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La Citroën DS fête ses 65 ans en 2020
Jeudi 4 octobre 1955 : lorsque tombent les bâches recouvrant les Citroën DS du salon de l’automobile, qui se déroulait alors au Grand Palais, à Paris, c’est la stupéfaction. Les journalistes venus en masse du monde entier sont sidérés et restent bouche bée devant un tel OVNI, imaginé dès 1938 par Pierre Boulanger, PDG de Citroën à l’époque. Cette année, la DS fête ses 65 ans.
L’après Traction
La Traction Avant de Citroën est sortie en 1934. 757 981 unités vendues plus tard, le 25 juillet 1957, le dernier modèle : une Traction 11 B Familiale sort des chaînes de l’usine du quai Javel, dans le 15ème arrondissement parisien, avec un bouquet de fleurs posé sur le pare-brise et le mot « FIN » sur la plaque d’immatriculation.
C’est le clap de fin d’une voiture révolutionnaire, vendue 17 700 francs à sa sortie en 1934. En juillet de la même année, Michelin reprend les rennes de Citroën et nomme un nouveau PDG : Pierre Boulanger. C’est lui qui, dès 1938, réfléchira à la remplaçante de la Traction, avec un cahier des charges ambitieux ; une voiture résolument moderne, déclinable en 2 motorisations 4 et 6 cylindres, dotée d’un confort, d’une tenue de route et d’un freinage bien supérieurs à ceux de la Traction. Le nom du projet : VGD, pour Voiture de Grande Diffusion. Pierre Boulanger avait donné la ligne à suivre à ses équipes : « Étudiez tout, même ce qui est déraisonnable ».
Déraisonnable la DS ? À l’époque certainement et c’est ce qui a fait son succès. C’est l’ingénieur André Lefebvre, le concepteur de la Traction, qui a orchestré le travail de tous ceux qui ont participé à l’élaboration de la future berline aux chevrons.
Un break durant la guerre
La seconde guerre mondiale fera prendre du retard à l’avancée du projet, qui sera remis à l’ordre du jour au sortir du conflit. Il n’y a aucune urgence puisque la Traction se vend bien et son avance technologique sur la concurrence efface toute forme de pression dans les bureaux d’étude Citroën.
Mais en 1950, Pierre Boulanger se tue accidentellement au volant de sa traction Avant 15-Six. Il est remplacé par Robert Puiseux à la tête de Citroën. Ce dernier relancera activement le projet VGD.
Le projet 6 cylindres tombe .. à plat
Les ingénieurs s’activent dès 1950 et planchent sur le moteur, qui doit impérativement être un bloc « à plat » compte-tenu du capot de la DS placé très bas. Les techniciens travaillent d’abord à un 6 cylindres opposé à plat refroidi par air, puis à une version refroidie par eau. Mais ça ne fonctionne pas.
Envisagé un temps pour entrer sous le capot de la DS, le bloc 6 cylindres en ligne de la Traction 15-Six ne fera pas l’affaire non plus. C’est donc le moteur 4 cylindres de la Traction 11 de 1 911 cm3 qui sera utilisé, en le faisant évoluer et coiffé d’une nouvelle culasse, pour équiper la future DS (D comme raccourci du projet VGD et S pour culasse Spéciale).
Le seul point faible de la DS
Oublié le V6, ce bloc 4 cylindres sera il faut bien le dire le seul point faible de la DS, avec une puissance un peu courte, plus à l’aise dans les bas régimes qu’en haut et de conception archaïque en regard de la concurrence. Bref, un moteur en décalage avec le design et les technologies futuristes de la voiture.
Traction 15-Six H : l’avant DS
Le 15 avril 1954, la Traction 15-Six H est présentée à la presse. Mais que peut bien vouloir dire ce « H » ajouté à la 15-Six ? Eh bien, ce H signifie simplement « Hydropneumatique » pour la suspension arrière de la voiture.
18 mois avant la sortie de la DS, ce modèle de traction a servi de test des nouveaux systèmes qui étaient prévus pour le futur modèle de Citroën.
Le jour J
Le jeudi 4 octobre 1955, la DS 19 est enfin présentée lors du salon de l’auto de Paris, qui se déroulait encore au Grand Palais, dans le 8ème arrondissement. La foule se précipite pour découvrir la tant attendue nouveauté de la marque aux chevrons. Une nouveauté ? Une révolution diront certains spécialistes de l’automobile, tant la voiture est novatrice.
Prix de vente en 1955 : 930 000 francs
Dès l’ouverture du salon, les visiteurs se précipitent sur le stand Citroën pour découvrir la DS 19. Vendue à un tarif conséquent : 930 000 francs, 1 000 clients s’empressent durant les 2 premières heurs d’ouverture du stand, pour verser les 80 000 francs d’acompte demandés par la marque aux chevrons pour commander la nouveauté. Du délire, du jamais vu dans l’histoire de la marque.
Des caractéristiques futuristes
L’engouement des visiteurs du salon est incroyable. Et on peut comprendre pourquoi, tant la DS est novatrice, avec une ligne futuriste dessinée par le designer italien Flaminio Bertoni (déjà responsable de la Traction Avant et de la 2cv), une suspension hydropneumatique, des freins à disque, une centrale hydraulique pour commander l’embrayage (la DS n’avait pas de pédale d’embrayage car équipée d’une transmission semi-automatique), l’absence de calandre, des vitres sans entourage, un toit en fibre de verre, des ailes arrière recouvrant une partie de la roue (à démonter en cas de crevaison, en dévissant un écrou unique placé à l’extrémité de l’aile), un volant monobranche, des jantes à écrou central, un levier de vitesses démarreur, une roue de secours placée sous le capot, un champignon en guise de pédale de freins, un pare-brise courbé, des clignotants arrière en forme de tuyères de fusée, des fauteuils rembourrés Dunlopillo (fini les sièges à ressort inconfortables), un empattement long (312 cm), des pneus de taille différente : 165 x 400 pour l’avant et 155 x 400 à l’arrière, une planche de bord signée Bertoni en nylon injecté, un capot avant en aluminium, une voie arrière plus étroite de 20 cm par rapport à la partie avant, la DS est un véritable OVNI auquel il ne manque que la climatisation, ce qui lui fera défaut aux États-Unis pour connaître un véritable succès commercial chez l’Oncle Sam.
À partir de 1967, la DS recevra également des feux directionnels qui bougent avec les roues, une révolution à l’époque.
Un nouveau Nautilus
« La «Déesse» a tous les caractères (du moins le public commence-t-il par les lui prêter unanimement) d’un de ces objets descendus d’un autre univers, qui ont alimenté la néomanie du XVIIIe siècle et celle de notre science-fiction : la Déesse est d’abord un nouveau Nautilus » écrivait le philosophe Roland Barthes dans son recueil « Mythologies » paru aux Éditions du Seuil en 1957.
Berline, break et cabriolet
Un Nautilus qui enregistrera 12 000 commandes la première journée d’ouverture du salon de l’auto parisien, le 4 octobre 1955 et 80 000 à la fin du salon.
Entre 1955 et 1975, période de la commercialisation de cette « soucoupe volante Citroën », il se vendra 1 330 755 exemplaires de la DS, déclinée en version DS (493 724 unités) à partir de 1955, ID dès 1956 (moins chère et moins équipée, produite à 741 747 exemplaires), en Break (93 919 exemplaires) à partir de 1958 et en version cabriolet fabriqué par le carrossier Chapron pour Citroën la même année (1 365 unités) et une version de luxe baptisée Pallas.
Les versions cabriolet qui sont aujourd’hui très chères en raison de leur rareté et de leur design fabuleux (100 000 à 250 000 euros, une cote multipliée par 6 depuis 2010).
Modèles break et cabriolet : crédit photo : Citroën©
Des aptitudes sportives
Plutôt réputée bourgeoise, la DS taquinera malgré tout la compétition avec quelques victoires remportées au rallye de Monte-Carlo en 1959 (avec Paul coltelloni et Alexandre Desrosiers sur une DS ID19), le rallye des Cévennes en 1960, le rallye Neige et Glace en 1960 et 1962 ou encore le Tour de Corse en 1961.
65 ans après, cette voiture légendaire néo-rétro semble toujours venue … du futur. Bon anniversaire à la « soucoupe volante Citroën » !
FICHE TECHNIQUE CITROËN DS 19 MODÈLE 1955
Moteur : 4 cylindres en ligne
Cylindrée : 1 911 cm3
Puissance : 75 cv à 4 500 tr/mn
Couple : 137 Nm à 3 000 tr/mn
Alimentation : 1 carburateur double corps Weber ou Zénith
Distribution : soupapes en tête
Allumage : 2 bobines sans distributeur
Transmission : boîte de vitesses à rapports – sélecteur hydraulique – embrayage automatique
Pneumatiques : 165 x 400 (avant) / 155 x 400 (arrière)
Dimensions : 484 cm (longueur) x 150 cm (voie avant) x 130 cm (voie arrière) x 179 cm (largeur) x 147 cm (hauteur)
Empattement : 312 cm
Poids : 1 125 kg
Consommation moyenne : 12,2 l/100 km
Réservoir : 65 litres
Coffre : 500 dm3
Vitesse maximale : 140 km/h
Tarif : 930 000 francs
Cote 2020 : 25 000 euros pour un véhicule prêt à rouler (source La Centrale)
Cote 2020 version cabriolet : 100 à 200 000 euros et + (source carjager)
Fondateur du site MONSIEUR VINTAGE le 14 février 2014, Philippe est issu de la presse écrite automobile : Auto Plus, Sport Auto, Auto Journal, Décision Auto, La Revue Automobile et La Centrale. Il collabore également au magazine EDGAR comme responsable de la rubrique auto/moto.
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