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Belgica, le dernier film de Felix Van Groeningen : une histoire de famille Rock'n'roll

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Nous avons assisté hier à la projection en avant-première du nouveau film de Felix Van Groeningen : Belgica. Un nouvel opus intéressant du réalisateur d’Alabama Monroe, qui signe là son 5e long métrage. Une incursion dans le monde de la nuit belge, dont tout le monde ne ressort pas indemne.
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« Bienvenue dans votre lieu de perdition favori ! »

Felix Van Groeningen vient de présenter à la Presse son 5e long métrage intitulé Belgica. Réalisateur belge de 38 ans, ce cinéaste a sorti son premier long métrage en 2004 : Steve + Sky. Ont suivi Dagen Zonder Lief en 2007, La merditude des choses en 2009, qui lui vaudra une reconnaissance internationale (sélectionné au Festival de Cannes) puis le superbe Alabama Monroe en 2012, pour lequel il obtient le César du meilleur film étranger et est nominé aux Oscars dans la même catégorie.

Avec Belgica, Felix Van Groeningen nous raconte l’histoire de 2 frères. L’un est plus jeune, petit, gringalet, borgne et s’appelle Jo, l’autre est plus âgé mais pas forcément plus mûr, costaud, grand, sûr de lui et s’appelle Frank. Le premier décide d’ouvrir un bar dans la ville de Gand, localité belge située en région flamande. Le second lui, est associé dans une concession de voitures d’occasion.

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Affiche du film Belgica

Quand il ouvre son bar sur une surface plutôt réduite, Jo transforme sa passion pour la musique en un business nocturne. Son frère Frank vient lui rendre visite et lui propose de l’aider le week-end d’abord, puis s’investit totalement dans l’entreprise en revendant les parts qu’il possède dans sa concession de voitures, pour réinvestir l’argent dans le Belgica, non sans avoir durement négocié avec sa femme qui n’est pas d’accord pour que son mari, père d’un petit garçon qu’il voit peu, dilapide l’argent du couple dans un débit de boisson.

Frank est fonceur, déterminé et apporteur de nouvelles idées, comme celle d’agrandir le Belgica, pour en faire un lieu branché, l’endroit où tout se passe désormais à Gand. Un film inspiré d’une histoire vraie, celle du Charlatan, mythique Café-Concert des années 80/90 à Gand dont le patron était Jo Van Groeningen, le père de Felix Van Groeningen, réalisateur de ce Belgica.

Comme dans le film, Jo Van Groeningen s’associe. Pas avec son frère, mais avec un ami : Jan. Le Charlatan se développe et propose 2 concerts par semaine et devient l’endroit le plus branché de la ville. En raison de problèmes de drogue, le lieu perd de sa superbe et décline. C’est alors que 2 frangins arrivent ; Gerald et Joris, qui rachètent Le Charlatan en 2000.

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Belgica : une histoire familiale et Rock’n’roll

L’établissement se redresse, mais les frères ne s’entendent plus et ne sont plus sur la même longueur d’ondes. Belgica raconte leur histoire, vécue, celle d’un Café-Concert ouvert à tous et où la musique est reine, toujours ouvert à Gand et primé comme le 3e meilleur club de Belgique par Red Bull.

Le film s’ouvre sur un vinyle qui tourne, image vintage et chargée d’une histoire ; celle d’un passionné de musique, Jo, qui se réveille la tête dans le sac avec une copine qui débarque les seins à l’air dans la cuisine. Inquiète de ce qui a pu se dérouler la nuit passée Jo la rassure en lui disant qu’elle était trop bourrée pour que quelque chose se soit passé.

Jo a l’air crevé, l’œil est collé, comme s’il n’arrivait pas à s’ouvrir à cause d’une nuit trop chargée d’alcool et de fatigue, mais en fait, Jo est borgne, on saura pourquoi plus tard dans le film. Un long métrage qui montre quelques ressemblances avec le précédent film de Van Groeningen ; Alabama Monroe. Notamment la musique ; omniprésente, riche et variée, puis cet équilibre délicat entre la joie et la tristesse, le bien et le mal, le jour et la nuit bref, ce qui fait partie de l’ADN du réalisateur.

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« Nous sommes la putain d’Arche de Noé »

Belgica dure 2H07. Il se décompose comme l’inspiration profonde d’un rail de cocaïne. D’abord la montée, on est pêchu, positif et plein de projets avec ce Belgica, dont le texte prolixe du frangin Frank donne des ailes à tous, protagonistes comme le spectateur. Puis arrive la 2e partie du film ; la période « bad », la descente, celle qui fait mal et où rien ne va plus. C’est le réveil, la réalité dure et palpable, l’heure de payer l’addition des conneries nocturnes faites sous alcool et cocaïne (dont une scène de tabassage assez glauque dans une impasse où coups et pisse se mélangent pour mieux dévoiler le côté sombre de la nature humaine).

Frank commence à déconner, le succès, la coke, les filles faciles et l’alcool le font dérailler.

Nous avons particulièrement apprécié le passage habillé de la chanson « J’aime regarder les filles » de Patrick Coutin, passée en intégralité elle donne la tonalité de cet opus, mélange de Rock et de Techno-Pop incroyablement bien concocté par le groupe Soulwax, originaire lui aussi de Gand. Composé des frères David et Stephan Dewale, Soulwax est présent depuis 1995 sur la scène électro-rock européenne. Aussi connu pour ses albums studio que ses remixes incroyables de Daft Punk, Gorillaz, Justice, Muse et bien d’autres encore, le groupe a assuré un maximum dans la conception d’une part des groupes que l’on voit dans Belgica, fabriqués de toutes pièces, et l’élaboration des morceaux mixés à la perfection.

Autre scène qui nous a bien plu : celle de l’inauguration du Belgica, on ne vous en dira pas plus mais soyez attentifs au look de Frank quand vous irez voir le film.

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« Allez un peu de Rock’n’roll ! »

Comme pour Alabama Monroe et même plus, la musique est le cœur même de Belgica. Elle est partout, puissante, ravageuse et mélangée comme le lieu qui l’accueille, avec des guitares saturées, des batteries explosives, des vois Rock dont une superbe à la fin, des cuivres et un son d’enfer ! Pour nous une chose est sûre ; dès que la B.O sort, on fonce l’acheter.

Dans les rôles des deux frères, on trouve Stef Aerts qui incarne Jo, le petit borgne chétif patron du Belgica, puis Tom Vermeir dans les pompes de Frank, l’autre frangin qui s’alimente au succès, à la défonce et au sexe, malgré le fait qu’il soit marié bien entendu. Tom Vermeir qui, dans le civil, est le chanteur et guitariste du groupe de Rock belge A BRAND.

Belgica est un film très Rock’n’roll, fait de passerelles qui vont du rire aux larmes comme sait si bien le faire Felix Van Groeningen. 2H07 de pur bonheur pour qui aime la musique, la défonce et le monde de la nuit, avec cette réflexion à laquelle nous amène le film sur la nature humaine, l’amour, le sexe, les rapports fraternels et la vie en général. La bande son est à tomber et habille parfaitement ce « good and bad trip » tourné en néerlandais, un film « rail de coke » Up-and-down que l’on prend comme une traînée de poudre.

Belgica est aussi un film noir et dépressif, avec des touches positives et une musique énergisante, une réflexion plus profonde qui met en exergue la quintessence de l’homme, capable du meilleur, comme du pire.

Felix Van Groeningen apporte indubitablement un ton nouveau dans le cinéma, il y a chez lui du Rémy Belvaux, un zeste de Tarantino et surtout sa propre signature Rock et plus fouillée qu’on ne le pense de prime abord.

Pour nous, ce Belgica vaut un 18/20. Nous retournerons le voir dès sa sortie dans les salles, prévue le 2 mars 2016.

Belgica – réalisé par Felix Van Groeningen – sortie en salles : 2 mars 2016 – durée : 2H07 – avec Tom Vermeir & Stef Aerts – musique : SOULWAX

3 Commentaires

3 Comments

  1. jp

    29/02/2016 at 17h46

    Hello
    ptit renseignement
    quel est le morceau avec les cuivres dans la bande annonce ?
    Il ne figura pas dans la BO
    Merci d avance

    • Philippe Pillon

      01/03/2016 at 20h27

      Le morceau est interprété par Soulwax et devrait figurer sur la BO JP.

  2. jilo

    08/03/2016 at 13h49

    c’est quoi une BO JP ? BO, je vois bien, mais JP ???

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