L’opéra rock “La Révolution Française” : l’étincelle qui a lancé Boublil & Schönberg

- Genèse : quand le rock s’empare de 1789
- De l’album à la scène : Palais des Sports 1973, Mogador 1974
- L’histoire : un amour impossible au cœur de la tourmente
- La musique : rock progressif, chœurs massifs et pulsation pop 70s
- Une distribution culte : Bashung en Robespierre, Schönberg en Louis XVI
- Pistes marquantes : ce qu’il faut réécouter
- Réception et succès
- Impact : avant Starmania, avant Les Misérables
- Discographie essentielle
- Héritage visuel et dramaturgique
- La redécouverte : la renaissance de 2024
- Fiche repère
Genèse : quand le rock s’empare de 1789
En 1973, Alain Boublil (livret) et Claude-Michel Schönberg (musique) conçoivent un projet audacieux : raconter 1789 en langage rock. Pensé d’abord comme double album concept chez Vogue, l’enregistrement cartonne et entraîne une création scénique au Palais des Sports la même année. L’œuvre est volontiers présentée comme le premier opéra rock français, point de départ du tandem qui signera plus tard Les Misérables et Miss Saigon.
De l’album à la scène : Palais des Sports 1973, Mogador 1974
Le spectacle naît au Palais des Sports à l’automne 1973, puis est repris au Théâtre Mogador en 1974. Les archives indiquent environ 45 représentations pour la première série, avant la reprise l’année suivante.
Côté direction, les crédits varient selon les séries : la création parisienne est associée à Michel de Ré et la reprise Mogador à Francis Morane, avec les chorégraphies de Brigitte Lefèvre.
L’histoire : un amour impossible au cœur de la tourmente
Boublil et Jean-Max Rivière tissent une intrigue romanesque au milieu des faits historiques. Charles Gauthier, fils de boutiquier devenu député du Tiers-État, aime Isabelle de Montmorency, jeune aristocrate contrainte de suivre l’exil de la famille royale. La fresque file des États Généraux à la Terreur, mêlant épisodes clés : Bastille, Nuit du 4 août, Déclaration des droits, procès de Louis XVI — et destin des amants que l’Histoire déchire.
La musique : rock progressif, chœurs massifs et pulsation pop 70s
Le score mêle rock progressif, chœurs, orchestrations amples et riffs pop de son temps. Les arrangements sont signés Jean-Claude Petit et Martin Circus, ce dernier apparaissant aussi sur scène en députés du Tiers-État, ce qui ancre la partition dans la culture pop française des seventies. La modernité sonore va jusqu’à jouer le contraste entre la noblesse et le peuple pour marquer les tensions sociales.
Une distribution culte : Bashung en Robespierre, Schönberg en Louis XVI
La distribution réunit des noms devenus mythiques. On y croise Alain Bashung en Robespierre, Gérard Blanc en Danton, Noëlle Cordier en Isabelle, Jean-Pierre Savelli en Charles, Franca di Rienzo en Marie-Antoinette, Gérard Rinaldi en Talleyrand, Les Charlots en prêtres, Martin Circus en députés, Jean Schultheis en Fouquier-Tinville… et Claude-Michel Schönberg lui-même en Louis XVI, fait rarissime dans sa carrière scénique. Parmi les choristes, on note aussi Daniel Balavoine à ses débuts.
Pistes marquantes : ce qu’il faut réécouter
L’album 1973 (puis la version triple LP “noir et or” en 1977) offre une galerie de numéros qui s’écoutent encore d’une traite. Parmi les titres clés :
• “Au petit matin” (Marie-Antoinette) — élégie poignante avant l’échafaud.
• “Que j’aie tort ou que j’aie raison” (Robespierre) — incarnation nerveuse par Bashung.
• “Le Procès de Louis XVI / Exécution” — architecture dramatique implacable.
• “Révolution (final)” — conclusion romanesque de Charles et Isabelle.
Les rééditions mettent en lumière des morceaux ajoutés pour la scène.
Réception et succès
La sortie de l’album agit comme un détonateur médiatique et le passage à la scène s’impose rapidement. Des sources anglophones rappellent combien l’entreprise fut un “hit” immédiat en 1973, portée par un sujet national traité avec la grammaire pop internationale née de Tommy ou Jesus Christ Superstar.
Impact : avant Starmania, avant Les Misérables
La Révolution Française occupe une place charnière dans l’histoire du musical hexagonal :
• Antériorité : souvent citée comme premier opéra rock français mis en scène, elle précède de quelques années Starmania et installe le modèle “album → scène” qui marquera la fin des années 70.
• Tremplin d’auteurs : elle scelle la collaboration Boublil & Schönberg, qui mènera à Les Misérables (concept-album 1980, West End 1985) et replacera la France sur la carte mondiale de la comédie musicale.
• Passerelle d’artistes : la présence d’Alain Bashung et les débuts discrets de Daniel Balavoine illustrent l’osmose entre variété, rock et théâtre musical propre aux seventies.
Discographie essentielle
• 1973 : Double LP original chez Vogue, avec livret 16 pages dont BD de Bernard Monie.
• 1977 : Triple LP “noir et or”, version scénique étoffée.
• 1989 : réédition à l’occasion du bicentenaire.
Héritage visuel et dramaturgique
Sur scène, la Révolution est recontextualisée avec des clins d’œil contemporains, costumes et codes pop, pour un regard 70s sur l’Ancien Régime. Cette esthétique — alliage d’images historiques et de sonorités progressives — a durablement influencé la façon d’“actualiser” l’Histoire au théâtre musical, bien avant les parallèles que l’on établira plus tard avec Hamilton.
La redécouverte : la renaissance de 2024
Cinquante ans après, le spectacle renaît au Théâtre Le 13e Art (Paris) au printemps 2024, dans une version intégrale portée par Ned Grujic à la mise en scène et Raphaël Sanchez à la direction musicale, avec 25 interprètes. Cette reprise remet en lumière un jalon fondateur du musical français.
Fiche repère
Titre : La Révolution Française
Création : 1973, album Vogue puis Palais des Sports; reprise Théâtre Mogador en 1974
Auteurs : Livret Alain Boublil et Jean-Max Rivière; Musique Claude-Michel Schönberg et Raymond Jeannot; Arrangements Jean-Claude Petit et Martin Circus
Distribution marquante : Schönberg (Louis XVI), Bashung (Robespierre), Cordier (Isabelle), Savelli (Charles), di Rienzo (Marie-Antoinette), Blanc (Danton), Rinaldi (Talleyrand), Les Charlots, Martin Circus; chœurs avec Daniel Balavoine.
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Bonjour, Permettez moi une petite rectification de votre article. En effet Greg Lynn est PDG de Piaggio Fast Forward, une…