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Critique ciné : "Gone Girl" de David Fincher
S’attaquer à Fincher, c’est toucher au réalisateur du cultisimme Fight Club, de l’intouchable Seven, à celui qui parvient à rendre palpitantes deux heures de dialogues sur la création de Facebook grâce à son génie de la mise en scène. De retour du côté du thriller avec ce Gone Girl, l’homme est-il parvenu à retrouver le brio de ses plus grands films ?
L’intrigue pourrait paraître banale : Nick Dunne, joué par Ben Affleck, retrouve sa maison saccagée et sa femme est portée disparue le jour de leur cinquième anniversaire de mariage. L’enquête décolle tranquillement, tandis que le doute s’installe déjà dans l’esprit du spectateur : pourquoi appeler aussi vite la police, pourquoi Nick semble si passif et peu surpris ?
Habitué des scénarios à multiple embranchements, David Fincher nous ballade allègrement durant la première heure de bobine. On découvre un couple moins rose qu’il n’y paraissait au premier abord. On fouille dans les détails de la vie quotidienne, tandis qu’en écho, la voix off de la femme disparue laisse découvrir un mari violent et pas très honnête. Ce qui avait commencé comme une idylle parfaite se serait-il transformé en amère chimère au travers des douloureux liens du mariage ? Le doute s’épaissit, les pistes se brouillent, puis Fincher vient gentiment dynamiter la situation en donnant sciemment un nouveau tournant complètement inattendu au script. Et il le fera plus d’une fois avant la conclusion.
Il serait délicat de dévoiler toutes les richesses du scénario sans en révéler des points-clés, on se contentera simplement d’énoncer que le réalisateur n’a rien perdu de sa superbe, et que la fin de Seven, plus qu’un coup de chance, était la véritable marque d’un habile stratège du scénario. Gone Girl le prouve une fois encore et un deuxième visionnage ne sera sûrement pas de trop pour relever tous les indices qu’émiettent les scènes. Aussi dense et tordu que Zodiac, ce nouveau thriller ravira les fans du réalisateur américain.
Gone Girl c’est aussi un tacle envers la culture médiatique américaine, Nick Dunne sera tour à tour souffre-douleur et héros des journalistes, et le film montre à quel point les procès peuvent très bien se jouer avant tout par les apparences que par les faits. Un côté que démontrait d’ailleurs très bien le titre français du roman dont le film est adapté : Les Apparences de Gillian Flynn. En parlant de ça, le vrai personnage intriguant se révèlera être Amy Dunne, jouée par une Rosamund Pike glaciale à souhait. La jolie blonde aux apparences lisses et fragiles surprendra à plus d’un titre, et Fincher sème là encore le doute concernant les motivations de ses personnages.
Malgré une complexité apparente, Gone Girl est en fait d’une grande sobriété plastique, et marque en cela une évolution dans la carrière du réalisateur. À moins que nous ayons à faire à un retour en arrière puisque ce thriller rappelle finalement énormément la réalisation de Zodiac, réalisé par Fincher en 2007. Les images sont très neutres, loin du tape-à-l’oeil impressionniste de Seven, Alien 3 et Fight Club, ou même du clair-obscur de Millénium. De même pour la bande-son, quoique toujours composée par Trent Renznor en duo avec Atticus Ross, celle-ci se fait bien plus discrète que dans The Social Network par exemple, ce qui ne l’empêche pas d’être efficace lorsqu’elle avance au premier plan, distillant de savantes dissonances qui résonnent avec les psychés torturées des personnages.
Des personnages incarnés avec brio par un casting très juste, comme toujours chez David Fincher. Ben Affleck a la carrure pour faire vivre cette homme harcelé par les médias, vraie marionnette entre les mains de l’opinion. On retrouve aussi Neil Patrick Harris dans un rôle secondaire, qui ne parvient pas entièrement à faire oublier son personnage de la série How I Met Your Mother, la faute à un rôle dans le film trop proche de celui pour lequel il a été connu. La vraie surprise du film repose dans la prestation hallucinante de Rosamund Pike, complètement incernable elle sait distiller de nombreux sentiments contraires tout au long du film.
Malgré ses 2H30, Gone Girl n’accuse aucune longueur, et le rythme travaillé sait tenir en haleine jusqu’au déroulement final quelque peu déroutant. En tout cas, une nouvelle perle signée Fincher qu’on ne peut que vous conseiller de découvrir !
Fondateur du site MONSIEUR VINTAGE le 14 février 2014, Philippe est issu de la presse écrite automobile : Auto Plus, Sport Auto, Auto Journal, Décision Auto, La Revue Automobile et La Centrale. Il collabore également au magazine EDGAR comme responsable de la rubrique auto/moto.
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25/02/2015 at 11h01
Excellent film…