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Cinéma

Barry Lyndon : le chef-d’œuvre pictural et cruel de Stanley Kubrick diffusé ce soir à 21H00 sur ARTE

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L'acteur Ryan O'Neal interprète Barry Lyndon dans le film de Stanley Kubrick sorti en 1975

Ce soir à 21h00 sur ARTE, les cinéphiles ont rendez-vous avec l’un des joyaux les plus précieux de l’histoire du cinéma : Barry Lyndon, réalisé par Stanley Kubrick en 1975. Film-monument, fresque historique et méditation cruelle sur l’ambition, la beauté et la chute, Barry Lyndon est bien plus qu’une reconstitution du XVIIIe siècle : c’est une œuvre d’art totale.

Une odyssée terrestre signée Kubrick

Après avoir emmené les spectateurs aux confins de l’univers avec 2001, l’Odyssée de l’espace, Kubrick plonge avec Barry Lyndon dans les méandres de l’âme humaine, cette fois sur terre. Adapté librement du roman Les Mémoires de Barry Lyndon de William Makepeace Thackeray, le film suit l’ascension sociale puis la lente déchéance de Redmond Barry, un Irlandais sans fortune, prêt à tout pour gravir les échelons de la société européenne.

Stanley Kubrick, obsessionnel du détail, n’a rien laissé au hasard : décors, costumes, lumières, musique et rythme composent une œuvre d’une beauté plastique inégalée, où chaque plan semble sortir d’une toile de maître.

Une esthétique révolutionnaire

L’un des aspects les plus célèbres du film est son esthétique picturale. Kubrick s’est directement inspiré des peintres du XVIIIe siècle, Gainsborough, Reynolds, Watteau, pour recréer des scènes d’une somptuosité visuelle sidérante. Il fait appel à des objectifs spéciaux développés par la NASA pour filmer à la lumière naturelle ou à la bougie, donnant au film cette texture douce et irréelle qui sublime les visages, les paysages, les étoffes et les décors.

La photographie, signée John Alcott, lui vaudra l’Oscar de la meilleure photographie, et reste aujourd’hui l’une des plus étudiées dans les écoles de cinéma.

Une musique baroque pour un destin tragique

La bande originale, dominée par la Sarabande de Haendel, rythme le récit comme une marche funèbre. Kubrick y mêle également Schubert, Bach ou encore les airs traditionnels irlandais, soulignant les contrastes entre grandeur et vacuité, entre faste et désillusion. La musique devient un personnage à part entière, capable de précéder les événements, de renforcer la tension ou de souligner le ridicule de certaines scènes.

Grâce à sa somptueuse B.O, finement empruntée au répertoire baroque (notamment la Sarabande de Haendel, jouée quatre fois), qui scande les événements et les imprègne : le film joue des décalages, annonce les succès, accompagne les drames et fonctionne comme un leitmotiv pour souligner la destinée tragique du héros.

Un antihéros fascinant

Ryan O’Neal, dans un rôle à contre-emploi, incarne Barry Lyndon, cet homme sans scrupules mais jamais totalement antipathique. Opportuniste, paresseux, brutal, il n’est jamais ni tout à fait méchant ni tout à fait victime : il est le reflet d’une époque où l’apparence vaut plus que la vertu. À ses côtés, Marisa Berenson, troublante Lady Lyndon, incarne avec une grâce mélancolique une femme broyée par le carcan social et les ambitions de son époux.

Une œuvre dure, lente, somptueuse

Si Barry Lyndon déconcerte parfois par son rythme volontairement lent, c’est pour mieux plonger le spectateur dans une contemplation inquiète, où les jeux de pouvoir se mêlent à une ironie glaciale. La voix-off, implacable, annonce les tragédies avant qu’elles ne se produisent, instaurant une forme de fatalisme qui rappelle les tragédies antiques.

Photos du film “Barry Lyndon” – Crédit photos : Hawk Films Ltd©

Un accueil d’abord mitigé… puis la consécration

À sa sortie, le film fut reçu froidement par la critique américaine, jugé trop lent, trop froid. Mais le public européen, lui, fut plus réceptif à cette beauté formelle et à cette peinture sans concession de la société aristocratique. Le temps a ensuite fait son œuvre : aujourd’hui, Barry Lyndon est considéré comme un des sommets du cinéma mondial.

Le film a remporté quatre Oscars en 1976 (photographie, direction artistique, costumes, musique) et figure régulièrement dans les classements des plus grands films de tous les temps.

Un héritage colossal

L’influence de Barry Lyndon est immense. Des réalisateurs comme Paul Thomas Anderson, Sofia Coppola, Yorgos Lanthimos ou Wes Anderson s’en réclament ouvertement. Sa capacité à marier la beauté visuelle extrême à une analyse glaciale des rapports sociaux a ouvert la voie à un autre cinéma, plus contemplatif, plus cruel, plus pictural.

Barry Lyndon n’est pas un film que l’on regarde : c’est un film que l’on traverse. Comme un tableau vivant qui se déploie pendant près de trois heures, il nous invite à contempler la grandeur, la vanité et la chute, et à se perdre dans l’esthétique d’un monde disparu, recréé avec une rigueur et une poésie inégalées.

Rendez-vous ce soir à 21h sur ARTE pour vivre ou revivre ce moment de cinéma unique.

Film de Stanley Kubrick (Royaume-Uni, 1975, 2h57mn, VF/VOSTF) – Scénario : Stanley Kubrick, d’après le roman de William Makepeace Thackeray – Avec : Ryan O’Neal, Marisa Berenson, Patrick Magee, Hardy Kruger, Steven Berkoff, Gay Hamilton – Production : Hawk Films Ltd., Peregrine, Warner Bros. – Version restaurée. Meilleurs décors, photographie, costumes et musique, Oscars 1976.

Crédit photos : Hawk Films Ltd©
Philippe Pillon

Créateur de MonsieurVintage, Philippe est un passionné de belles mécaniques, de voyages et d’objets qui ont une âme. À travers son regard, chaque moto, voiture ou destination raconte une histoire, dans une quête d’authenticité et d’élégance intemporelle.

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