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Ford Mustang 2019 : que reste-t-il de la légende ?
Notre essai de la Ford Mustang Bullitt le mois dernier l’a confirmé, la pony car de la marque à l’ovale transpire la légende installée par ses aînées. Il a suffi de compter le nombre de pouces levés à notre passage, de têtes tournées et de smartphones dégainés pour s’en convaincre. Une voiture lancée en 1964 sous l’impulsion de Lee Iacocca, directeur général de Ford, qui avait pour ambition de vendre des automobiles plus jeunes et plus excitantes. Cinquante-cinq ans plus tard, que reste-t-il de la légende ? Alors que pour la quatrième année consécutive la Mustang est le sportif coupé le plus vendu au monde (113 066 unités vendues en 2018), Monsieur Vintage revient sur l’héritage conséquent que la Mustang 2019 continue de faire fructifier.
Présentée le 13 avril 1964 à New-York
La première présentation de la Ford Mustang s’est faite à New-York le 13 avril 1964, dans le cadre de l’Exposition Universelle. 130 journalistes étaient réunis sur le stand Ford pour découvrir celle qui, sous l’impulsion de Lee Iacocca, alors directeur général de l’enseigne, allait apparaître enfin aux yeux du grand public.
Lee Iacocca souhaite attirer une clientèle plus jeune avec un produit compacte, plus excitant que la production de l’époque et au tarif contenu. Au début des années 60, Ford n’a pas de modèle capable de concurrencer la Chevrolet Corvair à son catalogue, une voiture compacte ne mesurant que 4,37 mètres.
Objectif : concurrencer la Chevrolet Corvair
Fort de ce constat, Lee Iacocca présente cette lacune à Henry Ford II, petit-fils d’Henry Ford et PDG de l’entreprise que son grand-père avait fondée le 16 juin 1903. Mais l’énorme échec de la marque Edsel lancée par Ford en 1957 et stoppée net en 1960 a couté la bagatelle de 300 millions de dollars à l’entreprise. Henry Ford II donne donc son accord pour mettre en place une étude sur la future Mustang, mais avec un budget réduit au maximum.
Piocher dans les pièces détachées de la Falcon
Pour faire des économies, l’équipe du projet dirigée par Don Frey et Hal Sperlich (le futur créateur du concept de monospace) décide de piocher les pièces de la Mustang dans le stock de la Ford Falcon. À tel point que chez Ford, le projet de la Mustang était baptisé « La Falcon Special ».
Le seul modèle sans logo Ford
L’avion de chasse américain P51 Mustang a donné son nom à la voiture de Ford. Utilisé durant la seconde guerre mondiale, il était fabriqué par la NAA (North American Aviation). Même si vous cherchez bien, vous ne trouverez sur la Mustang aucun logo Ford, c’est d’ailleurs le seul modèle du fabricant qui n’arbore pas le nom de la marque sur sa carrosserie.
Vendue 2 368 dollars
La première Ford Mustang est appelée « 1964 ½ » parce que sa commercialisation tombait au milieu de l’année 1964. D’une cylindrée de 170 cubic inches (mesure américaine de la cylindrée) soit 2781 cm3 en entrée de gamme, le modèle de base était vendu 2 368 dollars.
Un prix attractif pour attirer la jeunesse américaine. Lee Iacocca déclarait au lancement de la Mustang : « Son secret réside dans sa remarquable polyvalence. Pour un prix modique, la Mustang est une voiture compacte et économique de la qualité d’une Ford, mais avec le chic d’une voiture européenne aussi stylée, tout en ėtant vendue à un prix beaucoup plus élevé ».
2 motorisations : 6 et 8 cylindres
La première Ford Mustang coupé 1964 était équipée de deux motorisations. Un « petit » moteur 6 cylindres en ligne, avec 2 soupapes par cylindre (cylindrée : 2781 cm3), un simple arbre à cames en tête et un carburateur simple corps. D’une puissance de 101 chevaux, la voiture disposait d’une boîte mécanique à 3 rapports aux roues arrière, de freins à tambour pour l’avant comme pour l’arrière (355 mm), de pneus avant et arrière de 185/75R14 pour un poids de 1173 kg.
La voiture atteignait alors les 145 km/h et négociait le 0 à 100 km/h en 15,5s.
L’autre moteur était un 8 cylindres en V, avec 2 soupapes par cylindre (cylindrée : 4260 cm3 soit 260 ci), un simple arbre à cames en tête et un carburateur simple corps. Mais la puissance passait à 164 chevaux. Même boîte de vitesse que la version 6 cylindres, même système de freinage et mêmes pneumatiques. La voiture accusait un poids de 1307 kg, atteignait le 178 km/h en vitesse de pointe et avalait le 0 à 100 km/h en 10,3s.
Une « petite américaine »
La compacte Mustang de Ford mesure 4,70m en longueur pour 1,73 m de large et une hauteur de 1,30 m. Autant dire une petite voiture en regard des autres modèles de la marque ou de la concurrence ; Chevrolet, Cadillac, Buick et Chrysler.
Démarrage en trombe
La commercialisation de la Ford Mustang débute le 17 avril 1964. 22 000 unités sont vendues en 2 jours et la première cliente à être livrée est Gail Wise, une jeune institutrice de 22 ans qui n’a pas hésité à débourser 3 419 dollars pour un modèle cabriolet « bleu layette ».
Une Mustang pour la vie
« J’ai été habituée aux décapotables » déclara-t-elle à la presse, avant de rajouter : « Mon père avait une Ford 49 décapotable (surnommée « la boîte à chaussures » en raison de ses formes carrées ndlr), nous avons eu également une Ford 57 cabriolet et j’ai pensé que je méritais d’avoir ma décapotable. La Mustang était une voiture sportive, décapotable, c’était la voiture de quelqu’un de jeune, c’était donc parfait ! »
Une voiture jeune et sportive, avec 22 000 commandes engrangées, le pari était gagné pour Lee Iacocca. Gail Wise conserva sa Mustang toute sa vie, jusqu’en 2007, année où Ford décida d’offrir à sa première cliente une restauration complète du véhicule. Un bien joli cadeau.
Succès commercial
La Mustang s’écoule à 1 million d’exemplaires en à peine 2 ans. Un succès du à un design réussi : long capot allongé, arrière court, lignes tendues et flancs creusés, un prix abordable et une élégance « à l’européenne ».
La production de la Ford Mustang montera à 417 000 unités la première année, alors que Lee Iacocca l’avait évaluée à 100 000 véhicules.
Une Mustang au sommet
Moins de deux ans après le lancement de la Mustang, Ford en célèbre le millionième exemplaire vendu. Pour cela, la marque voit les choses en grand et installe une Mustang cabriolet en haut de ce qui est à l’époque, le plus haut gratte-ciel du monde : l’Empire State Building qui culmine à 381 mètres de hauteur.
Le problème, c’est que la voiture n’entre pas dans le grand ascenseur. Les ouvriers de Ford démontent alors pièce par pièce la voiture, puis la remonte au 86e étage, sur la terrasse de l’observatoire panoramique. Une opération qui sera réitérée pour le lancement de la Mustang VI, avec une version cabriolet GT jaune.
Produite depuis 55 ans
Succès incontestable de la marque Ford, la Mustang existe depuis 55 ans, sans avoir connu de pause dans sa production. Une longévité rare que la Golf de Volkswagen n’a pas atteinte, avec ses 45 ans d’ancienneté. Plus d’un demi-siècle durant lequel la Mustang se sera déclinée en 6 générations, de 1964 à 2019, année de sortie de la nouvelle version (la troisième) de la génération 6 lancée en 2014.
À la conquête du Vieux Continent
En janvier 2015 et pour la première fois de son histoire, la Mustang était commercialisée dans les concessions européennes. L’ouverture des commandes s’était faite le 24 mai 2014 à l’occasion de la finale de la Ligue des Champions de l’UEFA qui se tenait à Lisbonne. 500 voitures avaient alors trouvé preneur en seulement 30 secondes, pour 9 300 clients inscrits en précommande ! 250 Mustang cabriolets gris métallisé et 250 coupés rouges. C’était dire l’engouement que suscitait encore la pony car sur le Vieux Contient.
Le coupé sportif le plus vendu au monde
Depuis, la Mustang est devenu et pour la 4ème année consécutive le coupé sportif le plus vendu au monde, avec 113 066 unités écoulées en 2018 dont 75 842 ont été vendues aux États-Unis.
L’Europe conquise par la Mustang
Pour la même année, l’Europe enregistre 10 000 Mustang vendues et toujours pour le Vieux Continent, le nombre de Mustang vendues au 1er trimestre 2019 a atteint 2 300 unités. En tête du palmarès ; l’Allemagne, suivie de l’Angleterre et en 3ème position arrive la France. Une tendance hexagonale baissière en comparaison de 2017, à cause du malus écologique de 10 500 euros.
Depuis son ouverture à l’exportation en 2015, la Mustang s’est vendue à 531 066 unités dans le monde entier et c’est le modèle GT (V8 5.0l) qui se révèle le plus populaire. En Europe, Ford a vendu 35 000 Mustang entre 2015 et mars 2018.
« Le monde entier est en train de tomber amoureux de la Mustang« , a déclaré Erich Merkle, analyste pour Ford. « La Mustang représente le meilleur du rêve américain en matière de design, de performance et de liberté, le tout assorti d’une personnalité irrésistible, quelle que soit la région du monde où vous vivez« .
Ventes par génération de Mustang
Pendant sa longue carrière qui a débuté le 17 avril 1964 et jusqu’à fin mars 2019, la Ford Mustang s’est vendue à 10,5 millions d’exemplaires. Voici un résumé des ventes par génération de Mustang, depuis son lancement à aujourd’hui :
Mustang I : 1964-1973
Longueur : 4m61. Un look totalement réussi avec ses lignes fines et tendues, un long capot et un arrière court, le chic à l’européenne. 2 983 750 unités vendues.
Mustang II : 1974-1978
Longueur : 4m45. Une tenue de route améliorée, plus chère et un design plus « américain ». 1 107 500 unités vendues
Mustang III : 1978-1993
Longueur : 4m56. Une carrosserie toute en angles, un look d’européenne, le cheval au galop disparaît de la calandre pour être remplacé par le logo Ford (qui disparaitra en 1983). 2 614 975 unités vendues
Mustang IV : 1994-2004
Longueur : 4m61. C’est la résurrection du concept original. Ford investit 700 millions de $ dans ce modèle, avec 1330 pièces nouvelles sur 1850. Le cheval revient sur la calandre. Plus longue et plus moderne. 1 604 750 unités vendues.
Mustang V : 2005-2013
Longueur : 4m77. Nouveau look que l’on retrouve aujourd’hui. C’est un retour aux valeurs du modèle initial de 1964. La voiture est plus longue, plus large, plus grosse, plus puissante et la sonorité plus violente. 924 500 unités vendues.
Mustang VI : 2014 à aujourd’hui
Longueur : 4m78. La Mustang se veut plus rageuse, plus sportive, plus moderne et plus imposante. Une nouvelle version arrive en concessions en mai 2018, encore plus puissante. 531 066 unités vendues.
Génération 2019 : qu’a-t-elle gardé de ses aînées ?
La Mustang continue de faire rêver et le résultat de ses ventes en Europe confirme que la légende est intacte. Mais qu’est-ce que le modèle 2019 a conservé de ses aînées ?
Une expérience différente
Pour avoir essayé de nombreux modèles haut de gamme et/ou sportifs, la rédaction de Monsieur Vintage s’accorde à dire que rouler au volant d’une Mustang est une expérience différente. Le capital sympathie est vraiment plus fort en comparaison de celui que véhiculent d’autres modèles pourtant fortement motorisés. L’explication ? L’Amérique. Rouler en Mustang, c’est afficher un V8 made in USA, rappeler les grands espaces, la puissance tranquille, Steve McQueen et les 500 films dans lesquels la pony car a tourné.
Forte de cette image transportée par la Mustang, la marque Ford a décidé de capitaliser dessus en faisant évoluer l’auto aux normes 2019, tout en conservant ses signes du passé :
Le nom
Mustang, un nom qui à lui seul évoque l’Amérique, l’aventure et la puissance. Ford n’a jamais changé l’appellation de sa pony car.
La passion
Les ventes enregistrées en Europe depuis début 2015 confirment le côté passionnel des automobilistes. Une flamme restée intacte depuis 1965, année d’apparition de la première Fastback.
La ligne
Durant sa longue carrière, la Mustang est passé par différents design, pas toujours très réussis. On pense notamment à la 3e génération de 1982 toute en angles qui n’avait plus grand-chose à voir avec le modèle de 1964. Mais depuis la 5e et encore plus avec la 6e génération, l’ADN du modèle originel n’a jamais autant coulé dans les durites de la version 21e siècle. Superposez une Mustang GT 2018 sur un modèle Fastback 1965 et vous trouverez de nombreux points communs aux 2 voitures ; les flancs creusés, les ailes arrière enflées qui remontent, le long capot, l’arrière court qui prolonge un toit glissant, où les ouïes du modèle 65 sont remplacées par une mini-vitre arrière en 2018.
Les feux arrière
Les feux arrière font partie intégrante de la signature Mustang. Trois « I » majuscules placés de part et d’autre du coffre, toujours en place sur la version 2019, comme en 1964. Une signature reprise également sur la Toyota Celica de 1971, copie conforme moins puissante de la Mustang, mais également sur le concept e-Legend de Peugeot qui a créé l’événement lors du dernier Mondial de l’Automobile de Paris, en 2018.
Les touches revival
La nouvelle Ford Mustang reprend certains éléments des anciens modèles, comme le cheval au galop enfermé dans un cercle sur le coffre, des boutons type aviation, les 2 compteurs ronds derrière le volant, le tableau de bord en « 8 aplati » avec ses 2 casquettes, le volant 3 branches et pour la version anniversaire Bullitt 2019 que nous avons essayée, quelques touches qui rappellent la Fastback 1968 du film avec Steve McQueen, comme le levier de vitesse qui dispose d’un pommeau blanc façon bakélite ou la peinture d’origine « Dark Highland Green ».
D’autres détails font référence à la mythique sportive pilotée par Steve McQueen, tels que les encadrements chromés de la calandre et des vitres, tandis que plusieurs badges « Bullitt » ornent l’intérieur et l’extérieur du véhicule. D’autre part, comme sur la Fastback 1968 du film, la version 2019 est exclusivement équipée d’une boîte manuelle à 6 vitesses (4 rapports pour le modèle 1968).
Le 2+2
La Mustang 2018 conserve un point commun avec son aînée des sixties : les 2 petites places à l’arrière qui font d’elle un coupé 2+2, comme l’indiquait le bas des ailes avant sur la Fastback 1965. 2 places arrière pas plus, séparées et réservées à de petits gabarits et séparées au centre.
Le V8
Même si Ford a décidé d’équiper sa Mustang d’un bloc 4 cylindres Ecoboost pour le marché européen, le V8 reste le cœur de la légende. Un bloc gonflé à 450cv en 2018 (contre 421 cv sur les précédents modèles européens) voire même 460 équidés sur la version Bullitt 2019.
Nous avons essayé la Mustang en version 1968 et 2019. Même si la première à la direction incertaine et au freinage improbable louvoie tel un bateau ivre, elle procure des sensations inoubliables, comme le bruit de l’incroyable V8 4,7litres de 210 cv et les accélérations, toujours bien présentes. La version 2019 quant à elle procure le même plaisir, par sa ligne imposante, son V8 passé à 450 cv et qui vous envoie de 0 à 100 km/h en 4,6s.
Celle qui a tourné dans 500 films continue de nous faire son cinéma, comme le légendaire « Bullitt » qui fêtait ses 50 ans l’année dernière. En 2019, la Ford Mustang a conservé l’essentiel de la pony car lancée en 1964 : une gueule, une âme, un prix abordable et surtout : la magie qui opère à chacun de ses passages.
Fondateur du site MONSIEUR VINTAGE le 14 février 2014, Philippe est issu de la presse écrite automobile : Auto Plus, Sport Auto, Auto Journal, Décision Auto, La Revue Automobile et La Centrale. Il collabore également au magazine EDGAR comme responsable de la rubrique auto/moto.
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bwkiki
07/05/2019 at 6h35
25% du prix de la voiture en malus
Roh
13/07/2020 at 5h18
Bonjour, j’ attire votre attention que deux erreurs se sont glissées dans cet historique de la Ford Mustang.
Le moteur 6 cylindres en ligne de 2,8 en 1965 a les soupapes en tête, mais son arbre à cames est latérale.
Quand au moteur V8 son arbre à cames est centrale, parce que il est placé au centre du V.
Ce n’ est qu’à partir de 1996 que le moteur V8 adopte un arbre à cames en tête par bancs, donc deux arbres en tête pour ce moteur.
Par la suite pour le V8 encore plus puissant il y aura deux arbres à cames en tête par bancs, donc quatre arbres cames en tête pour ce moteur.
Cordialement.
Dominique Roh