Le jean, un vêtement rebelle ?

Lors de la deuxième moitié du XIXe siècle, l’allemand Levi Strauss part s’installer sur la côte Ouest américaine avec l’idée de faire fortune dans la ruée vers l’or. Il ouvre une boutique dans laquelle il vend des équipements aux mineurs et aux chercheurs d’or. Un tailleur et collaborateur de Strauss met au point un tissu sur lequel les poches sont cousues à l’aide de rivets. Ce tailleur a besoin d’un homme d’affaires pour l’aider à déposer le brevet, c’est le début des jeans Levi’s. Ils vont ainsi équiper les mineurs de la région et le jean va devenir l’habit iconique de la working class américaine. Il sera symbole de rébellion puis réapproprié par le monde de la mode, on vous parle de la place du jean dans notre société.

Le jean : outil de libération de la femme. Crédit photo Pixabay©

Les années 50, l’après-guerre(s)

Aux États-Unis, le milieu des années 50 symbolise la fin des guerres : la Seconde Guerre Mondiale évidemment mais aussi la guerre de Corée qui concerne encore de nombreux jeunes américains. Il souffle donc outre-Atlantique un besoin de liberté, un besoin de s’affranchir des règles, de se rebeller. Hollywood le sait, le sent et deux films vont porter ce sentiment à l’écran, mis en avant par deux stars : L’Equipée sauvage avec Marlon Brando et La Fureur de vivre avec James Dean. Dans chacun de ces longs métrages, le héros symbolise une jeunesse qui s’émancipe en rejetant les règles et à chaque fois le héros porte un jean. L’impact est considérable sur la jeunesse américaine mais aussi sur le reste du monde, le jean devient un signe de rébellion.

Levi Strauss en 1880. Crédit photo Wikimedia©

Un habit que la mode s’est réappropriée

La mode va très vite se réapproprier le jean, notamment la mode féminine qui va se servir du jean comme un outil de libéralisation de la femme. Le jean permet à la femme de s’habiller comme un homme, si elle le souhaite. Si on retrouve ici en filigrane la notion de rébellion, la mode va très vite en faire un habit comme un autre et le jean va perdre sa connotation. On va le retrouver partout, des podiums aux catalogues. Il va composer la plupart des tenues du citoyen lambda. Il est aujourd’hui dans quasiment toutes les penderies, pourtant, après le cinéma, c’est le monde de la musique qui va lui redonner ce côté rebelle.

Le jean permet à la femme de s’habiller comme un homme. Crédit photo Pixabay©

Le jean, rebelle selon ses formes et la musique

Comme le rappelle le site spécialisé UllaPopken, quand la mode s’est réappropriée le jean, elle l’a aussi réinventé en lui créant de nouvelles formes, du baggy au slim. Le baggy va devenir un code à part entière dans le Hip Hop américain des années 90, notamment sous l’impulsion du rappeur Tupac qui va populariser le baggy taille basse. Le jean slim sera lui l’affaire des punks anglais de la fin des années 70 notamment les Sex Pistols. Ce code sera repris par la nouvelle vague rock des années 2000 et notamment par le groupe new yorkais The Strokes et son leader Julian Casablancas. Dans les deux cas et sous une nouvelle forme, le jean reprend sa connotation rebelle, Thug Life pour le Hip Hop, No Future pour le rock.

Marlon Brando dans « L’Équipée sauvage » en 1953. Crédit photo Flickr©

Le jean a traversé les évolutions de la société. Il a accompagné la working class américaine puis a symbolisé la rébellion d’une génération qui a rejeté les règles imposées. La mode n’a pas manqué de faire de cet habit symbolique un étendard présent partout. Si le jean a perdu en connotation, le monde de la musique lui a redonné des allures rebelles, du rock au Hip Hop.

Philippe Pillon

Fondateur du site MONSIEUR VINTAGE le 14 février 2014, Philippe est issu de la presse écrite automobile : Auto Plus, Sport Auto, Auto Journal, Décision Auto, La Revue Automobile et La Centrale. Il collabore également au magazine EDGAR comme responsable de la rubrique auto/moto.

www.monsieurvintage.com