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Smartphone chez les jeunes : l’enfer est dans la poche

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Il fut un temps où l’ado planquait sous son lit un vieux journal porno écorné et aux pages collantes, ainsi qu’un walkman à moitié cramé. Aujourd’hui, il y cache un obus nucléaire : son smartphone. Le doudou 2.0, version light mais létale, qui n’explose pas au sens propre, mais pulvérise quand même sommeil, estime de soi et vie sociale. On a troqué le Tamagotchi pour une bombe à fragmentation mentale. Sympa, non ?

Petite rétrospective : quand tout a vrillé

Les premiers téléphones portables étaient moches, chers, et servaient à téléphoner. Incroyable mais vrai. Puis Apple a dégainé l’iPhone en 2007, et le monde a basculé. On a glissé du Nokia 3310 à l’objet fétiche, sacré, totémique : le smartphone. Le truc qui fait tout, sauf le café et qui, surtout, nous transforme en zombies à écran.

Chez les jeunes, c’est devenu le Saint Graal. Pas de téléphone = pas d’existence. Et si t’as pas l’iPhone dernier cri à 12 ans, t’es un has-been prépubère. Tel un daron sans Rolex à 50 ans, ta vie est ratée en somme. La honte. L’évolution ? Un tsunami technologique : photo HD, réseau social intégré, applis de rencontre, GPS, streaming, jeux, filtres, TikTokeries et j’en passe. L’ado n’a plus besoin de bouger. Tout vient à lui. Même l’anxiété.

Quelques chiffres

Une étude réalisée en 2021 par l’Insee fait ressortir quelques chiffres clefs qui démontrent à quel point le monde, et notamment la France, sont devenus des sur-consommateurs en termes de téléphone mobile :

• 94% des jeunes Français de 15 à 29 ans possèdent un smartphone.
• 95% de la population globale Française possèdent un téléphone mobile.
• 77% de la population globale Française possédant un mobile ont un smartphone*.
• 5% de la population Française ne possède ni téléphone mobile, ni téléphone fixe. (Une tranche de la population probablement élevée par des loups et vivant nue dans nos forêts et montagnes).
En 2023, la téléphonie mobile a généré un Chiffre d’Affaires de 1 710 milliards de $ dans le monde.
• En France, ce Chiffre d’Affaires a été de 50,3 milliards d’euros en 2022.

*Précisons qu’un smartphone possède de nombreuses applications avancées, avec appareil photo, caméra, accès internet et écran tactile, alors que le téléphone mobile sert principalement à … téléphoner, tel le Nokia 3310 sorti le 12 octobre 2000, sans écran tactile ni accès à internet.

Un pognon de dingue !

Pour paraphraser Emmanuel Macron (alias Louis-Philippe II, successeur du dernier roi de France) qui, un soir de réunion avec ses conseillers à l’Élysée avait parlé de “Pognon de dingue” en référence à la politique sociale de la France, le téléphone mobile rapporte pour le coup un pognon de dingue, avec le montant hallucinant de 1 710 milliards de $ (source : Statista) pour la seule année 2023.

L’utilisation quotidienne : 4h ? 6h ? 8h ? Allô docteur ?

Selon une étude de Common Sense Media, un ado américain passe en moyenne 7h22 par jour sur son smartphone. Et ce, hors usage scolaire. En France, on frôle les 5h par jour, mais qui croit encore aux chiffres officiels ? Demandez aux parents : l’écran chauffe plus que la console de radiateur.

Des doigts crochus, des yeux cernés, une posture de crevette : la génération Z se digitalise à vue d’œil. Et pendant ce temps, le monde réel ? Meh. Trop lent, trop rugueux, pas assez likable. Sans tomber dans l’éternel “C’était mieux avant”, force est de reconnaître que l’addiction aux smartphones doit nous alerter.

jeune garçon en train de monter un jouet Lego, aidé par son smartphone.

Image intéressante qui réunit 2 époques; la nôtre et celle d’avant, avec la construction d’un Lego. Ici, le smartphone apporte une information intéressante; la notice de montage. Crédit photo : Pixabay

Avantages : oui, il y en a, bordel !

Soyons (un peu) justes. Le smartphone, c’est aussi :

• Un accès instantané à la connaissance (quand on évite les TikTok de coachs crypto ou les vidéos de chats kamikazes),
• Un outil de socialisation, surtout pour les timides chroniques,
• Un GPS quand on est paumé (métaphoriquement ou géographiquement),
• Une caméra et appareil photo HD pour immortaliser l’éphémère.

Bref, entre deux scrolls, il peut (parfois) enrichir.

Mais surtout : les dégâts collatéraux

Ah, là, on rigole moins. Le smartphone, chez les jeunes, c’est aussi :

L’addiction, réelle, profonde, viscérale. Des crises d’angoisse dès qu’il tombe à 10 % de batterie. Syndrome du smartphone fantôme : “j’ai senti une vibration !”. Non, Géraldine. T’as juste plus de nerfs.
Le harcèlement, qui ne s’arrête jamais. Plus de répit. Ni dans la cour de récré, ni dans la chambre. Les bourreaux sont dans la poche.
La comparaison permanente, l’insécurité sociale, les likes comme dopamine. Tu vis pour plaire à des gens que tu ne connais pas. Et tu pleures si tu rates un filtre à la mode.
Des cas de suicides documentés. Des enfants qui n’en pouvaient plus d’être moqués, exposés, traqués.

Un outil ? Oui. Mais un outil peut aussi être un scalpel ou un couteau dans le dos.

Plus fort que “Les dents de la mer

Avec le recul, Steven Spielberg a été un “petit joueur” avec son grand requin blanc qui décimait les plages d’Amity, en 1975. Aujourd’hui, il surpasserait et de loin le nombre d’ados trépassés à cause n’on plus d’un squale, mais d’un simple smartphone, mettant en scène des moments qui pourraient être presque drôles. Imaginez Kevin s’empalant sur le mât d’un voilier alors qu’il voulait prendre le selfie de trop sur le pont de San Francisco… En même temps, il aurait des likes.

Parce que les morts liées à l’utilisation du smartphone, pour les fameux selfies qui immortalisent un moment, un endroit, sont loin d’être une légende. Ainsi et selon une étude publiée dans le Journal of Travel Medicine en 2022, 379 personnes sont mortes entre 2010 et 2022 en vouant faire un selfie au bord d’un précipice ou dans un endroit à risque.
C’est plus que le nombre de morts par attaques de requin, qui lui s’élève à 90 sur la même période.

Psychologues & parents : l’âge de raison n’est plus ce qu’il était

Alors, à quel âge offrir un smartphone ? Les psys s’étranglent en chœur : pas avant 12 ans minimum, voire 14. Mais qui écoute encore les psys ? Les fabricants disent : “À 9 ans, il peut gérer.” Traduction : “À 9 ans, il peut consommer.” Et vu le nombre de parents qui s’extasient béatement devant leur progéniture dès lors que, même en bas âge, leurs marmots utilisent un smartphone. Bientôt, les mioches sauront envoyer un selfie avant de marcher, et tout le monde sera en admiration devant le prodige lors des repas de familles dominicaux.

Une relation nocive

À ce rythme-là, on va droit dans le mur, sans faire de catastrophisme. D’autant que l’intelligence artificielle déboule à pas de géant, autre outil qu’il va falloir apprendre à utiliser et gérer. Selon Ramsay Santé ; “Les jeunes âgés entre 15 et 25 ans déclarent avoir une relation nocive, voire toxique, avec leur téléphone portable : 38% se déclarent addicts et 34% décrivent leur relation comme négative (soit un total de 72% d’avis critiques).” Sans parler des problèmes de sommeil, de dépression et oculaires inhérents à une surutilisation du smartphone.

Autre question : faut-il le retirer la nuit ? Absolument. Mais préparez le casque anti-émeute. Vous allez vivre une mini-révolution bolchévique dans le couloir. Cette privation peut aller loin, souvent trop loin ; crises de nerfs, insomnies, nuits blanches, conflits ados-parents.

Quand les ados pètent les plombs : anthologie

• En Vendée, un gamin a tenté de démonter la serrure de la chambre parentale à la perceuse Black & Decker après confiscation.
• À Lyon, une ado a fait une grève de la faim. Verdict ? Elle a tenu 6 heures. Puis a pleuré sur Insta.
• Un autre, à Marseille, a fait croire à une disparition pour faire paniquer ses parents. Il était dans le garage. À 2 mètres. À pleurer sur Snapchat.
Cocasse ? Oui. Inquiétant ? Aussi.

En conclusion : on fait quoi ?

On continue à filer des mini-ordinateurs à des cerveaux encore en chantier ? On laisse la Silicon Valley éduquer nos mômes ? On confond liberté et laxisme, écran et lien social ? S’il me vient l’idée totalement saugrenue de vous conseiller, à l’insistance de votre pré-ado pour avoir le fameux “précieux”, de lui mettre une bonne tarte ou un bon coup de pied au cul (l’un comme l’autre n’ayant jamais tué personne), et que nous, les “anciens” étions habitués aux torgnoles en tous genres, que ce soit à la maison ou de la part de nos instituteurs, je serai irrémédiablement taxé de facho, de monstre ou que sais-je encore.

Pas avant 12 ans

Évitons par conséquent la violence et, sans mettre un coup de martinet à vos chiards, le conseil à suivre en priorité est de ne pas leur fournir un smartphone avant l’arrivée au collège (soit environ 12 ans). Avant, ce serait beaucoup trop tôt. Suivez donc le conseil des psychologues. Et évitez de tomber dans le panneau qui consiste à se dire : “Oui mais avec un portable, je peux joindre mon gnome quand je veux” …. En lui casant un i phone dans le sac à dos dès l’école élémentaire (CP – CM2). Parce qu’avant, on faisait comment ? Hein !?

Le smartphone est un outil. Ni bon ni mauvais. Ce qui l’est, c’est l’absence de cadre. L’absence de contre-pouvoir. Et notre renoncement collectif à dire non. Il suffit de voir le nombre de gens qui, dans le métro, sont scotchés à leurs écrans. Alors qu’il n’y a pas si longtemps, les romans et magazines en tous genres nous renseignaient aussi bien, voire mieux, qu’aujourd’hui. Certes il n’y avait pas cette rapidité et cette masse d’informations, mais tout cela est-il bien nécessaire ?

Car à force de tout vouloir connecter, on finit par se déconnecter de l’essentiel : le réel.

Crédit photo : Pixabay.
Philippe Pillon

Créateur de MonsieurVintage, Philippe est un passionné de belles mécaniques, de voyages et d’objets qui ont une âme. À travers son regard, chaque moto, voiture ou destination raconte une histoire, dans une quête d’authenticité et d’élégance intemporelle.

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