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Test : Nikon Z6, un essai transformé pour le premier hybride plein-format Nikon

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Le Nikon Z6 marque un nouveau chapitre dans l’histoire Nikon. Le boîtier hybride peut-il convaincre les habitués au reflex ? Il a en tout cas de sérieux arguments avec un capteur plein-format engoncé dans un boîtier robuste, léger et compact.

Nikon Z6 4 - Vintage

Une nouvelle page d’histoire pour Nikon

Flashback : en 2018, Nikon annonçait ses deux premiers boîtiers mirrorless, les Nikon Z6 et Z7. Une réponse bien tardive aux différents boîtiers Sony, qui n’avait cessé d’affûter sa gamme d’appareils hybrides depuis 2010 avec les NEX-3 et NEX-5 en pionniers du marché.

Les deux mastodontes historiques, Canon et Nikon, furent donc longs à la détente. Pour de bonnes raisons il faut bien le dire : particulièrement appréciées par les professionnels de l’image, les deux marques capitalisaient sur leurs performances en autofocus, en autonomie de batterie et en ergonomie, des points qui faisaient souvent défaut aux boîtiers mirrorless ; jusqu’à récemment en tout cas. De plus, changer de type de boîtier photo impliquait devoir changer de monture d’objectif, un choix drastique puisque les deux marques présentaient alors des gammes très larges d’objectifs disponibles pour les reflex classiques.

Mais, petit à petit, les avantages des appareils hybrides, comme les Fujifilm et leur look vintage très réussi, se sont révélés de plus en plus marqués et intéressants pour le grand public : possibilité de voir en direct l’image finale dans le viseur, notamment en noir et blanc par exemple, stabilisation du capteur, écrans souvent tactiles et orientables, précision sans pareil de l’autofocus renvoyant les réglages fins d’autofocus – nécessaires sur boîtiers reflex – à un autre âge, autonomie devenue suffisante pour 90% des usages, légèreté et compacité très utiles en voyage, rendus vidéo plus qualitatifs avec un meilleur autofocus continu… La liste continuait de s’allonger et les reflex classiques commençaient sérieusement à accuser leur architecture plus ou moins datée.

C’est donc finalement la même année que Nikon et Canon se sont lancés pour de bons sur le marché des hybrides à capteur plein-format.
Chez Nikon, on relève deux boîtiers différents : le Z7, vaisseau-amiral de la gamme avec son capteur 46MP, ainsi que le Z6, plus abordable et mettant en avant un mode vidéo très qualitatif ainsi que des rafales plus rapides. C’est ce dernier que nous avons eu l’occasion de tester, en kit avec son objectif Nikkor 24-70 S f/4, afin de comparer cette nouvelle génération d’appareils photo aux reflex plus classiques, puisque nous disposons d’un Nikon D810 à la rédaction.

Nikon Z6 1 - Vintage

Un boîtier qualitatif, prêt à barouder dans toutes les conditions

Premier constat : un hybride c’est léger et compact ! Le Nikon Z6 est en effet un poids-plume comparé à notre reflex pro, il affiche 305g de moins que le D810 sur la balance, pour un poids total de 675g contre 980g pour le reflex. En plus de moins fatiguer les épaules, il est également plus facile et discret à transporter qu’un reflex grâce à des dimensions réduites sur tous les plans : moins haut de 23mm, moins large de 12mm et plus fin de 11mm qu’un Nikon D850. Un avantage plus mesuré mais toujours significatif lorsqu’on compare l’hybride Z6 au reflex D750, moins costaud que les gros boîtiers de la série D800. Le Z6 reste ainsi plus léger de 165g et plus compact dans toutes les dimensions.
Une empreinte réduite, qui, cumulée au zoom de kit tout aussi léger et compact, en fait un parfait compagnon de voyage. Équipé de son 24-70 f/4, le Nikon Z6 se fait très vite oublier sans rien sacrifier en qualité d’image comparé à un reflex standard. Une discrétion encore renforcée par le bruit d’obturateur très faible, voire totalement inaudible en mode Silencieux. Un avantage indéniable dans certaines situations (photo de rue, évènementielle, d’intérieur dans certains bâtiments historiques etc.) qui surpasse de loin les modes « Quiet » des différents reflex Nikon.

Le boîtier en lui-même inspire la confiance, la qualité de construction est au rendez-vous avec une finition exemplaire. Le Nikon Z6 met en avant un niveau de tropicalisation (résistance aux éléments extérieurs) n’ayant rien à envier aux reflex professionnels Nikon. On remarque en effet une multitude de joints d’étanchéité à travers la coque du boîtier en alliage de magnésium, notamment au niveau de l’unique slot de carte-mémoire XQD. Toutes les optiques en monture Z (la nouvelle monture Nikon pour boîtiers mirrorless) sont d’ailleurs également équipées de joints étanches. Nous n’avons pas eu l’occasion de shooter avec le Z6 sous la pluie mais tous les retours de la presse mettent en avant une étanchéité de premier ordre. Il n’y aura donc aucune crainte à exposer le Nikon Z6 aux différents éléments extérieurs, tout au plus l’écran tactile aura du mal à répondre à cause de la pellicule d’eau…

Une ergonomie familière et bien adaptée au format hybride

La prise en main est aisée grâce au grip marqué et l’ergonomie résolument Nikon est toujours aussi bien pensée. C’est sur ce point qu’on sent l’expérience accumulée par un constructeur historique comme Nikon fournissant pros et amateurs depuis des décennies.
Les boutons physiques sont moins nombreux que sur un reflex Nikon pro, mais l’essentiel est là et l’absence des autres est brillamment compensée par un écran de réglages rapide, bien agencé et surtout maniable via l’écran tactile !  Au final, on note l’absence du bouton « Clé », qui permettait de protéger une image pour éviter toute suppression inopinée – autant dire qu’on ne regrettera que peu d’avoir un accès physique à ce réglage – ainsi que celle des réglages de balance des blancs, type de mesure d’exposition et qualité d’image. Pas une grande perte quand on sait que la balance des blancs est 99% du temps en auto, la mesure d’exposition 99% du temps en matriciel et la qualité d’image est souvent paramétrée une fois à l’acquisition du boîtier pour ne plus jamais être modifiée.

Nikon Z6 7 - Vintage

La partie droite de la face arrière a été intelligemment agencée, et même si les boutons sont assez proches il est rare de cliquer sur le mauvais. Le joystick est de plus très pratique pour sélectionner le point AF. La partie supérieure accueille une molette de sélection de modes, Nikon a compris les envies des photographes et affiche pas moins de 3 modes personnalisables accessibles directement depuis cette molette. De quoi switcher très vite une fois ces modes paramétrés, on peut ainsi se faire un mode portrait avec priorité vitesse, un autre paysage avec priorité ouverture, pour finir avec un mode semi-auto noir et blanc par exemple. Une excellente addition permettant de transfigurer le boîtier d’un tour de molette.

Ces trois modes personnalisables sont épaulés par pas moins de 3 boutons customisables présents sur le boîtier, nous parlerons de leur utilité un peu plus bas mais toutes ces options de personnalisation permettent vraiment de se créer une ergonomie à la carte en fonction des usages, un très bon point pour ce boîtier Nikon. Le seul réglage physique manquant à l’appel par rapport à un reflex est le sélecteur de mode AF, bien pratique dans certains cas et qu’on regrette de ne pas retrouver ici. Fort heureusement on peut l’assigner à l’un de ces trois boutons Fn customisables.

Les différents écrans du Z6

Le Nikon Z6 s’opère via trois écrans différents :

– L’écran arrière, orientable verticalement et tactile de surcroît. Dommage qu’il ne soit pas manipulable sur l’axe horizontal, mais clairement l’axe vertical est de loin le plus intéressant. Belle prouesse au-delà de ça car cela n’empiète en rien sur la tropicalisation du boîtier. L’écran affiche une diagonale de 3.2 pouces et une résolution très appréciable de 2.100.000 points. À l’usage, l’écran est donc agréable, lumineux et la partie tactile est réactive. On peut ainsi zoomer avec les doigts et se déplacer dans les menus assez facilement, un bel ajout ergonomique à l’agencement physique déjà efficace du boîtier.
L’écran tactile permet également un appui pour choisir le point AF, pratique en vidéo par exemple, la fonctionnalité aurait pu être poussée encore plus loin cependant puisque cette feature ne fonctionne pas une fois l’oeil dans le viseur. Cela n’aurait pas été de trop au vu du grand nombre de points autofocus à parcourir, il reste heureusement le joystick.

Nikon Z6 8 - Vintage

– Le viseur électronique (EVF), pièce distinctive d’un appareil mirrorless, qui remplace le viseur optique (OVF) d’un reflex classique.
L’EVF OLED du Z6 est généreux, avec une résolution de 3.68MP, un peu en-dessous des meilleurs viseurs électroniques mais déjà bien suffisante pour ne pas regretter la finesse naturelle d’un viseur optique. Le grossissement vient enterrer toute arrière-pensée avec un superbe taux de 0.80x,  pour comparaison c’est encore plus grand qu’un viseur optique de Nikon D5, le vaisseau-amiral actuel de la gamme professionnel du constructeur. On pourra seulement pointer le taux de rafraîchissement limité à 60Hz, là où la concurrence affiche parfois des viseurs 120Hz, plus fluides et naturels.

À l’usage, le viseur est en effet très vaste, tout en profitant d’un excellent débattement oculaire qui conviendra aux porteurs de lunettes. Le gros point fort d’un EVF : pouvoir voir en temps réel les effets des réglages du boîtier, que ce soit l’exposition ou le style d’image choisi. Un avantage très utile quand on aime shooter en noir et blanc comme moi, plus besoin d’imaginer la scène en noir et blanc, on peut directement travailler son image avec le rendu final sous les yeux.
L’EVF affiche de plus d’autres réglages très utiles, comme un niveau pour s’assurer de bien respecter les lignes droites de l’image. Le switch entre l’écran arrière et le viseur électronique est on ne peut plus aisé grâce à un détecteur de présence au niveau du viseur passant de l’un à l’autre en fonction de la position du visage du photographe. On peut aussi débrayer l’automatisme et forcer l’affichage sur l’un ou l’autre des écrans.

Un troisième écran est également présent sur la plaque supérieure du boîtier. Le petit écran OLED rappelle les écrans monochromes rétro-éclairés des reflex du constructeur nippon.
La taille est ici réduite, mais l’essentiel des informations est visible : vitesse d’obturation, ouverture du diaphragme, sensibilité ISO, autonomie de la batterie ou encore nombre d’images restantes avant saturation de la carte-mémoire. Les informations manquantes par rapport à un reflex haut-de-gamme Nikon sont facilement consultables sur l’écran l’arrière ou encore depuis l’EVF directement : mode de mesure d’exposition, mode de prise de vue, correction d’exposition, mode et plage de couverture de l’autofocus, réglage de balance des blancs. Des informations plus ou moins utiles en fonction des usages mais qu’on a en général pas besoin d’avoir constamment affichées, et qui apparaissent dès que besoin sur les différents supports de visée du boîtier.

Nikon Z6 3 - Vintage

Pour en finir avec le boîtier en lui-même, mentionnons les différents ports proposés : prises casque et micro externe, prises USB-C et HDMI ainsi qu’un branchement pour télécommande.
Le compartiment carte-mémoire n’affiche qu’un seul port, une spécificité qui aura fait couler beaucoup d’encre au moment de la présentation officielle du boîtier mais qui s’avère peu voire pas du tout handicapante au quotidien. En 10 ans de photographie je n’ai jamais eu à déplorer de malfonction sur la vingtaine de cartes-mémoire qui sont passées dans mes différents boîtiers. De plus la plupart des photographes utilisent majoritairement le second port carte-mémoire des boîtiers expert en mode débordement, et non en mode copie, il suffit donc d’acheter une carte-mémoire à haute-capacité pour ne pas regretter la présence d’un deuxième slot.
À choisir je préfère amplement profiter d’un boîtier plus compact afin de capitaliser sur l’avantage naturel d’une architecture sans miroir. Le port accueille uniquement les cartes XQD et Nikon promet un support des cartes CFExpress dans le futur proche.

Un mot sur le look puisqu’avec son corps très rectangulaire et la bosse du viseur assez verticale et partant vers l’arrière on reconnaît facilement un certain hommage aux boîtiers argentiques de la marque ! La légèreté du boîtier rappelle d’ailleurs celle des différents Nikon F de l’époque.

Un software toujours aussi efficace et très personnalisable

À l’intérieur du boîtier, mentionnons déjà l’interface logiciel en elle-même ; celle-ci sera familière pour n’importe quel photographe ayant utilisé du matériel Nikon dans les 10 dernières années, voire même un peu plus. Autant dire que nous sommes en terrain connu et c’est tant mieux tant l’interface Nikon est claire et efficace. Les différents réglages sont rangés par onglets thématiques et il est toujours aisé de retrouver un paramètre précis. Les réglages avancés, groupés dans un onglet spécial, sont eux aussi organisés par champ d’action et triés par ordre d’importance en général afin d’avoir les réglages les plus impactants en tête de liste.

Le « i Menu » est personnalisable et cumule le rôle d’accès rapide et d’écran d’information, une trouvaille bienvenue qui permet d’oublier très facilement l’absence de certains accès directs sur le boîtier. Une philosophie inspirée de certains reflex entrée-de-gamme du constructeur mais qui s’avère très efficace dans cet hybride expert.

Nikon Z6 2 - Vintage

Nous en parlions plus haut, les trois boutons customisables « Fn » permettent de modifier à la volée les réglages les plus utiles en fonction de la pratique photo du photographe. Sur le devant du boîtier on note deux boutons Fn à droite de la monture, tandis que le troisième est moins intuitif puisque c’est en fait le bouton de déclenchement vidéo. Étant inutile en mode photo il sert alors de troisième poussoir customisable.
Citons certains de ces paramètres : mode de mesure d’exposition, mode bracketing, activation des grilles de composition sur les organes de visée, verrouillage de l’AF, de l’exposition, ou des deux à la fois, aperçu de profondeur de champ, choix de la zone d’image (FX, DX), balance des blancs, HDR, mode d’image… Les possibilités sont vraiment larges et nul doute qu’elles seront suffisantes pour paramétrer l’ergonomie du boîtier à son bon vouloir.

Excellent capteur plein-format et grande couverture AF

Le Nikon Z6 est animé par un capteur 24×36 BSI-CMOS de 24.5MP, une résolution suffisante pour contenter une grande partie des photographes en dehors de quelques disciplines précises : grands tirages d’architecture et paysage, mais aussi photographie de produit où son manque de crop exploitable lui portera défaut. Il n’en reste que pour la quasi-totalité des photographes il est complètement inutile d’avoir une résolution supérieure (on le voit d’ailleurs sur les reflex pro Canon et Nikon qui culmine autour des 20MP…) : il est très rare d’imprimer en ultra grand-format et les crops sauvages ne sont utiles que dans quelques cas bien précis.
Le capteur est équipé d’un filtre passe-bas, nécessaire au vu de la résolution. Ce filtre empêche la formation de moiré (aliasing) sur les textures répétitives comme les textiles ou autres grillages, en contrepartie il adoucit légèrement les images, ce qui nécessite un peu de netteté en plus en post-production pour retrouver le piqué perdu.

Le capteur est efficace en basse-lumière avec une sensibilité ISO exploitable sans problème jusqu’à 12.800, et avec un peu de boulot pour usage web en 25.600.

Ce centre névralgique est épaulé par un système autofocus équipé de 273 points à détection de phase qui couvre 90% du champ de vision ! Un très bon point face aux reflex à la couverture AF souvent bien plus étroite, même sur des modèles à plusieurs milliers d’euros. La cadence de prise de vue continue impressionne avec pas moins de 12 images/seconde possibles. Cette rafale s’avère plus soutenue que celle du Z7, qui doit s’incliner à 9 ips, ralenti par sa résolution de 45.7MP. Néanmoins, la quasi-totalité des caractéristiques sont identiques entre les deux boîtiers, le Z7 ne se démarquant que par un mode vidéo un peu moins bon, et un capteur bien plus détaillé qui plus est dépourvu de filtre passe-bas pour des détails fins conservés au maximum.

Nikon Z6 10 - Vintage

Nikon Z6 / Nikkor 24-70 f/4 S – image modifiée sous Lightroom

Le capteur du Nikon Z6 s’avère excellent, au coude-à-coude avec les Sony et bien devant le capteur du concurrent Canon : l’EOS R. La plage dynamique est très large avec plus de 14 stops enregistrés à la sensibilité ISO la plus basse. De quoi triturer les fichiers RAW dans tous les sens pour tirer la quintessence du capteur en post-prod’.
De plus l’exposition est impressionnante de justesse, la mesure matricielle est très bien implantée et se laisse rarement piéger. On perd le côté légèrement sur-exposé d’un D810 par exemple, les fichiers sont très justes et les JPEG sont utilisables en sortie de boîtier, nécessitant moins de travail de correction.

L’autofocus est très rapide et encore plus précis que celui d’un reflex car dépourvu des décalages inhérents à l’architecture d’un appareil photo à miroir. Au quotidien, la différence de rapidité est imperceptible face à un reflex Nikon pro comme le D810, et la précision supérieure est très appréciable puisque le seul élément pouvant poser problème est la méthode du photographe. Plus besoin de psychoter sur une éventuelle mauvaise calibration du couple optique/capteur…
Un mot également sur l’Eye-AF, qui détecte et fait le point sur l’oeil le plus proche d’un appareil pour la photographie de personne. Une feature inspirée par Sony et qui est extrêmement jouissive à utiliser après des années sur un reflex. C’est bien simple on ne peut plus s’en passer si l’on aime photographier des personnes, la grande couverture AF du Z6 permet de suivre l’oeil sur tout le champ ou presque pour assurer un point parfait transmettant au mieux l’émotion du sujet. Il paraît que le système Sony reste un poil meilleur mais la mouture Nikon reste bluffante à l’usage, une vraie révélation.

Nikon Z6 9 - Vintage

Nikon Z6 / Nikkor 85 1.4G -image modifiée sous Lightroom et Color Efex Pro 4, grain argentique rajouté

Un autofocus qui reste derrière celui des meilleurs reflex

Son principal talon d’Achille se révèlera dans les actions très soutenues, ou l’AF-C doit s’incliner devant les meilleurs reflex comme les D5, D850 et D500. Le Nikon Z6 aurait bien besoin d’un mode « 3D Tracking », qu’on adore tant sur les reflex du constructeur. Cela ne veut pas dire que le Z6 est inutilisable pour de la photo sportive ou animalière, loin de là même, mais un professionnel dépendant du nombre d’images utilisables dans une rafale à haute-vitesse sera plus serein avec un reflex professionnel qui reste pour l’instant l’arme ultime niveau autofocus continu. De plus le blackout entre les images d’une rafale est plus prononcé que sur un reflex pro, rendant plus compliqué le suivi du sujet sur les scènes rapides, un point important pour la course automobile ou la photo animalière par exemple.
On note également que l’autofocus n’est pas le plus sensible en basse-lumière, surtout face aux D750 et D850, et s’inclinant également devant les Sony a7 III et Canon EOS R. Mais un mode basse-lumière permet de s’assurer de la précision du point pour les scènes très sombres, en sacrifiant beaucoup de vitesse au passage ce qui sera embêtant pour des sujets vivants.

Vidéo 4K qualitative

Un mot sur le mode vidéo puisque c’est là aussi un point fort des boîtiers hybrides. Le Z6 ne dément pas à la règle et propose des vidéos oversamplées depuis une captation 6K dans une 4K très détaillée sans avoir à extirper les détails de l’image en post-prod. La qualité maximale est en 4K/30p, on trouve ensuite un mode 1080p qui monte jusqu’à 120fps pour des ralentis très fluides. La stabilisation du capteur s’avère ici très utile puisqu’elle permet de lisser plutôt bien les séquences vidéo.

L’autofocus est également très efficace, un énorme bond en avant quand on connaît les piètres performances des reflex de la marque à ce niveau. L’alliance d’une 4K croustillante de détails, d’une stabilisation efficace et d’un autofocus performant ouvre les portes de la vidéo haute-qualité à tout le monde. Il suffira d’avoir un PC/Mac suffisamment puissant pour monter les rushes par la suite. Le Z6 enterre en tout cas le concurrent Canon EOS R sur le chapitre vidéo, ce dernier accuse en effet un manque de capteur stabilisé ainsi qu’un mode vidéo 4K affublé d’un gros crop inévitable et d’un effet de rolling shutter marqué.
Nikon capitalise ouvertement sur les performances vidéo du Nikon Z6 et a lancé récemment un kit Cinéma pour se lancer dans la vidéo avec les accessoires indispensables comme un enregistreur externe permettant la capture en 10 bits pour plus de latitude en post-production et promettant le support futur du 4K/60p et codec Apple ProRes RAW.

Nikon Z6 12 - Vintage

Nikon Z6 / Nikkor 24-70 f/4 S – image modifée sous Lighroom et Color Efex Pro 4, grain argentique rajouté

Nikon SnapBridge : la bonne surprise !

Le Nikon Z6 prouve aussi la modernisation de Nikon avec une connectivé étendue permettant de relier l’appareil à un smartphone ou tablette via l’application Nikon SnapBridge. Historiquement ces applications ont toujours été très lentes, buggées, énergivores et de manière générale un énorme casse-tête à l’usage.
Excellente surprise avec le Z6 puisque l’application permet de manière assez simple la liaison à un appareil externe via les connexion Wi-Fi et Bluetooth afin de transmettre automatiquement les images en arrière-plan entre le Z6 et son téléphone, mais aussi d’ajouter les données GPS récupérées depuis le smartphone aux photos prises par le Nikon. L’appli permet aussi la retransmission de la visée sur l’écran du téléphone, ce qui permet quelques cadrages créatifs ou des clichés on ne peut plus discrets.

Un très bon point connectivité qui permet de faire entrer pour de bon Nikon dans l’ère smartphone et de diffuser très facilement ses clichés sur Instagram et autres réseaux. Une feature essentielle pour un public de plus en plus gâté par l’instantanéité offerte par les smartphones.

Nikon Z6 : un choix mature pour la photographie plein-format

À l’usage, le Nikon Z6 s’avère être un véritable couteau-suisse de la photographie. La résolution est suffisante pour 95% des usages tandis que la légèreté et les dimensions réduites du boîtier permet de le sortir sans trop réfléchir, sans rien sacrifier en qualité d’image face à un gros reflex. L’exposition très juste, le focus ultra-précis, l’obturateur silencieux, le viseur électronique et l’écran orientable permettent de composer des images avec plus de liberté créative et dans des conditions plus variées qu’un reflex, tout en restant plus discret. La stabilisation optique sur cinq axes ouvre la voie à des vitesse d’obturation bien plus basses et ce, avec toutes les optiques accolées au boîtier, contrairement au monde reflex où il faut acquérir des optiques stabilisées plus coûteuses pour profiter de cette liberté.
La batterie s’avère amplement suffisante pour une journée normale, seuls les shooters compulsifs où ceux abusant de la vidéo pourront justifier l’acquisition de batteries supplémentaires.

Nikon Z6 11 - Vintage

Nikon Z6 / Nikkor 24-70 f/4 S – image modifiée sous Lightroom et Silver Efex Pro 2, grain argentique rajouté

Il trouvera seulement ses limites pour des usages bien précis nécessitant un autofocus ultra-réactif ou une résolution très élevée.
En dehors de ces cas de figure, le Z6 transforme l’essai mirrorless Nikon en un coup de maître, j’ai bien eu du mal à m’en défaire après les deux semaines passées à le comparer à mon D810.  D’autant plus que son zoom de kit lui va à merveille, et la relativement faible ouverture de f/4 est compensée par la stabilisation du capteur très efficace permettant d’abaisser les vitesses d’obturation bien plus bas que sur un reflex avec optique non stabilisée. Le 24-70 S f/4 est très piqué dès la pleine ouverture et son faible encombrement en fait un compagnon parfait pour le voyage, appairé avec le Z6 on peut rester équipé toute la journée en oubliant le poids modeste du combo.

La transition, voire la cohabitation, reflex vers hybride Nikon est de plus simple à effectuer grâce à une ergonomie qui reste très familière, des menus toujours aussi plaisants à utiliser, et la possibilité d’utiliser ses optiques en monture F via la bague FTZ. Celle-ci rajoute un peu de longueur à l’ensemble mais permet d’utiliser pleinement ses optiques F sur la monture Z du Z6, ce qui évite d’avoir à revendre ses optiques pour les racheter en monture Z. Et puis profiter de la stabilisation sur mon 24mm f/1.4G s’avère génial pour la photo en basse-lumière, de quoi redonner une seconde vie à certaines optiques.

Un positionnement tarifaire intelligent

Pour enfoncer le clou une bonne fois pour toute, le Nikon Z6 se présente à un tarif vraiment compétitif au vu des capacités puisqu’il est disponible boîtier nu autour des 2.000€ et à 2.500€ en kit avec l’excellent 24-70 f/4, qu’on recommande chaudement vu le surcoût assez raisonnable au vu de la grande qualité et versatilité du zoom.
Dans l’offre en neuf Nikon, on remarque en face le Nikon D750 à 1.500€, qui accuse un peu son âge et dispose de bien moins de features, et le Nikon D850 à 3.000€ qui reste réservé aux professionnels de l’image à la technique impeccable pouvant justifier le poids ainsi que le prix du boîtier, sans compter le gros budget à prévoir pour obtenir des optiques à même d’exploiter l’énorme résolution du capteur.

Nikon Z6 6 - Vintage

Le Nikon Z6 nous semble donc être le meilleur choix actuel pour se lancer dans la photographie plein-format chez Nikon. Un choix corroboré par les choix stratégiques de Nikon, ayant poussé tous ses investissements récents dans le développement d’une gamme optique en monture Z.
Ce n’est pas encore la mort du reflex mais il n’est pas certain de voir un jour des successeurs aux D750 et D850, ces deux boîtiers représentant quelque peu l’apogée du reflex dans leurs catégories respective. Il restera encore les Nikon D5 et autres Canon EOS 1D qui gardent une pertinence certaine pour la photographie sportive et le reportage avec leurs boîtiers indestructibles, leur autonomie gargantuesque et des systèmes autofocus rapides comme l’éclair.

Les réussites :

– Boîtier robuste, bien fini et ergonomique
– Excellente résistance aux intempéries
– Un capteur full-frame dans un boîtier très léger et compact
– Interface Nikon toujours aussi agréable à utiliser
– Nombreuses options de personnalisation pour répondre à toutes les pratiques photo
– Autofocus rapide et précis au quotidien
– L’Eye-AF impressionnant
– Le mode obturateur silencieux complètement inaudible
– La stabilisation du capteur permettant de transfigurer toutes les optiques
– La qualité de l’exposition et des fichiers de manière générale
– Le très grand viseur électronique
– L’écran tactile orientable, lumineux et réactif 
– La compatibilité avec TOUTES les optiques en monture F via la bague FTZ, permettant d’utiliser un nombre énorme d’optiques
– Le mode vidéo très complet avec un rendu 4K bien détaillé
– La rapidité de lecture/écriture de la carte XQD
– Tarif bien étudié

Les opportunités : 

– Un rafraîchissement 60Hz du viseur OLED derrière la concurrence
– L’autofocus continu pas encore au niveau des reflex de la même marque
– Où est le mode 3D Tracking ?? À ajouter d’urgence dans la prochaine itération ou, encore mieux, via mise à jour
– L’autofocus en basse-lumière peut encore être amélioré
– La batterie ne peut pas encaisser une journée entière d’usage intensif, contrairement à un reflex
– Une gamme optique en monture Z encore limitée, même si Nikon prévoit de nombreuses nouveautés dans les mois et années à venir

Notre verdict :

Globalement, le Nikon Z6 est donc un excellent boîtier hybride, qui plus est positionné à un tarif pertinent. Il marque une nouvelle page prometteuse dans l’histoire Nikon et confirme la capacité du géant japonais à évoluer. Pour cette raison nous conseillons ce boîtier à ceux démarrant la photographie ou souhaitant passer d’un reflex Nikon à ces appareils nouvelle génération.
Le Nikon Z7 sera quant à lui à choisir pour ceux désirant une qualité d’image superlative, tout en étant prêts à accepter les compromis nécessaires à cette résolution gonflée : rafale moins rapide, mode vidéo moins qualitatif, autonomie un peu inférieure et nécessité de s’équiper avec les meilleures optiques. Le Z7 n’est donc pas fait pour tout le monde, là où le Z6 brille clairement par sa polyvalence qui frappe un très juste milieu.

Crédits photo : Alexis Pillon pour Monsieur Vintage – 2019

2 Commentaires

2 Comments

  1. bain de lumiere

    01/03/2020 at 9h47

    excellent article, vraiment détaillé. Etant photographe professionnel de portrait, je shoote en extérieur à de grandes ouvertures,et avec le d810 et sa faible couverture AF dans le viseur, on a beaucoup de dechets, de mauvaises MAP. Je vais m’équiper d’un Z6 pour la couverture presque intégrale du viseur et le système eye AF . Ce système est vraiment fiable ? L’avez vous testé ? toutes les photos sont nettes ? Merci

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