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La violence à l’écran : une banalisation dangereuse au cœur de nos foyers

Il y a des décennies, résoudre une enquête ne nécessitait ni effusion de sang, ni avalanche d’insultes. Il suffisait d’un imperméable froissé, d’un cigare allumé à moitié et d’une intelligence redoutable. Le lieutenant Columbo, personnage culte de la télévision des années 70, captivait sans jamais avoir besoin de pointer une arme ou de proférer la moindre vulgarité. Alors, comment en est-on arrivé à ces torrents de violence crue et gratuite qui inondent aujourd’hui les écrans ?
Une violence omniprésente… et accessible
Qu’il s’agisse de “Balle perdue“, saga française popularisée sur Netflix, de la série “Fast & Furious“, ou encore des films d’Olivier Marchal, ex-policier reconverti en chantre du polar sombre et brutal, la violence est devenue un pilier narratif. Courses-poursuites, règlements de comptes, fusillades, drogue, alcool, tabac, prostituées… ces contenus ne sont plus réservés aux cinéphiles avertis. Ils sont désormais à portée de clic sur les plateformes de streaming, disponibles 24h/24, pour un public parfois très jeune.
Les avertissements “-16 ans” ne suffisent plus dans un monde où le contrôle parental est souvent absent ou contourné. En un clic, un adolescent de 12 ans peut se plonger dans l’univers de “Balle perdue 2”, alignant coups de crosse et explosions comme autant de respirations scénaristiques.
“Psychose” : une violence suggérée, jamais montrée
Des héros bâtis sur la haine et la brutalité
Certains acteurs et réalisateurs semblent avoir bâti leur notoriété sur la violence elle-même. Depuis “La Haine” (1995), Vincent Cassel incarne souvent des figures agressives, colériques, parfois tyranniques. “Irréversible“, film-choc de Gaspar Noé, dans lequel il tient un rôle principal, est l’une des œuvres les plus insoutenables du cinéma français récent, tant par sa violence que par sa crudité. De même, Nicolas Duvauchelle, Benoît Magimel ou Alban Lenoir incarnent régulièrement des hommes cassés, sombres, souvent mus par la haine.
Irréversible : attention scène violente ne pas mettre les enfants devant
À Hollywood, Quentin Tarantino a fait de l’hémoglobine un art. “Kill Bill”, “Django Unchained”, “The Hateful Eight”… tous rivalisent de brutalité, dans un esthétisme certes travaillé, mais dont l’impact psychologique sur le public reste une question majeure. Peut-on encore se divertir devant des scènes de tortures ou d’exécutions stylisées ?
À l’inverse, des cinéastes tels que Steven Spielberg ont fait le choix d’une approche intelligente de la violence. Celle-ci n’est pas là pour vendre, mais pour participer à un rehaussement de l’esprit, à l’aventure, à l’évasion et à la recherche de solutions à la brutalité du monde qui nous entoure. C’est flagrant dans les films tels que “Jaws”, la saga “Jurassic Park” ou le sublime “Il faut sauver le soldat Ryan”. En cela, Spielberg est l’enfant digne d’Alfred Hitchcock. “Héritier d’une génération de cinéastes venus de la télévision et réalisateur partiellement autodidacte qui apprendra son métier de réalisateur sur les plateaux de séries telles que “Night gallery” ou “Columbo”, mais également en mettant brillamment en scène des téléfilms dont le plus célèbres restera “Duel” qui bénéficiera d’une sortie en salles en Europe et du grand prix du Festival du film fantastique d’Avoriaz en 1971, Steven Spielberg demeure probablement à ce jour le plus célèbre cinéaste au monde. Il doit bien entendu cette renommée à des succès répétés au box-office depuis maintenant près de cinquante ans mais également à un univers très personnel, fait d’un entrelacs de motifs et de thèmes qui héritent du grand cinéma classique hollywoodien dont l’œuvre de Spielberg opère une étonnante synthèse. Tout le paradoxe du cinéma de Spielberg réside dans sa manière de se confronter à la violence, d’obliger le spectateur à voir et à entendre l’horreur en bâtissant pour lui des places impossibles, gênantes, problématiques face à des situations phobiques ou traumatiques, c’est là son héritage hitchcockien et même fullerien, tout en essayant toujours de tendre du côté de la vie à une époque, la nôtre, où la noirceur pure et dure est trop facilement assimilée à de l’intelligence ou à de la lucidité dans le discours critique.” Ce sont les mots de Gilles Berger dans son étude passionnante et pertinente intitulée “Steven Spielberg ou le cinéma de la double contrainte”, publiée sur le site https://laac-auvergnerhonealpes.org/. La violence de Spielberg n’est jamais gratuite, elle renforce une réalité historique ou sublime l’imaginaire.
Au même titre que Steven Spielberg, la violence de Stanley Kubrick pourtant jugée “insoutenable” à une époque et notamment dans le film “Orange Mécanique”, fait aujourd’hui figure de douce sauvagerie au regard de certaines scènes extraites de films contemporains. Mais là encore, la violence de Kubrick était subtilement utilisée pour dénoncer une brutalité montante, celle des Punks en l’occurrence, en y apportant une solution. Toute la différence réside dans la suggestion et le dosage.
Spielberg et Columbo : une approche en finesse de la violence sans aucune vulgarité
Le contraste saisissant avec le cinéma d’hier
Revenons un instant dans les années 40 à 70. La violence y existait, bien sûr, mais elle était suggérée, cadrée, souvent morale. Alfred Hitchcock, maître du suspense, savait créer la peur sans rien montrer. “Psychose“, chef-d’œuvre du genre, contient une scène mythique de meurtre… sans jamais véritablement montrer la lame pénétrant la chair. Tout reposait sur le hors-champ, sur l’imagination du spectateur. La suggestion, pas la surenchère.
Même les films policiers, comme “Le Samouraï” de Jean-Pierre Melville ou “L’armée des ombres” de Jean-Pierre Melville, misaient davantage sur le silence, la tension, l’ambiguïté morale. On y mourait, mais on ne s’y vautrait pas dans la vulgarité.
Aujourd’hui, à l’inverse, rares sont les films sans “bâtard”, “enculé”, “nique ta mère”, “wesh” ou autres dialogues plus proches d’un caniveau que d’un studio d’écriture. Est-ce là le reflet de notre société ? Ou bien les scénaristes, à court d’idées, se cachent-ils derrière une “réalité” pour justifier leur manque d’imagination ?
Quentin Tarantino : une violence léchée et poussée à l’extrême qui se rapproche d’un cartoon, ou une approche différente de la sauvagerie
“Orange Mécanique” de Stanley Kubrick : autrefois hyper violent, il ne l’est plus aujourd’hui
Une jeunesse à deux visages
Ce qui rend cette tendance d’autant plus préoccupante, c’est le contraste criant avec une autre réalité : celle d’une jeunesse en quête de sens, de bien-être et de dépassement. Les jeunes d’aujourd’hui sont aussi ceux qui pratiquent le sport intensivement, s’initient à la méditation, surveillent leur alimentation, s’engagent pour le climat. Et pourtant, on leur propose comme modèles des antihéros alcoolisés, violents, immoraux.
À force de voir des coups de poing régler les conflits, quel message envoie-t-on ? À force d’associer virilité à violence, marginalité à héroïsme, que construit-on ? Des esprits blasés, désensibilisés, convaincus que la force est la solution la plus rapide, et la plus légitime.
Les réseaux sociaux comme caisse de résonance
Pire encore : la violence du cinéma est amplifiée par les réseaux sociaux, où les scènes cultes, souvent les plus brutales, sont extraites, décontextualisées, partagées en boucle. TikTok, Instagram, YouTube Shorts : autant de relais qui transforment des scènes de meurtre ou de tabassage en “contenus cool”. Là encore, les algorithmes se moquent bien de savoir si l’internaute a 13 ou 30 ans.
La violence mise en avant dans le film “Il faut sauver le soldat Ryan” n’a rien de gratuit. Elle montre l’Histoire et la brutalité de l’homme en cas de guerre
“L’Armée des Ombres” de Jean-Pierre Melville : le réalisateur misait davantage sur le silence, la tension, l’ambiguïté morale. On y mourait, mais on ne s’y vautrait pas dans la vulgarité
Un film qui fait du bien : “Forrest Gump”
Quelle alternative ?
Il est temps de réagir. Pour nous, mais aussi pour nos enfants. Il est essentiel de revaloriser un cinéma intelligent, sensible, porteur de messages humanistes. Des œuvres comme “Forrest Gump“, “Le Cercle des Poètes Disparus“, “Billy Elliot“, “Intouchables“, “Le Discours d’un roi” ou “La vie est belle” nous rappellent que l’émotion peut exister sans brutalité. Que l’intensité dramatique ne dépend pas du nombre de morts à l’écran.
Il ne s’agit pas de censurer, mais de choisir. D’éduquer nos regards, de redonner du crédit à des scénarios solides, à des personnages profonds, à une narration où la complexité humaine supplante la violence gratuite.
Le devoir de réagir
Le cinéma est un miroir. S’il nous montre sans cesse le pire, c’est aussi parce que nous cessons de demander mieux. Il est temps de briser le cycle de l’ultra-violence, de tourner le regard vers des œuvres qui élèvent plutôt que de tirer vers le bas. Redécouvrons Columbo. Offrons Forrest Gump à nos enfants. Rappelons-nous que la beauté, la tendresse, le courage pacifique font aussi d’excellentes histoires. Il suffit d’oser les écrire, les produire… et de faire le choix de les regarder.
Crédit photo : image générée par Intelligence Artificielle - chat GPT 4.0

Créateur de MonsieurVintage, Philippe est un passionné de belles mécaniques, de voyages et d’objets qui ont une âme. À travers son regard, chaque moto, voiture ou destination raconte une histoire, dans une quête d’authenticité et d’élégance intemporelle.
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