La voiture : c’était mieux avant ?

La question revient souvent, entre passionnés d’automobile ou simples nostalgiques : “La voiture, c’était mieux avant ?” Si l’on compare l’automobile des années 50 à 80 à celle d’aujourd’hui, deux grands axes se dessinent naturellement : la liberté de vitesse d’autrefois et le charme des véhicules d’antan, opposés à la rigueur sécuritaire et à l’uniformisation actuelle. Voyons cela de plus près.
1. La vitesse et les amendes : une liberté disparue
Jusqu’aux années 90, rouler était avant tout un plaisir libre. Avant l’introduction du permis à points en 1992, les excès de vitesse étaient moins traqués et souvent sanctionnés de simples amendes légères, bien loin des lourdes peines actuelles. Les contrôles étaient rares, effectués à la jumelle par des gendarmes en bord de route, et il fallait vraiment être malchanceux pour se faire prendre.
À cette époque, la route appartenait à ceux qui savaient conduire vite et bien. Les grandes nationales, parfois sans limitation explicite, étaient le théâtre d’exploits routiers au volant d’autos devenues mythiques : Citroën DS, Peugeot 504 Coupé, Renault 16 TX… Ces voitures taillées pour avaler des kilomètres dans le confort et l’élégance symbolisaient une liberté de mouvement aujourd’hui révolue.
Jusqu’à la fin des années 1990, il n’était pas rare de rouler à 180 km/h, 200 km/h voire plus pour les propriétaires de bolides, sans pour autant être considéré comme un délinquant. Paradoxalement, les distances étaient réduites, à une époque où les autos étaient moins puissantes.

La Peugeot 504 Coupé (Série 2) : une sacrée ligne. Crédit photo : wikimedia
Aujourd’hui, les automobilistes sont rivés sur le compteur pour ne pas dépasser la vitesse limite, régulateur de vitesse enclenché à 130 km/h sur autoroute, voire 132 km/h quand il s’agit de dépasser. Les dépassements sont d’une lenteur incroyable et conduire n’est plus un plaisir, c’est devenu une corvée.
Entre l’œil rivé au GPS et sur Coyote pour anticiper les contrôles de police et surtout, ne pas enfreindre la loi, le contrôle de la vitesse permanent, le téléphone portable pour regarder ce qui se passe sur les réseaux sociaux et sur votre messagerie, au cas où vous rateriez un sms, les coups de fils passés en roulant avec le système intégré désormais aux véhicules pour être mains libres (mais tout compte fait pieds et mains liés), conduire, ça n’est plus conduire, c’est une contrainte.
À l’époque où l’on gazait comme des sagouins, doubler se faisait en un claquement de doigts et on ne regardait pas d’écrans, nos yeux étaient scotchés à la route. Certes le nombre de morts étaient bien plus élevé (18 000 tués en 1972 contre 3 400 en 2024 – source : Sécurité Routière) mais le plaisir de conduire était là.

Citroën SM 1972. Un véritable chef d’œuvre automobile conçu par Citroën et équipé d’un moteur Maserati 6 cylindres en V. La voiture ne pesait que 1 450 kg et était capable d’atteindre 228 km/h. Crédit photo : Citroën©

SM Citroën : un habitacle futuriste pour l’époque, mais une ligne pareille à aucune autre. Crédit photo : Citroën©
Où est la police ?
À cette époque disparue d’ailleurs, les motards de la gendarmerie et de la police se fondaient dans la circulation. Ils contrôlaient l’état de la voiture, les charges dangereuses, la visibilité, l’utilisation des clignotants, le fonctionnement des feux et votre comportement au volant en un clin d’œil. Si besoin, ils vous parlaient en roulant, ou vous arrêtaient pour vous signaler une anomalie, de conduite ou sur le véhicule. Parfois, ils vous arrêtaient, pour vous parler de vos infractions ou de votre auto, sans pour autant vous verbaliser. L’échange existait, ainsi que la prévention et l’information.
En 2025, les forces de l’ordre se font rares dans la circulation. On les retrouve le plus souvent cachées derrière un fourré pour vous verbaliser, ou assises dans leurs véhicules ou sur leurs motos pour vous flasher. L’échange n’est absolument plus basé sur la prévention entre deux adultes responsables, mais sur la répression entre un instituteur et son élève. Ce qui est dommage.

Une ligne comme il n’en n’existe plus aujourd’hui : la Citroën DS. Ici, une DS 21 modèle 1972. Crédit photo : Citroën©
Puis est venu le coup de grâce : fin 2003, avec l’arrivée des radars automatiques. Partout sur les routes, une traque automatisée de la vitesse s’est mise en place, changeant radicalement la relation entre l’automobiliste et son véhicule. Aujourd’hui, rouler est devenu un exercice de surveillance permanente, entre limitations de plus en plus basses et peur de perdre son permis sur un simple excès mineur.
2. Moins chère, plus belle, plus simple : l’âge d’or de l’automobile
Autrefois, la voiture était aussi un objet de passion accessible. Les coûts d’achat et d’entretien étaient bien plus faibles en proportion des revenus. Pas d’électronique à outrance : une mécanique simple que n’importe quel garagiste – voire n’importe quel conducteur un peu bricoleur – pouvait entretenir. Pas de puces électroniques, pas de calculateurs sophistiqués, juste des moteurs, de l’essence et de la mécanique pure.
Un simple exemple : la Renault 4 alias la “4 L”. Lors du projet de lancement, le PDG de Renault de l’époque, Pierre Dreyfus, fixe le prix de lancement à 350 000 anciens francs. Nous sommes alors en 1956, six ans avant la sortie de la voiture. En tenant compte de l’inflation et de l’érosion monétaire (source INSEE), cette somme de 350 000 anciens francs représente 6 135 euros d’aujourd’hui !
Vous connaissez beaucoup de voitures vendues neuves à mois de 7 000 euros en 2025 ?
Ces véhicules étaient aussi beaucoup plus légers. Une Renault 4L (570 kg) ou une Peugeot 204 (850 kg) pesaient souvent moins d’une tonne, offrant un dynamisme et une agilité aujourd’hui disparus sous le poids des normes de sécurité et des équipements électroniques obligatoires.
Et surtout, le charme opérait : chaque modèle avait une personnalité propre. Impossible de confondre une futuriste DS avec une familiale 404 Peugeot ou la cubique Simca 1000. Les lignes étaient tendues, élégantes, parfois futuristes, souvent audacieuses. Rien à voir avec l’uniformisation actuelle où les SUV se ressemblent tous, aux faux airs d’utilitaires surélevés bardés de plastique noir.
Quant à l’environnement, paradoxalement, malgré l’absence de véhicules électriques, la pollution était moindre, simplement parce qu’il y avait beaucoup moins de voitures en circulation, et beaucoup moins de trajets absurdes générés par la sur-mobilité actuelle.

Renault 16 TX de 1973. Une berline de luxe qui avait de la classe. Crédit photo : Renault©
3. Mais pour la sécurité, aujourd’hui fait beaucoup mieux
Il serait malhonnête de nier les progrès incroyables en matière de sécurité routière. Les voitures modernes offrent une protection largement supérieure grâce aux airbags, ABS, ESP, aides au freinage d’urgence, alarmes de franchissement de ligne, régulateurs adaptatifs, et autres technologies salvatrices. Là où un accident à 60 km/h dans une DS pouvait être fatal, une berline actuelle permet aujourd’hui d’en sortir indemne.
Il faut aussi reconnaître que les routes sont devenues plus sûres : meilleure signalisation, infrastructures pensées pour limiter les drames, équipements de secours rapides. Diminuer le nombre de morts par 6 en 50 ans (18 000 en 1972 à 3 000 à 2020) est une sacrée réussite et un sauvetage de nombreuses vies sur la durée, c’est une évidence.

Renault 4 “La Parisienne” de 1963. Pas chère, simple et polyvalente, avec une bouille inoubliable. Crédit photo : Renault©
Une passion sacrifiée sur l’autel de la sécurité ?
Alors, la voiture, c’était mieux avant ? Pour l’émotion, sans aucun doute. Rouler était un acte libre, une aventure. Les voitures étaient des œuvres d’art roulantes, uniques et abordables.
Pour la sécurité et la fiabilité, le progrès est indiscutable. Aujourd’hui, on survit à des chocs qui auraient été mortels il y a trente ans.
Mais à force de standardisation, d’électronique imposée, de vitesse bridée et de moteurs aseptisés, souvent électriques et sans âme, la passion semble s’être éteinte. L’automobile est devenue un outil, alors qu’elle était un rêve.

Pour Monsieur Vintage, la Citroën C6 (ici un modèle 2006) reste la dernière vraie Citroën, qui respectait les codes stylistiques de la marque aux chevrons. Crédit photo : Citroën©
Et peut-être est-ce là que réside toute la nostalgie.
Une solution serait peut-être intéressante à étudier, à l’instar de nos voisins allemands ; mettre en place des tronçons sans limitation de vitesse sur les autoroutes, afin d’évaluer si oui, ou non, cela impacterait le taux de mortalité routière.

Créateur de MonsieurVintage, Philippe est un passionné de belles mécaniques, de voyages et d’objets qui ont une âme. À travers son regard, chaque moto, voiture ou destination raconte une histoire, dans une quête d’authenticité et d’élégance intemporelle.
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