une soirée spéciale Michel Gondry qui jouera pour la reformation de son groupe culte « OUI OUI », le 7 juin 2014), et je vais me lancer en radio avec une première émission Rock que j’animerai sur la station « Radio Marais », 2 dimanches par mois à 20.00 le titre de l’émission c’est : « Rocking Chair ».
L’interview terminée, il est temps pour nous de « prendre nos cliques et nos claques », et de rentrer dans nos pénates d’hommes « normaux » (enfin pas tout à fait concernant la rédaction de Monsieur Vintage), en se disant qu’à l’instar du Super Héros « H-Man » dans lequel joue Nicolas Ullmann (diffusé sur Arte), notre hôte a tout de même une vie extraordinaire, pour un homme ordinaire, dont le raffinement et la gentillesse n’ont d’égale que la folie scénique dont il est capable.
Ne ratez surtout pas la soirée « Ullmann Kararocké », avec Michel Gondry qui viendra jouer avec son groupe reformé : « OUI OUI », le samedi 7 juin à partir de 21.30 au Bus Palladium – 6 rue Fontaine – Paris 9e (métro Blanche). Un grand moment !
Sans oublier ses soirées Blind Test « Les Rock’n’Cheese » où chaque table est une équipe. La gagnante se voit offrir son diner et une bouteille de Champagne est remise pour la seconde.
La prochaine est le 4 Juin . Reservez votre table auprès d’Elodie au 01 45 26 80 35
Rocking Chair : https://www.facebook.com/RockingChairRadioMarais
Sur Twitter : nicolasullmann
Sur Facebook : nicolas ullmann troisieme compte
Interview réalisée par Claude Petrolesi et Philippe Pillon.
Fondateur du site MONSIEUR VINTAGE le 14 février 2014, Philippe est issu de la presse écrite automobile : Auto Plus, Sport Auto, Auto Journal, Décision Auto, La Revue Automobile et La Centrale. Il collabore également au magazine EDGAR comme responsable de la rubrique auto/moto.
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